« Les robots représentent la quintessence de l’outil à disposition de l’humain »
Expert en robotique industrielle, Exotec fournit aux grands logisticiens du monde entier des solutions flexibles et innovantes pour optimiser l’espace et accroître la performance de leurs entrepôts. Avec un objectif : allier le numérique à la mécanique pour améliorer l’opérationnel. Entretien avec Renaud Heitz, cofondateur et CTO d’Exotec.
Présentez-nous l’activité d’Exotec…
Nous fournissons des solutions robotisées pour les grands logisticiens, les prestataires 3PL (Third-Party Logistics, ndlr), les grands groupes de distribution tels que Gap, Uniqlo, Decathlon, les acteurs du e‑commerce, ou encore, les industriels. Toutes ces entreprises ont pour point commun de posséder des entrepôts dans lesquels elles veulent rendre leurs opérations plus performantes et gagner en flexibilité.
Les commerçants connaissent des effets de pics à absorber lors du lancement de nouvelles collections ou à des moments stratégiques de l’année. L’industrie réclame beaucoup de pièces détachées qui nécessitent la mise en place d’un circuit cross-canal. Le e‑commerce, enfin, demande une logistique de flux croisés.
Pour répondre à tous ces besoins, nous enrichissons et élargissons notre catalogue des produits dont nous améliorons sans cesse la pertinence et la performance. Nous allons également conquérir de nouveaux territoires, notamment en Europe centrale, aux États-Unis, au Japon et en Corée.
Quelles sont les solutions que vous proposez ?
Depuis sa création, Exotec a déployé quelques 8 000 robots dans le monde entier. Notre première innovation a été le Skypod® : une gamme de robots assistants qui aident les opérateurs à préparer les commandes, en apportant les articles directement aux travailleurs de l’entrepôt. Ces robots qui peuvent évoluer en trois dimensions sont dotés d’une capacité à grimper jusqu’à 12 mètres et à naviguer en flotte, de 25 à 450 unités sur un même site. Ils fonctionnent dans des environnements clos et sans présence humaine, réduisant ainsi les risques liés à la circulation des piétons dans l’entrepôt et améliorant considérablement la productivité du site.
Au fur et à mesure des années, nous avons créé tout un écosystème qui permet d’optimiser la performance des entrepôts, depuis les flux amont, d’entrée de marchandises où l’on dépalettise et où l’on a intégré de l’intelligence artificielle et automatisé les inventaires, jusqu’à la sortie, grâce à des process de software.
Nous avons ainsi lancé, il y a deux ans, le logiciel d’entrepôt Deepsky® qui optimise le traitement des commandes à l’intérieur de l’entrepôt. Depuis peu, nous commercialisons Skypath® : un système de convoyage plug-and-play novateur composé de modules préprogrammés destinés à réduire le temps d’installation et de configuration.
Comment s’organise la R&D sur ces produits ?
L’élargissement et le perfectionnement de notre portefeuille de solutions mobilisent beaucoup de technologies. Exotec possède deux sites de recherche et développement basés à Lille et à Lyon et une équipe de près de 200 personnes que nous continuerons à faire grandir. Nous prévoyons de nombreux recrutements dans les deux années à venir, avec plus de 300 postes à pourvoir dans les métiers de l’intelligence artificielle et du software qui utilisent, notamment, les algorithmes pour résoudre les problèmes en temps réel ou la robotique pour le contrôle des machines.
Nous travaillons dans deux directions. La première est de continuer à progresser et à améliorer la performance mécanique et numérique. Cela passe par beaucoup d’algorithmie et d’évolution de nos softwares. Nous appliquons une logique de mutualisation : tous nos clients disposent du même logiciel que nous mettons à jour régulièrement afin qu’ils bénéficient des améliorations. Notre second axe de travail est l’innovation, en continuant à amener à l’intérieur de l’entrepôt de nouvelles technologies.
Sur quoi repose votre stratégie de croissance ?
Nous misons à la fois sur une croissance organique et sur la réalisation de nouveaux partenariats avec des clients clés. Nous travaillons avec onze entreprises intégratrices.
Le secteur du retail, longtemps habitué aux grands entrepôts centralisés mais qui, avec la transformation des magasins et les stratégies cross-canal, s’oriente de plus en plus vers un maillage du territoire et des unités logistiques de plus petite taille, est notre relais de croissance majeur. Après la logistique XXL, située près des ports et des grands axes routiers, les distributeurs s’intéressent désormais aux micro-centres d’exécution (MFC), plus adaptés aux contraintes d’agilité et de temporalité de la logistique urbaine et de la livraison au dernier kilomètre car plus proches des consommateurs finaux. Nous avons une vraie carte à jouer sur ce marché.
L’évolution des modes de consommation et, bien évidemment, l’essor du e‑commerce, ont modifié les pratiques du secteur. Les commerçants distribuent davantage dans une logique de collection courte, impliquant une utilisation plus rationnelle des espaces et une réappropriation de logistique de détail, plus complexe. À cela, s’ajoutent les enjeux RSE et environnementaux qui encouragent le déploiement d’une logistique de proximité. Autant de facteurs qui participent à la croissance du marché et font de nos solutions des outils adaptés à son évolution.
Peut-on imaginer un entrepôt 100 % robotisé ?
Non, la machine ne remplacera jamais complètement l’homme. Les robots représentent la quintessence de l’outil à disposition de l’humain, lui évitant les travaux pénibles et pouvant réaliser, en autonomie, des tâches complexes. Mais il y aura toujours besoin de chefs d’équipes, de planification, d’ordonnancement et de séquencement qui vont choisir l’ordre des priorités de ces opérations, qui vérifieront et réagiront en fonction des actions menées par les machines.
“Nous développons des solutions évolutives dans le temps, avec, pour mot d’ordre,
Nous parlons davantage d’une collaboration intelligente entre les hommes et les robots. La robotique a connu une véritable transition en 2015, passant d’une solution gadget à une option incontournable pour les opérateurs, alliant le numérique et l’opérationnel. Et s’il existe encore des freins à l’automatisation, nous proposons à nos clients des solutions évolutives dans le temps, jamais figées dans des schémas préconçus, avec, pour mot d’ordre, la flexibilité. D’autant que l’arrivée de nouvelles technologies telles que l’intelligence artificielle, autrefois réservées au Cloud et désormais embarquée dans les robots et les smartphones, ouvre le champ des possibles pour de nouvelles fonctionnalités.
Quelles sont les ambitions d’Exotec ?
Elles sont tirées par les attentes et les exigences de nos clients mais également par nos équipes. Notre principal défi est de recruter les bons profils et de faire connaître l’étendue de nos activités auprès des candidats intéressés. Nous avons, tout particulièrement, un enjeu interne de structuration de nos activités en passant d’un ERP à un SAP, afin de bâtir une colonne vertébrale autour de l’IT et du traitement de la donnée.
Toutefois, nos besoins en ressources humaines ne se limitent pas à la R&D ou au numérique : nous recherchons, également, des futurs chefs de projets, des commerciaux, des ingénieurs ou des responsables de la maintenance. Nos métiers ont une dominante technologique et internationale mais conservent une approche très entrepreneuriale et humaine où le collectif est la clé de la réussite de l’entreprise. Bien qu’étant un groupe industriel d’envergure mondiale, Exotec ne compte qu’un millier de salariés et présente de nombreuses opportunités pour les nouveaux entrants.
En bref
Exotec est une entreprise de robotique industrielle qui conçoit des solutions robotisées “goods-to-person” pour les entrepôts des plus grandes marques du monde. L’entreprise combine le meilleur du hardware et du software pour offrir des systèmes flexibles qui améliorent l’efficacité opérationnelle, la résilience et les conditions de travail des opérateurs. Son siège social est implanté à Lille, en France, ses filiales se déploient aux États-Unis (Atlanta), en Allemagne (Munich) et au Japon (Tokyo).