Exploitation du gaz et du pétrole de schiste :
« Nous traitons l’eau de plus de 500 millions d’habitants à travers le globe et de plusieurs milliers de sites industriels » explique Pascal Rémy.
Dans l’extraction pétrolière, les polyacrylamides, en viscosifiant l’eau, accroissent le taux de récupération de pétrole dans les réservoirs existants. Cette technologie, qui ménage l’environnement et dont le coût est inférieur à 15 $ par baril, est en voie de généralisation rapide.
Elle contribue à augmenter la taille des réserves disponibles et permet de réduire la consommation d’eau par baril de pétrole extrait.
« Dans l’exploitation des gaz et pétrole de schiste, notre activité aux USA a été décuplée en quelques années, nos polymères étant utilisés en fracturation hydraulique afin de réduire de plus de 50 % l’énergie nécessaire à l’injection d’eau ».
A l’aune de l’exemple de SNF, la chimie est un secteur d’avenir. Elle est non seulement à la source de la vie mais elle est également à la base de toute l’activité humaine. Elle irrigue ainsi tous les secteurs industriels et se trouve au cœur des enjeux de civilisation de demain.
« Qu’il s’agisse de santé, d’alimentation, de gestion de l’eau, d’optimisation des ressources en hydrocarbure, des énergies nouvelles, d’économie d’énergie dans les transports ou l’habitat, la chimie est à la base de toutes les solutions ».
Les gaz de schiste : arbitres du développement économique de la planète
Avec un prix du gaz divisé par plus de trois en quelques années, les Etats-Unis sont en train d’acquérir un avantage compétitif massif sur l’Europe. La pétrochimie américaine vit un renouveau que nul n’aurait imaginé, il y a seulement cinq ans. Or, la chimie est une industrie qui irrigue toutes les autres et sa compétitivité accrue va progressivement se diffuser à toute l’économie américaine.
À terme, les emplois créés par ce renouveau industriel américain dépasseront les cinq millions. A contrario, si l’Europe ne réagit pas, c’est toute sa pétrochimie et une partie de son aval industriel qui sont menacés. Or, l’Europe possède des réserves de gaz et de pétrole de schiste, très importantes.
À ce jour, les principaux pays d’Europe ont tous décidé d’apprécier le potentiel de leur réserve : l’Allemagne, la Pologne, le Danemark, même le Royaume-Uni vient de se lancer franchement.
En France, le débat sur la soi-disant « transition énergétique » ne doit pas occulter un point essentiel : il n’y a pas de croissance durable sans énergie à bas prix.
Une politique énergétique doit se préoccuper avant tout de la sécurité des approvisionnements et de la compétitivité
En France, le débat se focalise sur la réduction des émissions de CO2. Mais les efforts potentiels de la France en la matière ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan des émissions du reste du monde. « Le charbon va devenir l’une des principales sources d’énergie au monde dans 10 ans. L’Europe, l’Espagne, le Royaume Uni et l’Allemagne ont migré massivement vers le charbon. Or, les plus grands pollueurs d’Europe sont les verts allemands qui ont promu des éoliennes dont la production intermittente doit être compensée par le recours massif au charbon » ajoute Pascal Rémy.
Les gaz et pétrole de schiste sont la seule alternative crédible au développement massif du charbon. Les énergies renouvelables sont encore très chères et sont, et resteront intermittentes.
D’après l’administration américaine de l’énergie, à horizon 2020, le coût de l’électricité solaire thermique ou de l’éolien offshore aux USA restera de quatre à cinq fois supérieur à celui de l’électricité issue du gaz, en cycle combiné. Par ailleurs, le gaz a une empreinte carbone de 50 % inférieure au charbon.
L’Allemagne et le Royaume-Uni ne s’y sont pas trompés en autorisant l’exploitation des gaz de schiste, après avoir été tentés par un bannissement.
En France, le débat actuel sur les gaz et pétrole de schiste et sur la fracturation hydraulique est une caricature. « À peu près tous les arguments avancés par les détracteurs sont faux. »
La fracturation hydraulique est une technologie ancienne qui a été mise en oeuvre pour la première fois en 1947. Elle s’est généralisée depuis une dizaine d’années. Or, cette activité a fait l’objet d’un nombre tout à fait réduit de problèmes environnementaux, alors que près d’un million de puits ont été forés depuis plus de 60 ans.
De même, les ressources nécessaires en eau sont modestes, l’eau utilisée est souvent non potable, et après traitement, elle peut être recyclée.
Par ailleurs, l’empreinte territoriale de cette activité est faible puisque les équipements de fracturation sont typiquement utilisés quelques semaines et que les sites peuvent ensuite être rendus à leur état d’origine. Enfin, le nombre de produits chimiques utilisés peut être réduit à quatre, comprenant un réducteur de friction, un gélifiant, un oxydant et un inhibiteur de dépôt. Plus encore, il est tout à fait concevable d’envisager l’utilisation unique d’un réducteur de friction et d’un gélifiant, tous deux non toxiques.
Quant au film Gasland, il confond, à dessein, le méthane thermogénique, issu des profondeurs du sol, et le méthane biogénique présent en surface.
Enfin, il n’y a pas d’alternative crédible à la fracturation hydraulique. Les pistes évoquées en France (recours au gaz, aux explosifs ou à un arc électrique) sont en fait des technologies du passé qui ont été supplantées par la fracturation hydraulique.
Si la France veut redynamiser son industrie, elle doit avoir le courage de lancer de nouveaux grands projets industriels, à l’instar de ce qui a été fait dans les années 1960. L’exploitation du gaz et du pétrole de schiste est une très belle opportunité pour la France, non seulement de réduire ses importations de gaz, mais également de redynamiser son industrie.
C’est en fait toute une filière industrielle qui pourrait émerger : matériels de forage et de fracturation, traitement des eaux, produits chimiques adaptés aux contraintes environnementales, séparation des gaz, filière de raffinage à partir d’une base gaz, développement de nouvelles turbines à gaz individuelles.
La fracturation hydraulique peut se concevoir avec des produits non toxiques
La France est le seul pays qui envisage de bannir toute réflexion sur le sujet. Tout se passe comme si la France avait perdu confiance dans la science et dans le progrès et fermait une à une toutes les portes sur l’avenir : nucléaire, gaz de schiste, OGM, nanotechnologies, cellules souche.
La France est engluée dans un dogmatisme écologique, qui prône la régression économique et l’anti-progrès. Le langage de cette écologie est celui de la peur, de l’interdit et des concepts creux tels l’économie circulaire ou la transition énergétique. La position actuelle de la France est suicidaire mais, heureusement, elle est également intenable car la montée progressive du chômage et la destruction continue d’emplois industriels obligeront le pays à exploiter les gaz et pétrole de schiste.
Il faut juste espérer que cette prise de conscience ne sera pas trop tardive et que la raison finira par l’emporter sur le dogmatisme et l’utopie.