Exploiter les gisements de croissance à court terme, une priorité pour les dirigeants

Dossier : Entreprise et ManagementMagazine N°588 Octobre 2003
Par Georges VIALLE (71)

Les grandes entre­prises ont réa­li­sé une crois­sance orga­nique ané­mique voire néga­tive ces der­nières années *. Croître à court terme devient donc une prio­ri­té. Pour ce faire, il faut être tac­tique, oser le contre intui­tif, cibler un hori­zon de six à dix-huit mois, pri­vi­lé­gier l’actionnable et res­ter ambi­tieux : viser 10 % de crois­sance et non pas 1 %…
Est-ce du mana­ge­ment ou de la stra­té­gie ? Un mélange des deux.
Avec comme objec­tif : “croître ” et amé­lio­rer le cash-flow !

Penser « achats » et « reverse value sourcing »

Il peut paraître para­doxal de citer les « achats » lors­qu’on parle de crois­sance ! Et pour­tant, fin 2002 deux grands clients de notre cabi­net ont uti­li­sé les achats comme socle de leur pro­gramme de crois­sance. Meilleure contrac­tua­li­sa­tion avec les four­nis­seurs, gains achats réa­li­sés de 2 et 10 % de leur CA réin­ves­tis pour moi­tié dans des actions com­mer­ciales ont per­mis de déga­ger plus de 5 % de crois­sance sup­plé­men­taire en trois mois. Autre méthode : le « reverse value sour­cing » ou com­ment anti­ci­per la démarche achats de ses clients pour leur appor­ter une valeur véri­ta­ble­ment dif­fé­ren­ciante. Si la rela­tion vendeur/acheteur demeure, elle s’en trouve enri­chie. Chez un de nos clients, qua­torze actions « win-win » ont per­mis d’i­den­ti­fier un gain par­ta­gé de 25 M€ dès la pre­mière année.

Introduire de la « science » dans le marketing et le commercial

Les méthodes de sui­vi et d’ar­bi­trage des dépenses et inves­tis­se­ments mar­ke­ting et com­mer­ciaux res­tent lar­ge­ment intui­tives. Il existe pour­tant des tech­niques qui com­plètent « l’art » par de la « science ». Elles ont per­mis à cer­tains de nos clients de gagner de 5 à 60 % de CA et de 2 à 20 points de marge sup­plé­men­taires en six à dix-huit mois et ce sans inves­tis­se­ment additionnel.

Le secret de ces méthodes ? L’ob­ser­va­tion, la quan­ti­fi­ca­tion et l’ex­ploi­ta­tion des dif­fé­rences de sen­si­bi­li­té des clients aux baisses et hausses de prix, aux pro­mo­tions et aux actions com­mer­ciales et de communication.

Vous croyez y avoir déjà pen­sé ? Et pour­tant… chez un de nos clients, 60 % des res­pon­sables internes du « pri­cing » se sont trom­pés de plus de 20 % lors­qu’ils ont eu à pré­dire l’im­pact du pro­chain mou­ve­ment de prix ! Et pour cause. Les fac­teurs à consi­dé­rer sont nom­breux. Pour les pro­mo­tions par exemple, il faut certes tenir compte de l’ef­fet volume mais aus­si de la « can­ni­ba­li­sa­tion » des pro­duits com­pa­rables, des effets trans­verses sur la vente d’autres pro­duits ou ser­vices de votre gamme, etc. Ces approches ration­nelles, basées sur l’ob­ser­va­tion, l’ex­pé­ri­men­ta­tion et la modé­li­sa­tion per­mettent, sans chan­ger de stra­té­gie ni de posi­tion­ne­ment, d’ob­te­nir des gains signi­fi­ca­tifs rapi­de­ment et sans inves­tis­se­ment.

Exploiter ses actifs cachés dans l’action commerciale

Toutes les entre­prises dis­posent d’ac­tifs cachés inex­ploi­tés ! L’in­for­ma­tion d’a­bord : CRM, bases de don­nées clients… sont autant d’ou­tils qui dopent la per­for­mance com­mer­ciale s’ils sont intel­li­gibles, prag­ma­tiques et ancrés dans les pra­tiques quo­ti­diennes des com­mer­ciaux. Si sou­vent la majo­ri­té d’entre eux les rejettent, c’est qu’ils n’en com­prennent ni le sens, ni l’in­té­rêt. Pour les convaincre ? Pas de miracle mais de la péda­go­gie et la preuve par l’exemple : choi­sir un péri­mètre pilote et intro­duire les outils dans l’acte de vente. Les com­mer­ciaux essaient et constatent les résul­tats. L’ef­fet d’en­traî­ne­ment garan­tit ensuite le suc­cès de l’opération.

Mais l’ac­tif caché au poten­tiel le plus éle­vé, ce sont bien les hommes et les femmes qui consti­tuent votre force de vente. Leur per­for­mance est hété­ro­gène. Ali­gner l’en­semble des pra­tiques sur les meilleurs per­met un gain impor­tant de reve­nus et de marge. À condi­tion tou­te­fois que les choses se fassent. Car, le plus ardu est bien de « faire ». Il ne suf­fit pas de quan­ti­fier les écarts de per­for­mance pour convaincre d’a­gir autre­ment. Il faut seg­men­ter la force de vente en péri­mètres com­pa­rables, iden­ti­fier les meilleurs et orga­ni­ser des ren­contres. La recette est là aus­si simple et prag­ma­tique : voir, com­prendre, tes­ter, géné­ra­li­ser. Le résul­tat peut être très rapide car un com­mer­cial convain­cu est immé­dia­te­ment géné­ra­teur de reve­nus. Plu­sieurs de nos clients ont ain­si obte­nu 50 % de reve­nus addi­tion­nels en six mois sur le péri­mètre test.

Ain­si, révé­ler, exploi­ter les gise­ments de crois­sance inex­plo­rés relève d’une démarche sys­té­ma­tique : iden­ti­fier les sources de gains, tes­ter, consta­ter, géné­ra­li­ser… et péren­ni­ser. Alors, votre entre­prise devien­dra une véri­table machine à croître à court et à plus long terme.

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* Sur la période 1995–2000 la crois­sance orga­nique annuelle des 200 pre­mières capi­ta­li­sa­tions bour­sières euro­péennes a été néga­tive (-1,2 %) – Étude Mer­cer Mana­ge­ment Consul­ting, novembre 2002.

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