Face aux concurrents étrangers : la cécité des médias français

Dossier : Formations scientifiques : regards sur l’internationalMagazine N°666 Juin/Juillet 2011
Par François Xavier MARTIN (63)

REPÈRES

REPÈRES
Après la fin de la Deuxième Guerre mon­diale, les États-Unis furent le pre­mier pays à orga­ni­ser l’ac­cès d’une frac­tion impor­tante de sa popu­la­tion à l’en­sei­gne­ment supé­rieur. Cette poli­tique leur a per­mis d’ac­qué­rir une posi­tion tout à fait domi­nante, en par­ti­cu­lier dans les domaines scien­ti­fiques et tech­niques. À par­tir de 1980, l’Eu­rope et plu­sieurs pays d’A­sie se sont orga­ni­sés pour rat­tra­per leur retard, et les pour­cen­tages de jeunes obte­nant au moins un diplôme de l’en­sei­gne­ment supé­rieur sont main­te­nant assez voi­sins dans de nom­breux pays déve­lop­pés. Simul­ta­né­ment la désaf­fec­tion des jeunes Amé­ri­cains pour les matières scien­ti­fiques et tech­niques est deve­nue telle que leur jeu­nesse est main­te­nant peu diplô­mée dans ces dis­ci­plines ; en revanche la France est le pays déve­lop­pé qui a le mieux résis­té à cette ten­dance générale.

Les jeunes Amé­ri­cains se dés­in­té­ressent des matières scientifiques

De nom­breux médias fran­çais, des rap­ports de think tanks, des blogs d’u­ni­ver­si­taires et de poli­tiques dif­fusent régu­liè­re­ment des images très néga­tives de la situa­tion quan­ti­ta­tive de l’en­sei­gne­ment supé­rieur de notre pays, en par­ti­cu­lier quand on la com­pare à celle des États-Unis : fai­blesse sup­po­sée de l’ef­fec­tif de diplô­més du supé­rieur, concen­tra­tion exces­sive d’é­tu­diants dans des dis­ci­plines aux débou­chés pro­fes­sion­nels incer­tains, taux impor­tant d’a­ban­don en cours d’é­tudes, for­ma­tion d’un nombre insuf­fi­sant d’in­gé­nieurs et de scien­ti­fiques. Or les com­pa­rai­sons inter­na­tio­nales per­mettent de rela­ti­vi­ser ces affirmations.

Le pour­cen­tage de jeunes Fran­çais diplô­més de l’en­sei­gne­ment supé­rieur (41% selon l’OCDE pour les 25–34 ans) a pra­ti­que­ment rat­tra­pé celui des jeunes Amé­ri­cains (42%) et l’a même dépas­sé au niveau du doc­to­rat et sur­tout du mas­ter, en par­ti­cu­lier dans les matières scientifiques.

Le rattrapage français

Diplômes scien­ti­fiques décer­nés aux étu­diants nationaux
Les diplômes d’in­gé­nieurs (mas­ters of engi­nee­ring) décer­nés annuel­le­ment à des étu­diants natio­naux sont au nombre de 20 000 aux États-Unis (307 mil­lions d’ha­bi­tants) et de 25 000 en France (64 mil­lions d’ha­bi­tants). Les doc­to­rats scien­ti­fiques (PhD scien­ti­fiques) sont res­pec­ti­ve­ment de 13 000 aux États-Unis et de 4 000 envi­ron en France.

Le rap­port 2010 de l’OCDE donne le pour­cen­tage en 2008 de jeunes âgés de 25 à 34 ans qui ont obte­nu un diplôme d’en­sei­gne­ment supé­rieur (page sui­vante). Dans de nom­breux pays (dont les États-Unis et la France) ce pour­cen­tage est voi­sin de 40 %. Le rap­pel des chiffres pour la géné­ra­tion des 55–64 ans (États-Unis : 40%, France : 17 %) montre l’am­pleur du rat­tra­page fran­çais des trente der­nières années (qui dépasse celui de tous les autres pays de l’OCDE, à l’ex­cep­tion de la Corée).

Pour­cen­tage de jeunes ayant obte­nu un diplôme d’en­sei­gne­ment supé­rieur en 2008
Corée Japon États-Unis France Roy.-Uni Alle­magne Moyenne
25–34 ans 58% 55% 42% 41% 38% 24% 35%
55–64 ans 12% 26% 40% 17% 27% 24% 20%
(source : OCDE 2010)

Le tableau ci-des­sous indique le niveau maxi­mum atteint (edu­ca­tio­nal attain­ment) par les Amé­ri­cains âgés de 25 à 29 ans en 2009. Pour obte­nir le nombre total de Bache­lors, il faut bien enten­du ajou­ter au chiffre de la colonne Bache­lor ceux des colonnes suivantes.

Niveau maxi­mum atteint par les Amé­ri­cains en 2009
Popu­la­tion des 25–29 ans (en milliers) Sans diplôme du supérieur Asso­ciate Bache­lor Mas­ter Professional Doc­to­ral
Nombre 21 256 12 894 1 856 4 927 1 258 204 117
% 100% 60,7% 8,7% 23,2% 5,9% 1% 0,6%
(source : Cen­sus Bureau américain)

Des chiffres globaux comparables

Selon la DEPP, par rap­port à la classe d’âge : 66 % des jeunes Fran­çais sont reçus au bac­ca­lau­réat, 54 % entrent dans l’en­sei­gne­ment supé­rieur, 27 % obtiennent un diplôme de niveau au moins égal à la licence, 15% obtiennent un diplôme de DUT ou de BTS sans obte­nir ensuite de diplôme de niveau supé­rieur. En croi­sant diverses sources, on peut éta­blir le tableau ci-des­sous, qui n’in­clut pas les étu­diants venus de l’é­tran­ger pour obte­nir des mas­ters et des doctorats.

Diplômes obte­nus par les classes d’âge récentes
USA France Source USA Source France
- Ayant com­men­cé des études supérieures 60% 54% Cen­sus B DEPP
- Ayant obte­nu au moins un diplôme supérieur 42% 41% OCDE OCDE
- Au moins un diplôme Bache­lor ou licence 31/34% 27% Cen­sus B / NSF DEPP
- Au moins un diplôme de niveau master 13% 16% NSF DEPP
- Ayant obte­nu un doctorat 0,9% 1% NSF DEPP
(sources : Cen­sus Bureau, Natio­nal Science Foun­da­tion, OCDE, DEPP)

À par­tir du niveau mas­ter, nous n’a­vons pas uti­li­sé les sta­tis­tiques du Cen­sus Bureau rela­tives à la tranche d’âge 25–29 ans, car cette limite péna­li­se­rait les USA en rai­son des nom­breux mas­ters tar­difs (dont les MBA) ; d’autre part, pour les deux pays, cette limite est trop basse pour la prise en compte de l’en­semble des doc­to­rats. Nous avons donc repor­té les nombres de mas­ters et de doc­to­rats obte­nus annuel­le­ment qui sont four­nis par la NSF (pour 2006) et la DEPP (pour 2008).

Licence ou Bachelor

D’a­près les sta­tis­tiques de la Natio­nal Science Foun­da­tion sont décer­nés chaque année aux États-Unis envi­ron 1 500 000 diplômes de Bache­lor (dont 50 000 à des étran­gers), ce qui cor­res­pond à 34% de la classe d’âge

Envi­ron un tiers des Amé­ri­cains atteint le niveau Bachelor

Par­mi ces diplômes : 70 000 Bache­lors en engi­nee­ring ; 60 000 en mathé­ma­tiques et infor­ma­tique ; 17 000 en sciences phy­siques ; 95 000 en bio­lo­gie, agro­no­mie et sciences de la terre (un peu plus de 10 000 de ces Bache­lors scien­ti­fiques étant décer­nés à des étrangers).

Les Bache­lors scien­ti­fiques obte­nus par des Amé­ri­cains cor­res­pondent à envi­ron 5,6% de la classe d’âge.

La com­pa­rai­son avec la France est ren­due dif­fi­cile par le fait qu’une grande par­tie du flux annuel d’é­lèves de grandes écoles ne reçoit aucun diplôme lors­qu’elle passe par le niveau licence (le diplôme d’in­gé­nieur ou de com­merce-mana­ge­ment n’é­tant obte­nu qu’à « bac + 5 »). On peut esti­mer qu’en­vi­ron 35 000 Fran­çais obtiennent une licence scien­ti­fique (LMD ou pro­fes­sion­nelle) et 25 000 passent par le niveau licence scien­ti­fique en école d’in­gé­nieurs, ce qui conduit à un total d’en­vi­ron 8% de la classe d’âge.

Master

Les sta­tis­tiques Science&Engineering de la Natio­nal Science Foun­da­tion amé­ri­caine incluent la psy­cho­lo­gie et les sciences sociales qui dans les autres pays sont clas­sées dans les sciences humaines. Dans les com­pa­rai­sons inter­na­tio­nales, les diplômes de ces dis­ci­plines doivent donc être exclus.

De nom­breux ingé­nieurs fran­çais cumulent plu­sieurs diplômes

Le tableau ci-des­sous donne pour cer­tains pays le nombre de diplômes de niveau mas­ter décer­nés annuel­le­ment à des natio­naux et à des étran­gers (qui ont sou­vent fait leurs études jus­qu’au niveau Bache­lor-licence dans leur pays d’origine).

Noter le très faible nombre de jeunes Amé­ri­cains ayant un mas­ter scien­ti­fique (47 000 par an), chiffre à peine supé­rieur à celui des jeunes Fran­çais obte­nant un diplôme du même niveau (43 000 par an pour une popu­la­tion et une classe d’âge cinq fois moins nom­breuses). Les autres États euro­péens et le Japon se situent à des niveaux intermédiaires.

En France, le nombre des mas­ters inclut 29 000 ingé­nieurs dont 25 000 fran­çais. Par pru­dence, nous avons indi­qué un total infé­rieur à la somme des mas­ters uni­ver­si­taires et des diplômes d’in­gé­nieurs, car cer­tains ingé­nieurs obtiennent un mas­ter scien­ti­fique uni­ver­si­taire au cours de leurs études. De même cer­tains ingé­nieurs cumulent deux diplômes d’in­gé­nieurs (cas de nom­breux polytechniciens).

Com­pa­rai­son inter­na­tio­nale des masters
Pays

Popu­la­tion

mil­lions

Mas­ters

par an

Mas­ters scientifiques

maths, phys., chi­mie, ing., bio.

Mas­ters scientifiques

par mil­lion d’habitants

États-Unis 307 600 000 73 000 dont 47 000 Américains 238 dont 154 Américains
Alle­magne 82 140 000 35 000 427
France 64 140 000 51 000 dont 43 000 Français 707 dont 680 Français
Royaume-Uni 61 141 000 36 000 590
Chine 1339 327 000 150 000 112
Inde 1157 ? 125 à 250 000 (?) 108 à 216 (?)
Japon 127 74 000 38 000 299

Doctorat – PhD

Les trois pays les plus inno­vants ont des poli­tiques de for­ma­tions doc­to­rales dif­fé­rentes : beau­coup de doc­teurs en Alle­magne, peu au Japon, situa­tion inter­mé­diaire (proche de celle de la France) aux États-Unis.

Comme pour les mas­ters scien­ti­fiques, il faut enle­ver, avant toute com­pa­rai­son inter­na­tio­nale, les doc­to­rats en psy­cho­lo­gie et en sciences sociales qui figurent dans les Science& Engi­nee­ring Fields.

Le tableau montre éga­le­ment le faible nombre de jeunes Amé­ri­cains obte­nant un doc­to­rat scien­ti­fique (PhD : 13 200 par an).

À popu­la­tion égale, ce chiffre est infé­rieur au chiffre de doc­teurs scien­ti­fiques fran­çais (esti­mé à un peu plus de 4 000 par an) et sur­tout aux chiffres alle­mand et britannique.

Com­pa­rai­son inter­na­tio­nale des doctorats
Pays

Popu­la­tion

mil­lions

Doc­to­rats

par an

Doc­to­rats scientifiques

maths, phys., chi­mie, ing., bio.

Doc­to­rats scientifiques

par mil­lion d’habitants

États-Unis 307 49 600 25 200 dont 13 200 Américains 82 dont 43 Américains
Alle­magne 82 25 000 13 600 166
France 64 10 700 6 050 dont plus de 4 000 Français 95 dont plus de 60 Français
Royaume-Uni 61 17 600 8 500 139
Chine 1339 111 000 66 000 49
Inde 1157 ? envi­ron 10 000 envi­ron 9
Japon 127 17 400 5 800 46
Com­pa­rai­son internationale
Pour­cen­tage de la classe d’âge ayant obtenu États-Unis France
• Au moins licence-
Bache­lor scientifique
5,6% 8%
• Au moins
Mas­ter scientifique
1,2% 6%
• Doc­to­rat-PhD scientifique 0,3% 0,5%

En sciences et ingé­nie­rie, on note un avan­tage fran­çais par­ti­cu­liè­re­ment mar­qué au niveau du mas­ter. En n’in­cluant pas les étu­diants venus de l’é­tran­ger (essen­tiel­le­ment pour obte­nir des mas­ters et des doc­to­rats) on constate clai­re­ment la désaf­fec­tion des jeunes Amé­ri­cains pour les études scien­ti­fiques et d’in­gé­nie­rie, en par­ti­cu­lier au niveau du mas­ter (fuite des Bache­lors scien­ti­fiques vers les MBA).

Le pour­cen­tage de jeunes Fran­çais diplô­més de l’en­sei­gne­ment supé­rieur (entre 40 et 45%) a enfin rat­tra­pé celui des jeunes Américains
Il l’a même dépas­sé au niveau du doc­to­rat et sur­tout du mas­ter, en par­ti­cu­lier dans les matières scientifiques
En rai­son de la désaf­fec­tion des jeunes Amé­ri­cains, l’en­sei­gne­ment scien­ti­fique amé­ri­cain est deve­nu le plus mal­thu­sien de tous ceux du monde développé

Quelques réussites méconnues

Les consi­dé­ra­tions qui pré­cèdent ne signi­fient pas que le sys­tème d’en­sei­gne­ment supé­rieur fran­çais est exempt de fai­blesses (en par­ti­cu­lier au niveau de la licence). Elles en montrent sim­ple­ment quelques réus­sites méconnues.

Les cham­pions du doc­to­rat sont les Alle­mands, sui­vis des Britanniques

Au terme d’un rat­tra­page qui a duré plu­sieurs décen­nies, cet ensei­gne­ment amène main­te­nant 41 % des jeunes Fran­çais à l’ob­ten­tion d’un diplôme du supé­rieur, ce qui met notre pays à un niveau com­pa­rable à celui des États- Unis (42 %) et des pays d’Eu­rope du Nord (Dane­mark : 43%, Fin­lande : 38%, Suède : 41%, Nor­vège : 46 %). Le taux de mas­ters (16% des jeunes Fran­çais, dont par exemple 100% des ingé­nieurs et bien­tôt 100 % des ensei­gnants) est excep­tion­nel­le­ment élevé.

La France a été jus­qu’à main­te­nant beau­coup moins tou­chée que l’en­semble des autres pays déve­lop­pés par la désaf­fec­tion géné­rale pour les études scien­ti­fiques et tech­niques (à popu­la­tion égale, elle forme actuel­le­ment par­mi ses natio­naux 4,4 fois plus de mas­ters scien­ti­fiques et tech­niques que les États-Unis par­mi les leurs). Plu­sieurs rai­sons à cette situa­tion favo­rable : l’au­ra des grandes écoles d’in­gé­nieurs tra­di­tion­nelles (et en par­ti­cu­lier des meilleures d’entre elles) qui conti­nue à atti­rer de nom­breux jeunes vers la ter­mi­nale S puis les filières scien­ti­fiques ; la volon­té des uni­ver­si­taires de mon­trer qu’ils sont capables de mettre en place des écoles internes d’in­gé­nieurs, des mas­ters et des doc­to­rats concur­ren­tiels pour des débou­chés qui ne se limitent plus à l’en­sei­gne­ment ou à la recherche publique.

Les points que nous venons de mettre en évi­dence sont peu connus, car ils ont tou­jours été éclip­sés par des décla­ra­tions sys­té­ma­ti­que­ment néga­tives sur notre ensei­gne­ment supé­rieur, qu’elles pro­viennent de médias géné­ra­listes ou spé­cia­li­sés, de think tanks, des blogs d’u­ni­ver­si­taires ou de poli­tiques qui ne semblent pas être remon­tés direc­te­ment aux sources d’in­for­ma­tion étrangères.

Deux sou­haits et une mise en garde
Quelle que soit l’i­né­vi­table réforme des années d’é­tudes sui­vant le bac, elle ne doit pas réduire l’at­trac­ti­vi­té glo­bale des études scien­ti­fiques visà- vis des jeunes Fran­çais, car il s’a­git là d’un avan­tage his­to­rique excep­tion­nel (mais fra­gile) dans la concur­rence inter­na­tio­nale qu’il convient abso­lu­ment de préserver.
Les employeurs indus­triels fran­çais et sur­tout les socié­tés dites de » conseil en tech­no­lo­gie » doivent ces­ser de se lamen­ter sur le pré­ten­du mal­thu­sia­nisme des for­ma­tions fran­çaises d’in­gé­nieurs et pro­po­ser à ce type de diplô­més des salaires et des pers­pec­tives de car­rières rédui­sant leur fuite vers d’autres acti­vi­tés ou d’autres pays qui savent se rendre plus attrayants.
L’a­ban­don des études scien­ti­fiques et tech­niques par les jeunes Amé­ri­cains incite déjà les États- Unis à orga­ni­ser à une échelle mas­sive une » impor­ta­tion » de per­son­nel scien­ti­fique, actuel­le­ment sur­tout asia­tique. Le déve­lop­pe­ment rapide de l’A­sie risque de réduire la dis­po­ni­bi­li­té de per­son­nel venant de cette zone, et de faire d’une Europe qui com­bi­ne­rait de façon durable une faible crois­sance et une forte pro­duc­tion de diplô­més un réser­voir idéal de main-d’oeuvre scien­ti­fique qua­li­fiée où pui­ser. Il serait para­doxal que l’im­por­tant inves­tis­se­ment que nous fai­sons actuel­le­ment dans notre ensei­gne­ment supé­rieur trouve là son prin­ci­pal débouché.

BIBLIOGRAPHIE

Repères et réfé­rences sta­tis­tiques (RERS 2010) – Minis­tère de l’É­du­ca­tion natio­nale et Minis­tère de l’En­sei­gne­ment supé­rieur et de la Recherche

Regards sur l’é­du­ca­tion 2010 – OCDE

Sites de la Natio­nal Science Foun­da­tion, du Natio­nal Cen­ter for Edu­ca­tion Sta­tis­tics et du Cen­sus Bureau américain

ILS ONT DIT LA RÉALITÉ
La France n’est pas assez inno­vante parce qu’elle forme beau­coup moins de doc­teurs que les autres pays déve­lop­pés (sous-enten­du : beau­coup moins de doc­teurs scientifiques).

Com­men­taire fré­quent des médias

À popu­la­tion égale, la France forme plus de doc­teurs que les États-Unis. La pro­por­tion de doc­teurs scien­ti­fiques est plus impor­tante en France (55 % contre 50 %). Il n’y a pas de lien auto­ma­tique entre le nombre de doc­teurs et la capa­ci­té à innover.
(En France) le pri­vé n’est pas assez por­té sur l’in­no­va­tion car les diri­geants d’en­tre­prise n’y sont pas for­més, contrai­re­ment aux États-Unis où ils ont tous des PhD.

Ancien ministre

Par­mi les diri­geants des 500 plus grandes socié­tés mon­diales, une seule socié­té amé­ri­caine (sur envi­ron 150) est diri­gée par un PhD scien­ti­fique. (source : banque de don­nées de l’É­cole des Mines, clas­se­ment 2008)
(En France) 37% seule­ment d’une classe d’âge accède à la licence contre 66 % aux États-Unis. La moyenne des pays de l’OCDE s’é­lève à 53%.

Jour­na­liste du Point dans un ouvrage sur l’enseignement

Les trois chiffres sont faux. La moyenne OCDE (rap­port 2010) est de 35% pour un pre­mier diplôme du supé­rieur (au moins bac + 2). La France et les États-Unis se situent res­pec­ti­ve­ment à 41 et 42%.
Les trois cin­quièmes (des jeunes Fran­çais) sont bou­tés hors du sys­tème entre la fin du col­lège et l’ob­ten­tion d’une licence. Plus de six Amé­ri­cains sur dix sortent, eux, diplô­més du supérieur.

Le Monde de l’éducation

Pour les géné­ra­tions récentes, les chiffres OCDE pour la France et les États-Unis sont très voi­sins : 41 à 42 % obtiennent un diplôme du supé­rieur (au moins bac + 2).
Alors que le niveau « bac + 5 » impose sa norme auprès des employeurs, la France ne mas­té­rise qu’une frange étroite de sa jeunesse.

Le Monde de l’éducation

C’est jus­te­ment au niveau du mas­ter (en par­ti­cu­lier scien­ti­fique) que la France a le meilleur posi­tion­ne­ment par rap­port aux autres pays.
La France manque d’in­gé­nieurs. La rai­son la plus pro­fonde tient sans doute à la concep­tion de ce que l’on appelle la for­ma­tion d’in­gé­nieur « à la fran­çaise ». Aux États-Unis, la for­ma­tion des futurs ingé­nieurs peut com­men­cer seule­ment dans l’en­sei­gne­ment supé­rieur, dans les col­lèges. L’ac­cès aux engi­nee­ring schools se fait seule­ment après quatre années d’é­tudes supérieures.

Direc­teur d’Ins­ti­tut d’é­tudes politiques

dans édi­to­rial de Challenges

L’at­trac­ti­vi­té des études d’in­gé­nieur sur les jeunes Amé­ri­cains est très faible. En engi­nee­ring on ne compte que 70 000 Bache­lors amé­ri­cains par an (quatre ans d’é­tudes supé­rieures) dont seuls 20 000 pour­suivent jus­qu’au mas­ter, à com­pa­rer à 25 000 diplômes d’in­gé­nieurs tous bac + 5 pour les jeunes Fran­çais (pour une popu­la­tion 5 fois moins nombreuse).
Nous n’a­vons tou­jours pas démo­cra­ti­sé notre ensei­gne­ment supérieur.

À peine 35 % d’une classe d’âge sort diplô­mée de l’en­sei­gne­ment supé­rieur en France. Plus de 50% est diplô­mée de l’u­ni­ver­si­té aux États-Unis, 80% dans les pays nor­diques, en Corée du sud, au Japon.

Think Tank (Ter­ra Nova)

Les chiffres ont déjà été don­nés ci-des­sus. Pour les géné­ra­tions récentes, les chiffres OCDE pour la France et les États-Unis sont très voi­sins : 41–42% des jeunes géné­ra­tions obtiennent un diplôme du supé­rieur (au moins bac + 2). Les pays nor­diques sont à des niveaux voi­sins. Le chiffre de 80 % ne peut être que la reco­pie d’un hoax.
Notre sys­tème édu­ca­tif, cen­tré sur le lycée, conti­nue à for­mer les emplois d’hier, les contre­maîtres. Il ne forme pas les emplois de demain, les ingé­nieurs, les cadres, les tech­ni­ciens supérieurs.

Think Tank (Ter­ra Nova)

À « bac + 5 », en sciences et ingé­nie­rie, le taux de for­ma­tion des jeunes Fran­çais est l’un des plus éle­vés du monde, si ce n’est le plus éle­vé : 6% de la classe d’âge, soit 4,4 fois le taux américain.
Sans oublier les pro­blèmes impor­tants aux­quels doit faire face notre sys­tème édu­ca­tif. Ce der­nier pro­duit chaque année une élite trop faible com­pa­rée aux autres pays de l’OCDE.

Ins­ti­tut Montaigne

Notre élite de 16% des jeunes géné­ra­tions attei­gnant « bac + 5 « , dont 6% dans les matières scien­ti­fiques se com­pare avan­ta­geu­se­ment à celle de la plu­part des autres pays de l’OCDE, en par­ti­cu­lier les États- Unis (13 % dont 1,2 % en sciences et ingénierie).
Chaque année, des mil­liers de places res­tent libres dans les écoles les plus pres­ti­gieuses comme les Mines, les Ponts ou Polytechnique.

Capi­tal

Sans com­men­taire…

3 Commentaires

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jean-michel rey-robertrépondre
17 juin 2011 à 6 h 36 min

La paille et la poutre
Et si « Face aux concur­rents étran­gers : la céci­té des médias fran­çais » n’a­vait d’é­gale que celle qui pré­side au sys­tème actuel des grandes écoles, dont notam­ment l’X : la seule concur­rence accep­tée est celle des mono­poles, des acti­vi­tés à comp­teurs et la car­rière de « hauts » fonc­tion­naires … le tout sous la ges­tion … de l’an­nuaire des anciens … avec sans doute quelques ser­ments « secrets » autour d’une valo­ri­sa­tion ini­tia­tique d’une coop­ta­tion de haute volée. Est-ce réel­le­ment un modèle à l’é­preuve de tout … notam­ment sous son carac­tère « militaire » ?
Trés cor­dia­le­ment … le chan­ge­ment ne peut venir que de l’in­té­rieur et par l’exemple, les preuves ! pas par les sem­blants et le convenu !

Fan­çois Xavier Martinrépondre
20 juin 2011 à 19 h 15 min

Avis de l’au­teur sur le com­men­taire pré­cé­dent : Hors sujet
Réponse bien sec­taire à un article qui s’in­té­resse uni­que­ment aux per­for­mances quan­ti­ta­tives glo­bales de l’en­sei­gne­ment supé­rieur fran­çais (incluant les uni­ver­si­tés et les grandes écoles, et ne cri­ti­quant ni les unes ni les autres). Je doute que J.M. Robert ait prê­té la moindre atten­tion au conte­nu de l’ar­ticle avant de déver­ser son fiel par un réflexe anti-grandes écoles bien pavlovien.

Jean-Michel Rey-Robertrépondre
12 avril 2013 à 7 h 58 min

ha cette sus­cep­ti­bi­li­té de
ha cette sus­cep­ti­bi­li­té de technicien !! .…
Il est pos­sible de consi­dé­rer qu’il y a des sujets plus impor­tants que le nom­bri­lisme, que les clas­se­ments « mon­diaux » ne valent pas tri­pette, sont pipo­tés par les US et bien d’autres, que nos écoles d’é­lites ( mais aus­si éli­tistes) n’ont pas besoin du juge­ment des autres pour savoir ce qu’elles valent … et mettre à pro­fit un titre raco­leur (pour un article trés savam­ment docu­men­té) pour ten­ter d’at­ti­rer des regards vers des réels pro­blèmes autre­ment plus importants !
Et sans la réso­lu­tion des­quels, les élites n’en seront rapi­de­ment plus … pour en arri­ver à ce qui se passe aujourd’­hui « déjà » … être des contre-exemples qui font l’ac­tua­li­té, sui­vant la règle de pare­to.… qui ira jus­qu’à s’inverser !
Trés cor­dia­le­ment « aussi » .… 

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