Fair Vision : de la Computer Vision au Métavers, l’IA pour tous
Créée en 2019, Fair Vision est un bureau d’études spécialisé en analyse par intelligence artificielle au service du sport. En fournissant des solutions logicielles ainsi que des équipements de captation vidéo autonomes pour connecter les arènes sportives, cette société amène des perspectives passionnantes mêlant données de performance, pédagogie mais aussi partage et plaisir. Entretien avec son Président, Jean-Michel Felderhoff (E17).
Pouvez-vous définir ce que propose Fair Vision ?
Nous concevons des solutions logicielles pour connecter les arènes sportives. Notre force est de concevoir et maîtriser toute la chaîne de valeur : de la captation automatique à la diffusion des images et des datas sur notre plateforme, en passant par le traitement par intelligence artificielle.
Comment procédez-vous ?
Nous détectons les activités humaines sur le terrain, à partir d’un dispositif installé sur le stade. En le connectant, nous le rendons intelligent. Nos algorithmes analysent l’image, recherchent joueurs et ballon, détectent les événements puis produisent du contenu vidéo sous différents formats ainsi que les données de performance (distances, vitesses, nombre de passes…). Ce processus se déroule de manière 100 % automatique, sans la moindre intervention humaine. Nos solutions sont sans fil car alimentées par énergie solaire et elles sont fixes donc permanentes car résistantes à tout. Les vidéos et les datas terminent sur notre application web et mobile qui inclut de nombreuses fonctionnalités.
Nous travaillons en collaboration avec l’INRIA, une référence mondiale dans le domaine de l’IA, et nous avons acquis un très bon niveau d’expertise, notamment sur des sujets comme la Computer Vision.
“En connectant le stade, nous le rendons intelligent. Nos algorithmes traitent l’image et produisent du contenu vidéo ainsi que les données de performance.”
Pas de capteur sur les joueurs, l’image contient déjà la data que nos algorithmes savent extraire. Le grand avantage de ce procédé consistant à connecter une enceinte sportive, c’est que toutes les équipes, de la réserve à l’équipe A, peuvent en bénéficier. Par conséquent, l’offre s’adresse à un spectre beaucoup plus large et le stade est connecté à tout son écosystème (parents, amis, supporters…) via notre application1. Tout le monde a droit au service.
Cet aspect démocratique est important pour vous ?
Absolument. Le vrai exploit est de rendre l’IA accessible à tous. Les équipes Pros sont très médiatisées et leurs performances analysées sous toutes les coutures mais quid des féminines, des jeunes catégories ou des sports à faible visibilité médiatique ? Les centres de formation, les académies et les petites structures ne disposent pas forcément d’outils faisant appel à l’IA. Ils doivent donc se tourner vers des solutions plus accessibles et plus simples à utiliser, ne serait-ce que pour gagner un temps précieux. Un des Pôles Espoir de l’équipe de France, par exemple, travaille avec un de nos systèmes car il répond à leurs besoins précis.
Que proposez-vous concrètement à partir de votre application ?
Nous fournissons par exemple après le match, le résumé automatique de la rencontre avec tous les moments forts sélectionnés automatiquement par nos algorithmes. De plus, les utilisateurs de la plateforme peuvent également générer des clips à volonté afin de les partager via les réseaux sociaux.
Tous ces usages illustrent nos « quatre P » : performance, pédagogie, partage, plaisir. En connectant le terrain non les joueurs, non seulement on s’affranchit de nombreuses barrières techniques et économiques, mais on peut multiplier les cas d’usages dans ces quatre directions. Semi-pros et amateurs peuvent constituer facilement un CV sportif associant les vidéos de leurs exploits avec leurs statistiques en match. Cette fonctionnalité peut aussi tout simplement devenir une « boîte à souvenirs » afin de conserver la mémoire de son parcours sportif, et ce pour toute la vie !
Par ailleurs, il est tout à fait possible que nos solutions, si elles sont utilisées à grande échelle, aient aussi un impact sur l’éthique des joueurs sur un terrain, et sur la gestion de la violence. Il est certain que lorsqu’on se sait filmé, on contrôle davantage son comportement. Les images captées restent !
Quelles sont les évolutions auxquelles vous vous préparez ?
Nous travaillons sur une solution versatile qui fonctionnera pour les entraînements et pour les compétitions tout en pouvant se décliner sur d’autres sports. Dès 2023, nous allons également lancer nos solutions Live Haute Définition. Nous souhaitons développer cet axe dans le cadre de ce que l’on appelle le near broadcast, réseaux parallèles de diffusion pour revoir des événements sportifs, à partir de la plateforme Fair Vision, de la chaîne du club ou pourquoi pas de celles des médias locaux.
En parallèle car on nous le demande, nous développons nos algorithmes afin qu’ils s’adaptent à d’autres sports y compris quand on nous fournit directement les images.
“Pas de capteur sur les sportifs, l’image contient déjà la data que nos algorithmes savent extraire.”
Mais l’avenir pour nous, c’est surtout le métavers. Cet axe de développement offre des perspectives infinies. Nous travaillons donc à la génération d’avatars, de jumeaux numériques. Pour cela, nous avons choisi la plate-forme 3dverse2 pour proposer une expérience unique de visualisation 3D d’événements sportifs sous n’importe quel angle de vue. 3dverse permet aux données produites par Fair Vision, d’être interprétées en mode métavers, c’est-à-dire sur un espace dans lequel les visiteurs, les données capturées et les algorithmes d’IA peuvent échanger en temps réel. Dans le futur, les fans pourront suivre un événement sportif tout en visualisant /analysant le jeu depuis chez eux sur leur mobile, leur tablette, ou mieux encore leur casque AR/VR.
En termes de développement de marché, quelles sont vos perspectives ?
Concernant les différents sports, nous allons là où le marché nous sollicite. C’est d’abord le football, mais nous travaillons aussi sur le handball, le tennis, l’équitation et le rugby. Sur un plan géographique, nous allons ouvrir un bureau aux USA en 2023. Nous étions au CES Las Vegas en janvier, et l’appétence outre atlantique pour nos solutions est nettement supérieure. Le marché global de la SporTech est vraiment gigantesque. Notre expertise est très sollicitée par des acteurs différents, qui ont tous des besoins spécifiques. Face à tous ces défis, avoir la « fair vision » c’est aussi identifier la juste valeur du marché !