Faire entrer le soleil à l’intérieur des locaux
Au milieu de l’année 2010, nous présentons notre idée d’éclairage, en utilisant la lumière du soleil, à un concours de projets étudiants (« be.project »), sans imaginer que trois mois plus tard nous serions lauréats et que l’on nous offrirait 15 000 euros sous condition de poursuivre le projet une année de plus.
“ Sur Excel la vie est belle, en vrai c’est plus compliqué ”
Une fois pris dans l’engrenage, nous arrivons au fameux business plan indispensable à toute start-up technologique. Le nôtre : accès au marché rapide et évident, grosse levée de fonds au démarrage, et le million d’euros de chiffre d’affaires en moins de deux ans.
Trouver un incubateur
En quatrième année, Quentin choisit l’École des ponts et chaussées et Florent l’Imperial College de Londres. Pour autant, le projet n’est pas mis de côté.
Florent assure la communication et les dossiers de candidatures à plusieurs concours. Les concours permettent de confronter le business plan et la stratégie à des jurys compétents. Remporter des prix (comme le prix Gerondeau attribué par Zodiac-Aerospace) aide sur le plan financier et fait gagner en visibilité.
Mais attention, cela peut vite devenir très chronophage et nous aurions parfois mieux fait de nous concentrer sur l’avancement direct du projet.
UN ÉCLAIRAGE ÉCOLOGIQUE
C’est une grande histoire d’amitié qui commence en 2008. Dans la même section lors de notre formation militaire, à Barcelonnette puis à Coëtquidan, nous avons fait nos classes ensemble. De retour sur le campus, nous sommes restés soudés.
C’est en deuxième année que nous réalisons le PSC (Projet scientifique collectif) qui allait donner naissance à Echy. Au sein d’une équipe de cinq, avec Claire Monfront, Clémence Morel et Pierick Monville, les débats pour le choix du sujet étaient intenses : canard robotisé, réseau de transport urbain ont côtoyé une curieuse solution d’éclairage écologique. Ce dernier sujet fut retenu à l’unanimité.
Notre motivation est simple, répondre à ce gaspillage énergétique : l’utilisation d’électricité pour l’éclairage lorsque, dehors, le soleil brille.
Nous intégrons enfin l’Incubateur Descartes de Marne-la-Vallée (université Paris-Est), qui soutient des projets innovants. Pendant ce temps, Quentin travaille sur la technologie Echy au cours des projets de conception de technologie nouvelle.
À la fin de leurs études, forts de ces partenaires (École des ponts et Incubateur Descartes), la start-up Echy est fondée le 24 octobre 2012. Le projet étudiant sorti de l’X est devenu une entreprise. Quentin est président, Florent directeur technique et une nouvelle associée, Stéphanie Le Beuze, issue d’une grande école commerciale, assure le développement commercial et financier.
L’APPORT DES PONTS
« Je me souviens de ma première rencontre avec Quentin, en mai 2010. Sa tête bouillonnait déjà de nombreux projets et sa personnalité attachante et son enthousiasme avaient éveillé mon intérêt. J’ai donc été très heureux de le voir postuler pour sa quatrième année de l’X à la formation que je proposais aux Ponts. Il a su gagner ma confiance et me faire confiance.
Aussi, lorsqu’il m’a demandé de pouvoir faire un projet sur la suite de son Projet scientifique collectif dans l’intention de créer ensuite une start-up, je n’ai pas hésité. C’est un des atouts importants de nos écoles d’ingénieur que de permettre l’adaptation de la formation d’un élève à son projet professionnel. Quentin a su se faire accepter par les équipes du laboratoire et établir des relations franches de collaboration avec les personnels techniques. Au bout du compte, il a présenté une soutenance originale et de grande qualité.
Lorsque la start-up nouvellement créée a eu besoin d’un hébergement, Quentin s’est naturellement tourné vers l’École pour demander son aide. »
Alain Ehrlacher (73), directeur de département à l’École nationale des ponts et chaussées
Le B. A.-BA De l’entreprise innovante
A : Lever des fonds. Pour convaincre, il faut montrer. Pour produire, il faut dépenser de l’argent. Notre mise de départ ? Outre 20 000 euros obtenus via divers concours, nous avions converti une troisième associée : Stéphanie, douze années d’expérience dans la finance, deux créations d’entreprise antérieures, et bénévole dans un club de business angels.
Panneau collecteur.
Stéphanie professionnalise notre travail. Nous gagnons en efficacité, elle pose les bonnes questions et l’équipe s’oriente sur les bonnes priorités. Elle métamorphose le projet. Nous devenons une start-up.
Cette première mise a été suivie d’autres. Fin 2012, une minisubvention pour un dépôt de brevet. Début 2013, une subvention couplée à une augmentation de capital auprès de nos proches (love money). Mi-2013, prêt d’honneur couplé à une augmentation de capital auprès de business angels (BA). Fin 2013, nouvelle subvention un peu plus conséquente.
Mi-2014, levée de fonds de cinq cent mille euros (via BA). Pour 2015, nous espérons une ultime levée permettant enfin d’atteindre l’équilibre.
B : Open innovation. La mode est à l’open innovation. Lorsqu’on a un produit un peu « sexy », on rencontre rapidement bon nombre de chargés de veille technologique. Il ne faut pas négliger ces contacts, ils porteront leurs fruits, plus tard.
Si le facteur chance est très loin d’être négligeable, en cette fin 2012 il a été exceptionnel. Un homme, Gérard Massin, à la tête de la Setec (Société d’études techniques et économiques, groupe d’ingénierie bien connu des étudiants des Ponts) formule une question unique : « De quoi avez-vous besoin ? »
En une heure d’entretien, il est décidé que la filiale Setec International hébergera notre premier pilote, lorsqu’il sera prêt. Tel un phare, cette promesse, parce qu’elle fut fiable à chaque instant, devint le moteur de nos efforts.
Ce principe de mécénat, à notre niveau, nous le suivons à chaque fois qu’un créateur en herbe prend contact avec nous.
Quentin Martin-Laval (gauche) et Florent Longa (droite)