Pierre-Olivier Gourinchas (87), faire rêver, beau destin
C’est un ardent, passionné par les gens et leurs intérêts, intellectuels ou matériels.
Son enfance se déroula à Montpellier. Du côté paternel, sa famille venait de Souillac, dans le Périgord. Quant à sa mère, elle est originaire de Nouméa, en Nouvelle- Calédonie.
Ses parents eurent une grande influence : « Ma mère m’a toujours poussé vers l’excellence. D’une famille modeste, elle était la première à accéder à l’université, mais n’avait pu pousser ses études autant qu’elle le souhaitait. Il était très important pour elle que ses enfants puissent profiter pleinement du système d’enseignement supérieur français. »
UN « POUGNEUR »
Il entra en prépa à Louis-le-Grand. Son professeur de mathématiques supérieures, Jean-Daniel Bloch, l’éblouit : « Tout semblait facile. »
Après son admission à l’X, il fit son service militaire dans les commandos de l’air ; leur localisation à Reims lui permettait de rentrer régulièrement à Paris y retrouver sa petite copine (et maintenant épouse depuis vingt-cinq ans).
Il garde d’excellents souvenirs de l’École. Il lui fallait se prouver à lui-même qu’il y était bien à sa place : « J’ai donc travaillé d’arrache-pied pour avoir le classement nécessaire (pour le corps des Ponts). J’étais un pougneur. »
Dessin : Laurent SIMON
Il ambitionnait en effet de préparer un doctorat en économie. Pourquoi cette branche ? « J’ai toujours été attiré par les sciences sociales. L’économie promettait une formalisation poussée (modèles théoriques, analyses statistiques). »
Son stage de recherche de l’X se fit sous la direction de Patrick Artus, alors directeur des études à la Caisse des dépôts : une pile d’articles de recherche à creuser.
POG s’y plongea, oubliant de dormir, de manger. Il en tira un article, publié dans Économie et Statistique, trouvant cela une aventure fantastique !
GO WEST, YOUNG MAN
Son directeur d’études doctorales, Charles Wyplosz, l’incita à poursuivre sa formation aux États-Unis. Il débarqua donc, en 1992, avec son épouse enceinte de leur premier enfant, à Cambridge, dans le Massachusetts, pour préparer un doctorat au MIT.
En 1996, Stanford l’embaucha, tout juste diplômé, comme assistant professor.
Les Gourinchas découvrirent la Californie avec ivresse, les collines vertes plongeant dans le Pacifique, la Bay Area et son goulet d’entrée, la Golden Gate. Tout cela était merveilleux de fraîcheur, de promesses.
Ils retournèrent cependant vivre cinq ans sur la Côte Est, où Gourinchas avait obtenu un poste d’enseignant à Princeton. Il y acquit sa dilection pour les petites villes universitaires américaines, proches des métropoles.
UNE MAISON ADOSSÉE À LA COLLINE
En 2002, à une réunion du Brookings Institution, tel une Cassandre, il annonça que les emprunts considérables contractés sur les marchés financiers par l’Espagne, la Grèce et l’Irlande feraient problème.
Cette opinion contrastait alors avec un consensus béat ancré dans un optimisme quant à la magie de l’euro. Gourinchas avait vu juste. Par contre, il ne vit pas venir la débâcle de 2008.
Lui et sa femme conservaient la nostalgie de la Côte Ouest. Aussi l’invitation de l’université de Californie à Berkeley, en 2003, fut irrésistible : « C’est multiculturel, vivant, bariolé, incroyablement dynamique. C’est la démonstration qu’un enseignement supérieur public de qualité, avec des moyens, c’est possible, tout en préservant l’enseignement de masse. »
Il affectionne la promenade, juste derrière leur maison, sur Panorama Hill : « C’est un méchant raidillon, bien récompensé par des vues panoramiques sur la baie ».
Ses travaux portent principalement sur la macroéconomie et la finance internationale. Il croit aux « modèles simples qui expliquent bien des phénomènes de premier ordre ».
Il a trouvé à équilibrer, admirablement, la carrière professionnelle et le développement personnel.
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