Faire vivre la mémoire et la fraternité
La première circulaire
La première circulaire
« En vue de répondre au désir explicitement manifesté par beaucoup de nos camarades, un groupe d’anciens élèves s’est chargé d’assurer un souvenir religieux à nos chers défunts, dont le nombre s’élève à environ neuf mille, parmi lesquels on compte par centaines ceux qui ont glorieusement donné leur vie pour la France. Une messe commémorative sera dite à leur intention. Pour la célébration de l’office, il sera fait appel à d’anciens élèves entrés dans les Ordres. » 30 avril 1894
Le premier nom de l’Association fut celui de Mémorial de l’École polytechnique et l’occasion en fut la célébration du centenaire de l’École, en 1894. Un groupe d’élèves souhaita y associer une dimension religieuse et historique en « évoquant les grandes figures du passé, figures de grands serviteurs de la France » tout en honorant religieusement la mémoire des défunts de l’École.
Le Pape envoya une bénédiction télégraphique
Le cardinal de Paris montra son intérêt pour cette initiative en présidant la célébration et le Pape envoya une bénédiction télégraphique. La messe fut célébrée une heure avant les cérémonies officielles du Centenaire. Celles-ci débutèrent par une visite à la tombe de Monge à dix heures. La générosité des camarades et de leurs familles permit d’aider la Caisse de la Société amicale. Les camarades protestants et juifs eurent aussi leur cérémonie.
Cette initiative rencontra un si large écho parmi la communauté polytechnicienne qu’elle fut instituée de manière définitive et qu’un Comité vit le jour. À partir de 1896 fut ajoutée la proclamation de la liste des défunts de l’année.
À travers l’histoire
L’œuvre de la messe
Le souci de rester ouvert aux non-catholiques marque toute l’histoire du Mémorial. À partir de la Grande Guerre, il n’est plus incongru que des élèves ou des militaires assistent à une cérémonie religieuse. En 1921, il est décidé que l’heure de la messe sera fixée à 10h30 pour que les élèves encore à l’École puissent y assister. Le carton d’invitation mentionne la possibilité de faire un don à l’oeuvre et les camarades répondent généreusement. « L’oeuvre de la messe polytechnicienne » se développe. Parfois, la présence d’un groupe d’X musiciens ou choristes embellit la cérémonie.
Dès 1915, la messe est dite plus solennellement, avec une liste particulière des camarades Morts pour la France. Vu l’éparpillement des destinataires, la messe est annoncée dans la grande presse. En 1919, le maréchal Foch accepte la présidence d’honneur de l’oeuvre et lui témoigne son intérêt jusqu’à sa mort, dix ans plus tard. En 1920, il est proposé pour la première fois que « tous les camarades habitant la France soient invités à assister à notre messe annuelle ». Le Mémorial prend de l’ampleur : de parisien, il devient national.
Et de catholique, il devient ouvert aux autres croyants comme aux incroyants : « Le texte de l’allocution ne contien[dra] aucun passage qui soit susceptible de froisser les camarades non catholiques qui pourraient se trouver dans l’assistance.
Perpétuer le souvenir
À compter de 1937, la liste des camarades décédés est établie grâce à l’aide de la Société amicale des anciens élèves de l’École polytechnique.
À la réunion de 1938, le Comité est transformé en « Association déclarée » et établit des statuts. Le Mémorial devient l’Association du Mémorial de l’École polytechnique.
En 1940, la messe est très simple en raison de l’impossibilité d’envoyer invitations et comptes rendus : manque de liaison avec l’imprimeur, dispersion des destinataires, paralysie temporaire du service postal.
En mars 1941, c’est pire, la situation est très délicate en raison de l’Occupation et de l’interdiction générale de réunion : l’assemblée opte pour une célébration discrète insérée dans une messe dominicale, sans envoi personnalisé d’invitation. En 1942, on arrive à envoyer les deux comptes rendus de 1940 et 1941, en y joignant l’invitation pour la messe de mai 1942.
En 1954, il est décidé de lire la liste nécrologique en chaire. À partir de 1958, cette liste est lue par deux élèves et cette tradition s’est perpétuée jusqu’à aujourd’hui.
Deux cérémonies
Une solidarité entre tous
Durant l’après-guerre, il y a un net souci de manifester la solidarité entre tous : on cherche à organiser des célébrations simultanées pour les camarades catholiques, protestants et juifs et, en 1946, l’Association participe à l’érection du Monument aux Morts de l’École polytechnique. Les célébrations gagnent en solennité : la chorale de l’École assure l’animation musicale de la célébration.
Depuis 1978, l’AX organise avant la messe annuelle du Mémorial une cérémonie devant le Monument aux Morts de l’École, rue Descartes. XMémorial prend alors en charge les deux cérémonies et La Jaune et la Rouge publie une annonce des célébrations. Un déjeuner où sont invités les élèves ayant participé à la cérémonie, les aumôniers et le prédicateur devient une tradition appréciée jusqu’à aujourd’hui.
En 1993, on accueille à nouveau à X‑Mémorial des représentants des confessions protestante et israélite. On demande de constituer une liste des camarades motivés ou des veuves de ces confessions.
En 1993, pour la première fois, La Jaune et la Rouge annonce la remise de gerbes ainsi que les célébrations religieuses : le 19 novembre à l’église Saint-Étienne-du-Mont, le 20 novembre au Temple de l’Oratoire du Louvre, le 27 novembre à la synagogue de la rue Chasseloup-Laubat (XVe). Le Bicentenaire arrive : la cérémonie au Monument aux Morts, particulièrement solennelle, réunit tous les camarades et les familles.
La messe, célébrée par le cardinal Lustiger, a réuni plus de 800 personnes et il n’y a eu que des réactions positives au fait de faire des cérémonies pour différentes confessions. Tous les documents publiés par X‑Mémorial à cette occasion ont été transmis au Conservateur de la bibliothèque de l’École. À Saint-Étienne- du-Mont, une plaque est apposée pour faire mémoire du service célébré en 1994, comme il y en a déjà une pour rappeler 1894.
Notre « camarade » Cécile est la fille de l’ingénieur général (GM) Jean Rastouin (52), récemment décédé, et la petite-fille d’Édouard Rastoin (19). Entrée au carmel en 1995 après un doctorat d’astrophysique au Commissariat à l’énergie atomique (CEA), elle est également un auteur reconnu (Édith Stein et le mystère d’Israël, Ad Solem, 1998, Édith Stein enquête sur la Source, Cerf, 2007) et la traductrice d’ouvrages de spiritualité
À l’ère du numérique
En 1996, le Président adresse aux membres du Comité une lettre définissant les actions de commémoration à célébrer dans le cadre d’X‑Mémorial, incluant la cérémonie au Monument aux Morts et des « cérémonies particulières qui pourraient être organisées, dans le cadre d’XMémorial, par des camarades de toute confession qui le souhaiteraient ». Depuis quatre ans, Yves de Dinechin (58), secrétaire général et trésorier de l’Association, est en liaison étroite avec le service informatique de l’AX. Grâce à l’aide de Quoc-Anh Tran (62), X‑Mémorial est présent sur le Web comme groupe X, à l’adresse : www.polytechnique.net/X‑Memorial/
Consécration épiscopale
Luc Ravel (77) nous fait part de sa nomination comme évêque aux Armées. Sa consécration épiscopale aura lieu à Notre-Dame de Paris le dimanche 29 novembre 2009 à 15 heures.