Faut-il craindre l’effet de serre ?
En décembre dernier, l’IPCC, dont le nom anglais (International Panel on Climate Change) contient déjà la conclusion de ses travaux, a annoncé pour le prochain siècle un réchauffement moyen de la Terre de 2 °C et une montée des eaux océaniques de 0,50 m. Que faut-il en penser ?
L’effet de serre (figure 1)
La Terre reçoit en moyenne 340 W/m2 et réfléchit 100 W/m2. S’il n’y avait pas d’atmosphère, 240 W/m2 seraient donc absorbés et réémis en infrarouge. Or, un corps noir émettant 240 W/m2 a une température de – 18 °C. En réalité, la température moyenne à la surface de la Terre est de + 15 °C. Il faut en conclure que 150 W/m2 sont piégés dans l’atmosphère composée de nuages, de vapeur d’eau, d’aérosols et de gaz en traces. L’effet de serre naturel, qui produit un réchauffement de 33 °C, est donc bénéfique. Les émissions dues aux activités humaines sont-elles susceptibles de provoquer un emballement de l’effet de serre ? Autrement dit, l’effet de serre anthropique existe-t-il ?
Le modèle de la figure 1 est beaucoup trop simple. Le climat dépend de très nombreux facteurs, parmi lesquels on peut citer :
- facteurs astronomiques de l’insolation,
– effets des différents gaz à effet de serre,
– interactions entre ces gaz,
– dissolution du gaz carbonique dans l’océan,
– cycle du carbone,
– courants marins et effets de la salinité et du vent,
– évaporation des mers et effets de la vapeur d’eau,
– formation des nuages et leurs effets, – courants atmosphériques,
– effets de la biosphère végétale et animale, terrestre et marine,
– interactions entre tous ces facteurs.
On peut se demander si l’extrême complexité de ce système permet d’effectuer des prévisions.
FIGURE 1 – Bilan thermique global de la Terre, sans et avec atmosphère.
Les mesures
Les mesures effectuées depuis cent cinquante ans semblent montrer un réchauffement de 0,5 °C. Est-ce une tendance à long terme ou une fluctuation ? Au XIIe siècle, il y avait de la vigne en Angleterre, il y faisait plus chaud. Au XVe siècle, Dürer a peint la transhumance dans des cols aujourd’hui enneigés. Inversement, le XVIIIe et le XIXe siècle ont connu le « petit âge glaciaire ». Il y a huit mille ans, le Sahara était vert ; il y pleuvait 50 fois plus qu’aujourd’hui. On a trouvé dans les grottes du Tassili des peintures représentant des éléphants, des pélicans, des poissons, des crocodiles, des hippopotames. La régression actuelle des glaciers alpins fait suite à une avancée pendant le petit âge glaciaire, qui suivait elle-même le réchauffement du XVe siècle. Et les Alpes sont peu de choses par rapport à l’Alaska, au Groenland, à l’Himalaya ou à l’Antarctique, où les glaciers se portent bien.
Pour déceler un écart de 0,5° en un siècle, il faut atteindre une précision de 0,1°. Or, les mesures terrestres et marines effectuées depuis près de deux siècles ne présentent pas un degré de fiabilité suffisant. De plus, les mesures terrestres souffrent du phénomène des îlots de chaleur urbains. Les mesures radiométriques effectuées depuis une trentaine d’années par satellites ne présentent pas une meilleure précision, en raison des corrections d’émissivité du sol et de transmission atmosphérique.
Les mouvements relatifs des mers par rapport aux terres ne permettent de tirer aucune conclusion quant au niveau des mers. Il faut donc s’en remettre aux modèles climatiques, qui ne présentent pas non plus la fiabilité désirée. De plus, le réchauffement supposé de 0,5° en un siècle est utilisé pour ajuster les modèles de prévision. S’il est illusoire, ceux-ci sont biaisés.
Les gaz à effet de serre
Le tableau 1 donne les caractéristiques des principaux gaz à effet de serre, qui sont très différentes. On prévoit que la concentration du CO2 doublera au cours du prochain siècle. Il ne faut pas oublier que le principal gaz à effet de serre est la vapeur d’eau, absente du tableau. Enfin, l’atmosphère contient du SO2 et des poussières industrielles et volcaniques.