Felix Mendelssohn-Bartholdy : le songe d’une nuit d’été, Symphonie n°1
Tous les grands musiciens n’ont pas eu une enfance malheureuse et une vie tourmentée. Felix Mendelssohn est né dans une famille aisée et extrêmement éduquée, il y est né incroyablement doué. Avant l’âge de quatorze ans, il avait composé une douzaine de symphonies pour cordes très recommandables, et à dix-sept ans, il avait déjà composé deux de ses chefs‑d’œuvre, l’Octuor pour cordes et l’Ouverture pour Le Songe d’une nuit d’été.
La Musique de scène (composée plus de quinze ans après l’ouverture) pour la pièce de Shakespeare (1595) est une partition de Mendelssohn pleine d’inventivité. Généralement jouée en concert comme suite de morceaux isolés, elle est là interprétée de façon bien plus originale.
Des acteurs shakespeariens déclament les vers du dramaturge élisabéthain autour des morceaux, permettant de comprendre le contexte pour lequel la musique a été composée, et tout s’éclaire : le scherzo pour soutenir les elfes, la célèbre Marche nuptiale qui accompagne Thésée à l’autel, les hennissements de Bottom transformé en âne…
La soirée mouvementée de Puck, de Titania la reine des fées (Fairy Queen), d’Obéron le roi des elfes, avait été déjà mise en musique par Purcell, et le sera bientôt par Weber, puis plus tard par Ambroise Thomas et Britten.
La diction idéale des acteurs et la direction fine, subtile mais constamment passionnante de Gardiner font de ce concert un événement. Le disque qui en a été tiré a été un événement de l’année 2017.
Mais quelle joie de découvrir, par hasard et bien caché, en bonus du Blu-ray audio de cet enregistrement, la vidéo de ce concert, parfaitement filmé.
Après une ouverture où la prise de son magnifique fait honneur aux bois et à des cordes dynamiques et chaudes, chaque morceau se succède avec chacun son caractère, et grâce aux textes entre eux (et parfois en surexposition avec la musique, comme pour les représentations de 1843), avec un effet dramatique saisissant.
En complément de programme, le film de la vaillante Première Symphonie que Gardiner a enregistrée dans la même salle un autre soir. Cette symphonie, composée à 14 ans (1824), après les 12 symphonies pour cordes, montre une grande maîtrise, même si elle est bien moins célèbre et jouée que les quatre suivantes Lobgesang, Écossaise, Italienne et Réformation.
Lorsque Mendelssohn la dirigea à Londres en 1829, il trouva le menuet qu’il avait composé en 1824 « ennuyeux ». Aussi joua-t-il à la place le scherzo réorchestré de son Octuor.
Gardiner ne sachant trancher nous propose les deux et donc joue cinq mouvements, faisant se succéder le scherzo de 1829 au menuet de 1824. Il a bien raison !
D’après l’Eduthèque – Philarmonie de Paris
La Querelle d’Obéron et Titania (détail), par Joseph Noel Paton, 1849 © Scottish National Gallery
Obéron, Titania et Puck dansant avec les fées, par William Blake, vers 1786 © Tate Britain, Londres