Feu nucléaire sur l’Iran
Avec la régularité d’un vrai professionnel, Marcel Cassou nous livre sa production 2008, Feu nucléaire sur l’Iran, son troisième ouvrage en trois ans ! Qui prétend que l’imagination s’use ?
Cette fois, Cassou abandonne ses terres d’élection, cette Afrique saharienne et subsaharienne qu’il a parcourue en tous sens et dont il nous a déjà livré des drames1 ou situé des intrigues2. C’est surtout en Iran et dans les Émirats que se déroule son dernier roman. Pas là seulement, mais au lecteur de le découvrir.
Il y a cependant un fil conducteur avec le roman précédent puisqu’il est encore beaucoup question de « yellow cake ». Est-il nécessaire de rappeler dans La Jaune et la Rouge qu’il s’agit de cette poudre semi-ouvrée d’où est extrait, par centrifugation, l’uranium enrichi civil et militaire ?
Nous sommes, en effet, en plein cœur du programme nucléaire iranien et le titre du roman lève d’emblée le voile sur la fin de cette aventure mal embarquée. Pour autant, comme les précédents, le livre se lit d’une traite et révèle quand même bien des surprises.
Cassou connaît remarquablement bien le dossier au point qu’on peut se demander si sa carrière de spécialiste de financements internationaux – il ne résiste pas au petit plaisir de nous faire partager son expérience – ne cachait pas d’autres activités plus excitantes. Il perce le secret, ou il donne une interprétation des mentalités iraniennes qui ne manque pas d’intérêt et à laquelle, en définitive, on adhère sans difficulté. Les ayatollahs seraient-ils moins fous qu’ils en ont l’air ? Après tout, depuis le temps qu’ils jouent avec les lignes sans les dépasser ou juste ce qu’il faut pour éviter le drame. Sauf que…
Et c’est de ce « sauf que… », que Cassou nous livre sa version, une version en demi-teinte où personne n’est exempt d’arrière-pensée et, encore moins, de tout reproche : les Iraniens naturellement mais aussi les Américains, Chinois, Pakistanais, Russes, Européens et bien d’autres.
Pour le reste, la plume de Cassou s’affirme d’un ouvrage à l’autre. Pour la première fois il pimente aussi l’affaire d’une intrigue sentimentale et, pour un coup d’essai, il n’a pas choisi un contexte facile au pays des femmes voilées où la simple vue d’une cheville sans chaussette se paye en coups de fouet !
Chez Cassou, 2008 est un bon cru.
1. Le Transsaharien – L’échec sanglant des missions Flatters. L’Harmattan, 2005.
2. Yellow Cake. Société des écrivains, 2006.