Nicolas Schimel (84) cofondateur et président de Filib’

Filib’ : le site qui fait gagner de l’argent à ses clients

Dossier : TrajectoiresMagazine N°745 Mai 2019
Par Hervé KABLA (X84)
Filib’ est une société d’optimisation financière qui rend abordables les solutions personnalisées dont tout le monde a besoin pour bien gérer ses finances. Rencontre avec Nicolas Schimel (84) cofondateur et président de Filib’.

Filib’ offre à ses clients des solutions sur mesure pour les aider à gérer leurs placements financiers.

Quelle est l’activité de Filib’ ?

Filib’ offre à ses clients des solu­tions sur mesure pour les aider à gérer leurs pla­ce­ments financiers.

Nous le fai­sons de deux manières complémentaires.

Sur notre site nous pro­po­sons une navi­ga­tion entiè­re­ment conver­sa­tion­nelle pour per­mettre à cha­cun de prendre conscience de ce qu’il pour­rait amé­lio­rer dans la ges­tion de ses finances, de savoir concrè­te­ment ce qu’un ser­vice de pro­fes­sion­nels pour­rait lui appor­ter et de se faire une idée de ses propres enjeux chif­frés de manière syn­thé­tique. Puis nous orga­ni­sons la prise en charge de A à Z par des spé­cia­listes cer­ti­fiés dans chaque domaine et sélec­tion­nés pour leur répu­ta­tion sui­vant des pro­cé­dures qui garan­tissent la qua­li­té du ser­vice et le meilleur prix. Et notam­ment la per­son­na­li­sa­tion, la rapi­di­té d’exécution et la recherche de la solu­tion la plus ren­table pour le client qui sont nos trois cri­tères de satis­fac­tion majeurs.

Pour les sala­riés des entre­prises clientes de notre ser­vice pre­mium, nous ren­for­çons le dis­po­si­tif avec la mise à dis­po­si­tion d’un coach finan­cier (au télé­phone). Il per­met de faire le point serei­ne­ment une fois par an et de s’inscrire dans une pers­pec­tive de pro­gres­sion per­son­nelle, mais aus­si de prendre en charge rapi­de­ment des situa­tions urgentes ou com­plexes. Notre par­te­na­riat avec l’employeur agit comme un déclen­cheur pour s’occuper effi­ca­ce­ment d’un sujet trop sou­vent lais­sé de côté par manque de temps (ou crainte de la com­plexi­té) en par­ti­cu­lier par les plus jeunes. Il rend ain­si un ser­vice vrai­ment utile et contri­bue à la démarche de res­pon­sa­bi­li­té socié­tale des entre­prises autant qu’à la fidé­li­sa­tion de ses collaborateurs.

“Nos conseillers sont rémunérés même s’ils ne vendent rien.
C’est la seule façon de s’assurer du meilleur niveau de qualité”

Les sala­riés sont mis en contact avec des conseillers qui savent que leur métier est de don­ner des conseils dans l’intérêt des clients . C’est la rai­son pour laquelle ils ont fait des études, et se sont ins­tal­lés, ou ont quit­té un éta­blis­se­ment ban­caire pour deve­nir indé­pen­dants. Ils peuvent être très experts sur un sujet poin­tu (par exemple l’expatriation, la rému­né­ra­tion du chef d’entreprise), ou très com­pé­tents pour trai­ter de façon plus clas­sique (épar­gner effi­ca­ce­ment, se pré­pa­rer des reve­nus pour sa retraite, orga­ni­ser sa transmission). 

Mais notre constat, et leur métier, c’est qu’apporter une réponse per­son­na­li­sée, qui com­prend tou­jours une dimen­sion tech­nique, est de plus en plus sou­vent indis­pen­sable pour gérer ses finances. Nous véri­fions qu’ils ont les com­pé­tences, qu’ils sont habi­li­tés par les auto­ri­tés com­pé­tentes et qu’ils ont bonne répu­ta­tion. Et nous leur deman­dons d’intervenir sui­vant des cahiers des charges. Nos conseillers ont une obli­ga­tion ren­for­cée sur la qua­li­té du conseil, et sur la diver­si­té du sour­cing de leurs solu­tions. Ils sont rému­né­rés même s’ils ne vendent rien. C’est la seule façon de s’assurer du meilleur niveau de qualité.

Quel est le parcours des fondateurs ?

Mon asso­cié Sébas­tien Foret est HEC et issu de la majeure Entre­pre­neurs. Après une pre­mière créa­tion d’entreprise et un par­cours chez Pri­ce­Mi­nis­ter, il a cofon­dé How­tank, une solu­tion pour enga­ger les com­mu­nau­tés de clients autour des marques.

Je suis X84 (et kes­sier). J’ai tra­vaillé près de trente ans dans l’assurance, avec comme fils conduc­teurs l’assurance-vie et la rela­tion client. J’ai diri­gé le groupe Avi­va en France, et aupa­ra­vant, l’UFF, qui est le lea­der his­to­rique de la ges­tion de patrimoine.

Comment est venue l’idée de Filib’ ?

J’ai ren­con­tré des cen­taines de clients et par­ta­gé leur vécu sur les ser­vices reçus pour les aider à gérer leurs finances et j’en ai tiré trois ensei­gne­ments. Pri­mo : les ingré­dients d’un ser­vice de qua­li­té sont tou­jours les mêmes. Écoute – voire empa­thie – pour com­prendre ce qui est vrai­ment impor­tant. Mobi­li­sa­tion de connais­sances juri­diques, fis­cales et finan­cières pour trou­ver les meilleures solu­tions. Capa­ci­té à mettre l’intérêt du client au-des­sus de toute autre consi­dé­ra­tion pour uti­li­ser ces savoir-faire à son béné­fice. Secun­do : un bon ser­vice ren­du au bon moment apporte tou­jours une valeur éco­no­mique quan­ti­fiable, mais aus­si sou­vent émo­tion­nelle quand il vient résoudre une ten­sion qui s’est accu­mu­lée sur les aspects finan­ciers. Et ter­tio : les clients ne savent pas dis­tin­guer un bon et un mau­vais ser­vice sans l’avoir expé­ri­men­té, et sont très méfiants. Ils ont donc besoin d’une impul­sion forte pour pas­ser à l’action.

J’ai cher­ché un moyen de repro­duire à grande échelle la recette arti­sa­nale d’un bon ser­vice per­son­na­li­sé, en éta­blis­sant des pro­ces­sus fiables et des cri­tères de qua­li­té qui ins­pirent la confiance. Notre défi est de réus­sir une « per­son­na­li­sa­tion de masse » qui mobi­lise la tech­no­lo­gie et la sen­si­bi­li­té humaines là où elles apportent de la valeur, tout en évi­tant ce qui fait perdre du temps et génère de la méfiance.

Qui sont les concurrents ?

Il y a en France beau­coup d’entreprises, y com­pris par­mi les start-up fin­tech, dont l’objectif est de vendre des pro­duits finan­ciers (ou immo­bi­liers) aux clients et dont le modèle éco­no­mique est lié au par­tage des marges de ces pro­duits. Ce sont nos concur­rents pour cap­ter l’attention des clients, notam­ment sur inter­net, sur le thème des « finances », mais notre approche est dif­fé­rente en tous points.

Pour ne don­ner qu’un exemple nous pen­sons que le meilleur moyen d’assurer que le ser­vice sera dans le seul inté­rêt du client est qu’il le paye, et au juste prix. Mais en même temps nous tra­vaillons à l’efficacité et à la rapi­di­té du ser­vice pour en bais­ser le coût, et nous exi­geons que le prix soit tou­jours ren­ta­bi­li­sé en moins d’un an par un gain chif­fré et démon­tré. Et bien sûr, nous sommes nous-mêmes tota­le­ment indé­pen­dants de tous les inter­ve­nants du monde financier.

C’est ce posi­tion­ne­ment qui nous per­met de pro­po­ser notre ser­vice pre­mium avec les entre­prises qui par­tagent les mêmes valeurs et le même sou­ci de qua­li­té pour leurs col­la­bo­ra­teurs. Et d’autre part de tra­vailler avec des spé­cia­listes indé­pen­dants de qua­li­té qui sou­haitent une approche trans­pa­rente et valorisante.

Quelles ont été les étapes clés depuis la création ?

Nous avons mis envi­ron trois mois pour lan­cer la pre­mière pièce du dis­po­si­tif, un ser­vice de mat­ching entre un besoin expri­mé par un client et le spé­cia­liste le plus adapté.

Les trois mois sui­vants, nous avons mis au point notre gamme de ser­vices, qui est la base de notre approche pour garan­tir un ali­gne­ment de tout le pro­ces­sus vers la qua­li­té client. L’été a été consa­cré à la refonte de l’expérience uti­li­sa­teur et notam­ment la mise en place d’interactions plus conver­sa­tion­nelles sur le site. Enfin depuis sep­tembre, nous avons lan­cé notre offre Filib’ pre­mium pour les sala­riés des entreprises.

Qu’est-ce qui différencie les salariés français des salariés américains et pourquoi ?

Sur les sujets finan­ciers je vois trois dif­fé­rences essen­tielles. Les Amé­ri­cains doivent impé­ra­ti­ve­ment se consti­tuer un com­plé­ment de retraite par eux-mêmes. De ce fait, ils sont beau­coup plus enclins à inves­tir dans des pla­ce­ments à risque et à s’endetter. Ils ont un juge­ment moins affec­tif sur l’immobilier. Ils sont donc en même temps plus conscients des enjeux d’une épargne longue et moins enclins à l’épargne de pré­cau­tion…, et se retrouvent sou­vent pris au dépour­vu. Tout cela fait qu’ils appré­cient énor­mé­ment les pro­grammes de coa­ching finan­cier offerts par les entre­prises qui leur offrent un sup­port à la fois tech­nique et péda­go­gique pour mieux gérer leurs finances.

L’argent est-il un tabou en France ?

Un sujet abor­dé de manière peu ration­nelle en tout cas. Par exemple, presque per­sonne ne se consi­dère comme riche, puisque les riches sont ceux qui gagnent en moyenne 50 % de plus que vous. On a du mal à évo­quer les sujets d’argent en famille, ce qui empêche d’optimiser la trans­mis­sion entre géné­ra­tions. Enfin les actifs se disent inquiets pour leur retraite mais ils conti­nuent à mal cali­brer leur effort d’épargne sur ce sujet. S’il est plu­tôt ras­su­rant de voir que l’argent n’est pas un but en soi, il est assez para­doxal de voir que tous ces blo­cages empêchent de s’occuper de bien le gérer, alors même que ce peut être le moyen le plus utile pour soi-même, sa famille ou la communauté.

Ton associé est un HEC entrepreneur de vingt ans ton cadet, comment le binôme fonctionne-t-il ?

Je savais que je ne réus­si­rais pas seul. J’ai donc cher­ché un asso­cié avant de démar­rer et je suis cer­tain que c’est notre com­plé­men­ta­ri­té qui nous a per­mis d’avancer jusqu’à main­te­nant. Il se trouve que nous avons un carac­tère plu­tôt opti­miste tous les deux, ce qui aide au quo­ti­dien lorsqu’on cherche à innover.

Passer de la tête d’une entreprise de plusieurs milliers de salariés à une start-up, ça change quoi au quotidien ?

Tout ce qui fai­sait les contraintes d’une grande entre­prise finan­cière a dis­pa­ru. Tout ce qui mar­chait tout seul aus­si… La bonne nou­velle est qu’on dis­pose aujourd’hui d’une pano­plie d’outils numé­riques qui pour quelques dizaines d’euros par mois per­mettent de presque tout faire.

Tu as côtoyé En Marche ! depuis sa genèse, quels enseignements en tires-tu ?

En Marche ! a été une véri­table start-up de la poli­tique entre avril 2016 et juin 2017. Un mou­ve­ment por­té par une vision du « mar­ché » et une stra­té­gie très claire, un lea­der­ship très fort, et en même temps une for­mi­dable capa­ci­té d’adaptation de l’organisation au jour le jour. Les pre­miers « clients » (sym­pa­thi­sants) avaient une adhé­sion tel­le­ment forte au « pro­duit » (Macron) qu’ils sont deve­nus ses ambas­sa­deurs et ain­si de suite. Les pre­miers « employés » (des sala­riés mais sur­tout énor­mé­ment de béné­voles, de tous âges) avaient un enga­ge­ment d’une force et d’une fraî­cheur qui ne pou­vaient qu’entraîner. Cette période m’a beau­coup appris et a contri­bué à mon envie d’entreprendre.


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