Filles + Sciences = une équation insoluble
Alors que les filles sont aujourd’hui quasi à parité avec les garçons en terminale scientifique et majoritaires dans les études supérieures de médecine et de biologie, elles représentent moins d’un tiers des diplômés des grandes écoles d’ingénieurs, qui sont en France une des voies d’accès au pouvoir.
Les premières analyses de cette situation datent des années 1990 (Christian Baudelot et Roger Establet, Huguette Delavault, Catherine Marry et collaboratrices).
L’ouvrage de Blanchard, Orange et Pierrel mobilise un large spectre de sources statistiques et présente une enquête originale, menée auprès d’élèves de classes préparatoires scientifiques à la demande de la direction de l’École normale supérieure.
Il propose une approche nouvelle en considérant la faible présence des filles dans les filières scientifiques du supérieur (hors médecine et biologie) sous le prisme de l’origine sociale et géographique des élèves.
Les chapitres « L’esprit scientifique, une qualité inégalement partagée » et « Verdicts scolaires et construction des aspirations » sont particulièrement éclairants sur le rôle du milieu familial et celui des appréciations des professeurs pour encourager ou décourager les élèves, en particulier les filles qui en général ont moins de confiance en elles.
Les analyses originales de cet ouvrage intéresseront de nombreux publics et permettront, nous l’espérons, d’améliorer la place des femmes dans les études supérieures scientifiques et techniques, passage obligé pour que notre pays puisse utiliser au mieux tous ses talents dans le futur.
2 Commentaires
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Je ne partage pas l’avis
Je ne partage pas l’avis positif exprimé sur ce livre, que j’ai lu peu après sa sortie car il traite d’un domaine qui m’intéresse professionnellement. A mon sens, il s’agit d’une nouvelle illustration du triste état de l’école sociologique française. C’est presque caricatural : il suffit d’une page, la première du livre, pour que nos auteurs nous assènent avec cinq références allant toutes dans le même sens qu’il n’y a aucune différence biologique de compétence entre les sexes. En passant complètement sous silence que le débat est encore loin d’être clos, d’autant que les derniers travaux sérieux en la matière tendent plutôt à montrer le contraire… (peut-être ces travaux en grande partie anglo-saxons ont-ils le tort de ne pas avoir été tous traduits en français ?)
Une fois cet axiome posé, la conclusion est inévitable : si ce n’est pas la biologie qui donne un avantage en mathématique aux garçons , c’est donc la société qui interdit aux filles de faire valoir leurs qualités dans ce domaine. Il nous faut cependant subir une centaine de pages de sophismes souvent tirés par les cheveux pour y aboutir. Car nos auteurs ont tout de même l’honnêteté de reconnaître que de nombreux faits ne semblent pas aller dans leur sens : comment expliquer par exemple que les filles soient devenus très majoritaires en médecine ou en école vétérinaire si « les garçons conservent les bastions les plus élitistes » à leur guise ? Comment expliquer que les professeurs et les élèves de prépa scientifique considèrent généralement que le génie mathématique procède plus du « don » que du travail ? Les contorsions auxquelles elles se livrent pour « expliquer » ces situations seraient comiques si elles n’étaient pas affligeantes. Ainsi, par exemple, c’est l’augmentation rapide du nombre de places offertes qui aurait permis au filles de s’imposer en médecine ou en « math sup bio » (comme si cela avait empêché les garçons de défendre un territoire devenu trop large ?) ; mais dans ce cas, pourquoi ne se sont-elles pas également imposées en math sup, où les effectifs ont été multipliés par 3,5 quand il n’augmentaient que d’un facteur 1,5 en math sup bio ?
Bref, l’exercice s’apparente plus à la scolastique moyenâgeuse, où il s’agit de démontrer à coup de sophismes une conclusion posée à l’avance (Dieu existe), qu’à un travail scientifique qui met les faits au-dessus de la théorie. Nous avons d’ailleurs droit à de nombreuses reprises à des références aux « travaux pionniers » du maître Bourdieu (il y a tout de même plus de 50 ans qu’il a publié « la reproduction »…). Il serait temps que l’école de sociologie française renouvelle son cadre conceptuel !
femmes + sciences != femmes + cuisine
En réaction à http://www.lajauneetlarouge.com/comment/7841#comment-7841
Les femmes sont considérablement sous-représentées dans la liste des chefs cuisiniers récompensés par les étoiles du guide Michelin.
La conclusion s’impose, si l’on suit le commentaire de O. Lesbre : les femmes ne sont pas biologiquement « douées » pour la cuisine.