Livre : FILLES + SCIENCES = UNE ÉQUATION INSOLUBLE ?

Filles + Sciences = une équation insoluble

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°722 Février 2017Par : Marianne Blanchard, Sophie Orange et Arnaud PierrelRédacteur : Claudine HERMANN, professeur de physique émérite à l’XEditeur : Éditions Rue d’Ulm, collection du CEPREMAP n° 42 – 2016 – 45, Rue d’Ulm, 75005 Paris. Tél. : 01 44 32 36 80

Alors que les filles sont aujourd’hui qua­si à pari­té avec les gar­çons en ter­mi­nale scien­ti­fique et majo­ri­taires dans les études supé­rieures de méde­cine et de bio­lo­gie, elles repré­sentent moins d’un tiers des diplô­més des grandes écoles d’ingénieurs, qui sont en France une des voies d’accès au pouvoir. 

Les pre­mières ana­lyses de cette situa­tion datent des années 1990 (Chris­tian Bau­de­lot et Roger Esta­blet, Huguette Dela­vault, Cathe­rine Mar­ry et collaboratrices). 

L’ouvrage de Blan­chard, Orange et Pier­rel mobi­lise un large spectre de sources sta­tis­tiques et pré­sente une enquête ori­gi­nale, menée auprès d’élèves de classes pré­pa­ra­toires scien­ti­fiques à la demande de la direc­tion de l’École nor­male supérieure. 

Il pro­pose une approche nou­velle en consi­dé­rant la faible pré­sence des filles dans les filières scien­ti­fiques du supé­rieur (hors méde­cine et bio­lo­gie) sous le prisme de l’origine sociale et géo­gra­phique des élèves. 

Les cha­pitres « L’esprit scien­ti­fique, une qua­li­té inéga­le­ment par­ta­gée » et « Ver­dicts sco­laires et construc­tion des aspi­ra­tions » sont par­ti­cu­liè­re­ment éclai­rants sur le rôle du milieu fami­lial et celui des appré­cia­tions des pro­fes­seurs pour encou­ra­ger ou décou­ra­ger les élèves, en par­ti­cu­lier les filles qui en géné­ral ont moins de confiance en elles. 

Les ana­lyses ori­gi­nales de cet ouvrage inté­res­se­ront de nom­breux publics et per­met­tront, nous l’espérons, d’améliorer la place des femmes dans les études supé­rieures scien­ti­fiques et tech­niques, pas­sage obli­gé pour que notre pays puisse uti­li­ser au mieux tous ses talents dans le futur.

2 Commentaires

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O. Lesbrerépondre
7 février 2017 à 20 h 30 min

Je ne par­tage pas l’a­vis
Je ne par­tage pas l’a­vis posi­tif expri­mé sur ce livre, que j’ai lu peu après sa sor­tie car il traite d’un domaine qui m’in­té­resse pro­fes­sion­nel­le­ment. A mon sens, il s’a­git d’une nou­velle illus­tra­tion du triste état de l’é­cole socio­lo­gique fran­çaise. C’est presque cari­ca­tu­ral : il suf­fit d’une page, la pre­mière du livre, pour que nos auteurs nous assènent avec cinq réfé­rences allant toutes dans le même sens qu’il n’y a aucune dif­fé­rence bio­lo­gique de com­pé­tence entre les sexes. En pas­sant com­plè­te­ment sous silence que le débat est encore loin d’être clos, d’au­tant que les der­niers tra­vaux sérieux en la matière tendent plu­tôt à mon­trer le contraire… (peut-être ces tra­vaux en grande par­tie anglo-saxons ont-ils le tort de ne pas avoir été tous tra­duits en français ?)
Une fois cet axiome posé, la conclu­sion est inévi­table : si ce n’est pas la bio­lo­gie qui donne un avan­tage en mathé­ma­tique aux gar­çons , c’est donc la socié­té qui inter­dit aux filles de faire valoir leurs qua­li­tés dans ce domaine. Il nous faut cepen­dant subir une cen­taine de pages de sophismes sou­vent tirés par les che­veux pour y abou­tir. Car nos auteurs ont tout de même l’hon­nê­te­té de recon­naître que de nom­breux faits ne semblent pas aller dans leur sens : com­ment expli­quer par exemple que les filles soient deve­nus très majo­ri­taires en méde­cine ou en école vété­ri­naire si « les gar­çons conservent les bas­tions les plus éli­tistes » à leur guise ? Com­ment expli­quer que les pro­fes­seurs et les élèves de pré­pa scien­ti­fique consi­dèrent géné­ra­le­ment que le génie mathé­ma­tique pro­cède plus du « don » que du tra­vail ? Les contor­sions aux­quelles elles se livrent pour « expli­quer » ces situa­tions seraient comiques si elles n’é­taient pas affli­geantes. Ain­si, par exemple, c’est l’aug­men­ta­tion rapide du nombre de places offertes qui aurait per­mis au filles de s’im­po­ser en méde­cine ou en « math sup bio » (comme si cela avait empê­ché les gar­çons de défendre un ter­ri­toire deve­nu trop large ?) ; mais dans ce cas, pour­quoi ne se sont-elles pas éga­le­ment impo­sées en math sup, où les effec­tifs ont été mul­ti­pliés par 3,5 quand il n’aug­men­taient que d’un fac­teur 1,5 en math sup bio ?
Bref, l’exer­cice s’ap­pa­rente plus à la sco­las­tique moyen­âgeuse, où il s’a­git de démon­trer à coup de sophismes une conclu­sion posée à l’a­vance (Dieu existe), qu’à un tra­vail scien­ti­fique qui met les faits au-des­sus de la théo­rie. Nous avons d’ailleurs droit à de nom­breuses reprises à des réfé­rences aux « tra­vaux pion­niers » du maître Bour­dieu (il y a tout de même plus de 50 ans qu’il a publié « la repro­duc­tion »…). Il serait temps que l’é­cole de socio­lo­gie fran­çaise renou­velle son cadre conceptuel !

Des­salles JLrépondre
15 février 2017 à 8 h 20 min

femmes + sciences != femmes + cui­sine
En réac­tion à http://www.lajauneetlarouge.com/comment/7841#comment-7841

Les femmes sont consi­dé­ra­ble­ment sous-repré­sen­tées dans la liste des chefs cui­si­niers récom­pen­sés par les étoiles du guide Michelin.
La conclu­sion s’im­pose, si l’on suit le com­men­taire de O. Lesbre : les femmes ne sont pas bio­lo­gi­que­ment « douées » pour la cuisine.

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