FLYING WHALES pourrait fournir un moyen de transport inédit permettant de désenclaver des territoires isolés comme la Guyane française grâce au transport par dirigeable LCA60T facilitant l’accès aux personnes et aux ressources.

FLYING WHALES : le dirigeable qui révolutionne le transport aérien

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°777 Septembre 2022
Par Vincent GUIBOUT (X98)

Avec son diri­geable, FLYING WHALES apporte une alter­na­tive inno­vante, res­pon­sable et per­ti­nente pour le trans­port de mar­chan­dises tout en contri­buant au désen­cla­ve­ment des ter­ri­toires. Vincent Gui­bout (X98), Direc­teur Géné­ral Délé­gué de FLYING WHALES, nous en dit plus.

Quelle a été la genèse du projet ?

À l’origine de FLYING WHALES, il y avait une demande du gou­ver­ne­ment fran­çais en 2012 : réta­blir un cer­tain équi­libre dans la balance com­mer­ciale natio­nale. À l’époque, le pre­mier poste défi­ci­taire était le pétrole et le second était le bois, alors que la France dis­pose de la 4ème plus grande forêt d’Europe. Le gou­ver­ne­ment a char­gé l’ONF de mieux et de plus valo­ri­ser la res­source bois : un mil­lion de m3 de bois sup­plé­men­taire par an. Pour atteindre cet objec­tif ambi­tieux, l’ONF a explo­ré diverses pistes. C’est ain­si qu’elle a été ame­née à échan­ger avec le fon­da­teur de FLYING WHALES, et l’ONERA afin de défi­nir des solu­tions qui per­met­traient d’aller cher­cher plus de bois dans cer­tains mas­sifs fores­tiers isolés. 

En France, si cer­taines forêts sont très faciles d’accès, d’autres le sont plus dif­fi­ci­le­ment. Pour les rendre acces­sibles, une des options est de construire des routes et pistes d’accès. Cette alter­na­tive est peu popu­laire auprès des popu­la­tions locales, pas tou­jours res­pon­sable sur le plan envi­ron­ne­men­tal et bien sou­vent chère. La solu­tion qui a rete­nu l’attention des dif­fé­rentes par­ties pre­nantes a été celle d’un diri­geable capable de trans­por­ter des charges lourdes et qui pour­rait opé­rer sans empreinte au sol, à l’instar d’une grue volante capable d’aller cher­cher au sol une charge pou­vant aller jusqu’à 60 tonnes. 

À par­tir de là, deux ans ont été néces­saires pour affi­ner le besoin, tes­ter le pro­jet, éta­blir sa fai­sa­bi­li­té et sa crédibilité. 

À l’issue de ce tra­vail, plu­sieurs élé­ments ont pous­sé au lan­ce­ment de ce pro­gramme aéro­nau­tique : l’existence d’un mar­ché avec de nom­breuses appli­ca­tions pos­sibles ; un consor­tium d’industriels par­te­naires prêts à nous rejoindre dans cette aven­ture en pre­nant une part des risques et en finan­çant une par­tie des coûts du déve­lop­pe­ment ; une équa­tion éco­no­mique attrac­tive, un sou­tien des pou­voirs publics fran­çais et l’Agence euro­péenne de la sécu­ri­té aérienne prête à nous accom­pa­gner pour cer­ti­fier ce nou­veau type d’engins.

En 2017, nous avons donc lan­cé de manière opé­ra­tion­nelle le déve­lop­pe­ment de la solu­tion en s’appuyant sur une pre­mière levée de fonds et un accom­pa­gne­ment de Bpi­france au tra­vers du dis­po­si­tif PSPC (pro­jets de recherche et déve­lop­pe­ment struc­tu­rants pour la compétitivité).

Vous réinventez donc le modèle du fret avec votre dirigeable qui propose une alternative durable et à faible empreinte environnementale…

Nous sommes gui­dés dans cette entre­prise par une rai­son d’être repo­sant sur deux axes. Le pre­mier est de four­nir un moyen de trans­port inédit per­met­tant de désen­cla­ver les ter­ri­toires iso­lés. Il en existe un peu par­tout dans le monde comme en Indo­né­sie, en Guyane fran­çaise mais aus­si par exemple au Qué­bec dont l’Etat est d’ailleurs l’un de nos action­naires. Notre solu­tion leur donne la pos­si­bi­li­té d’accéder aux popu­la­tions du grand nord et de les désen­cla­ver, une zone iso­lée du conti­nent, dif­fi­cile d’accès et par­ti­cu­liè­re­ment fra­gile. La solu­tion de trans­port par LCA60T faci­li­te­ra ain­si l’accès aux per­sonnes et aux ressources. 

La seconde est de pro­po­ser un moyen de trans­port éco­lo­gique avec une empreinte envi­ron­ne­men­tale limi­tée. En com­pa­rai­son avec un héli­co­ptère, point à point, sans infra­struc­ture au sol, le LCA60T émet­tra jusqu’à 30 fois moins de CO2 en vol. Au-delà, l’utilisation de notre diri­geable per­met d’éviter de construire des routes ou autres infra­struc­tures de trans­port lourdes et donc de subir les coûts de main­te­nance asso­ciés. Il contri­bue aus­si à une exploi­ta­tion plus durable de la forêt. Il faut, en effet, pré­voir uni­que­ment une trouée locale pour récu­pé­rer le bois. Cela per­met une meilleure sta­bi­li­sa­tion et fer­ti­li­sa­tion du sol.

Le dirigeable LCA60T de FLYING WHALES est un moyen de transport écologique avec une empreinte environnementale limitée.

Qu’est-ce que ce positionnement et ces ambitions fortes impliquent pour FLYING WHALES ? 

Pour rele­ver ces défis et répondre aux attentes de nos dif­fé­rentes par­ties pre­nantes, nous avons struc­tu­ré notre entre­prise autour de deux entités : 

FLYING WHALES Indus­try : un construc­teur aéro­nau­tique qui déve­loppe l’aéronef et le certifie ;

FLYING WHALES Ser­vices : un opé­ra­teur de diri­geable, « une com­pa­gnie aérienne », qui sera en charge de l’exploitation de la flotte de LCA60T, c’est-à-dire de four­nir à nos clients une pres­ta­tion de trans­port. Autour de FLYING WHALES Ser­vices, c’est toute une filière qu’il est néces­saire de déve­lop­per : ges­tion des bases à la manière d’un opé­ra­teur aéro­por­tuaire, école de for­ma­tion des pilotes, cur­sus de for­ma­tion des maintenanciers. 

Pour construire le diri­geable, l’exploiter et pro­po­ser nos ser­vices, nous met­tons donc en place un éco­sys­tème complet. 

Aujourd’hui, où en êtes-vous ? Quelles sont les prochaines étapes pour FLYING WHALES ?

FLYING WHALES Indus­try char­gé du pro­gramme de déve­lop­pe­ment du diri­geable est actuel­le­ment le centre de gra­vi­té de l’entreprise. Nous sommes, en effet, une entre­prise qui regroupe 130 per­sonnes, dont plus de 100 tra­vaillent au sein de ce pôle indus­triel et nous recru­tons aus­si acti­ve­ment pour ren­for­cer cette équipe. Cepen­dant, nous débu­tons la mon­tée en puis­sance de l’opérateur FLYING WHALES Ser­vices, qui devrait être opé­ra­tion­nel d’ici deux ans environ 

Sur le plan indus­triel, notre feuille de route est très dense.

Nous avons lan­cé le déve­lop­pe­ment en 2017 en com­men­çant par la phase de spé­ci­fi­ca­tion qui per­met d’affiner l’ensemble des exi­gences appli­cables. En 2020, nous nous sommes ensuite concen­trés sur la décli­nai­son des exi­gences aux sys­tèmes, la concep­tion pré­li­mi­naire du diri­geable et l’établissement d’une base de cer­ti­fi­ca­tion avec l’EASA. Cette deuxième phase du déve­lop­pe­ment s’est conclue avec le fran­chis­se­ment du jalon de Concep­tion Pré­li­mi­naire en 2022. Nous sommes main­te­nant dans la phase de concep­tion détaillée qui sera sui­vie de la phase de qua­li­fi­ca­tion et de cer­ti­fi­ca­tion du diri­geable. C’est dans cette der­nière phase, d’ici trois ans, qu’auront lieu les essais de vol. 

Côté FLYING WHALES Ser­vices, nous sommes mobi­li­sés sur l’élaboration d’une base règle­men­taire pour l’exploitation du diri­geable qui a été sou­mise à l’autorité euro­péenne afin d’avoir un règle­ment euro­péen d’exploitation.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre structuration financière et votre actionnariat ?

Dans le plan ini­tial de finan­ce­ment du pro­gramme, nous avions pré­vu quatre levées de fonds. Nous en avons réa­li­sé trois, en 2017, en 2019 et en ce milieu d’année 2022 (122 mil­lions d’euros). La der­nière aug­men­ta­tion de capi­tal sera réa­li­sée par l’introduction en bourse de la socié­té et est pré­vue lors du pre­mier vol. 

Nous avons aus­si béné­fi­cié d’un accom­pa­gne­ment finan­cier public avec le PSPC, un sou­tien de la région Nou­velle Aqui­taine pour la construc­tion de notre usine et des finan­ce­ments publics québécois.

Notre action­na­riat est de grande qua­li­té. On y retrouve des action­naires indus­triels et des Etats, un point fort et essen­tiel pour cette typo­lo­gie de pro­jet qui a géné­ra­le­ment un ROI assez long après le déve­lop­pe­ment (en moyenne 8 ans). 

Comme pré­cé­dem­ment men­tion­né, nous comp­tons au capi­tal le Qué­bec via Inves­tis­se­ment Qué­bec et la France via French Tech Sou­ve­rai­ne­té, et la Prin­ci­pau­té de Mona­co, via la Socié­té Natio­nale de Finan­ce­ment, la région Nou­velle Aqui­taine où se situe notre usine de fabri­ca­tion du diri­geable ; nous comp­tons aus­si par­mi nos action­naires l’ONF, à l’origine du pro­jet, le groupe Bouygues, le Groupe ADP qui nous accom­pagne sur la par­tie aéro­por­tuaire, Air Liquide via ALIAD Ven­ture Capi­tal, étant don­né que notre diri­geable sera por­té par de l’hélium…, la Socié­té Géné­rale Assu­rances et plu­sieurs inves­tis­seurs privés. 

Qu’en est-il de vos enjeux ?

Nous connais­sons une très forte crois­sance. Nous recru­tons 40 à 50 col­la­bo­ra­teurs chaque année. Aujourd’hui, nous recher­chons en prio­ri­té des ingé­nieurs issus de grandes écoles et qui sont inté­res­sés par des pro­grammes aéro­nau­tiques très inno­vants pour accé­lé­rer le déve­lop­pe­ment du pro­gramme. Nous cher­che­rons aus­si des com­pa­gnons pour la pro­duc­tion, c’est pour­quoi nous tra­vaillons d’ores et déjà en région Nou­velle Aqui­taine avec des orga­nismes de for­ma­tion pour déve­lop­per des filières de for­ma­tion adap­tées au dirigeable. 

Et pour FLYING WHALES Ser­vices, nous recru­te­rons essen­tiel­le­ment des pilotes, des opé­ra­teurs de main­te­nance et des com­pé­tences spé­cia­li­sées dans les opé­ra­tions aériennes.


Pour en savoir plus

https://fr.flying-whales.com/

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