Focus sur la médecine nucléaire : enjeux et perspectives
Entretien avec Michel-Laurent Guithaux, HR Southern Europe Director, et Vincent Sarrazin, Pharmacien Responsable, au sein de Curium. Ils reviennent pour nous sur le positionnement du groupe dans le domaine de la médecine nucléaire et les spécificités de leur activité.
Le groupe Curium a vu le jour en 2017. Dites-nous-en plus.
Le groupe est né du rapprochement des activités d’IBA Molecular et de l’activité de médecine nucléaire du groupe pharmaceutique américain Mallinckrodt Nuclear Medicine. Avec un CA de 600 millions d’euros, nous sommes leader en matière de médecine nucléaire et de radiopharmaceutiques. Nous sommes positionnés sur les 2 grands univers de la médecine nucléaire : le TEP (Tomographie par émission de Positons) et le SPECT qui ont pour objectif commun d’aider aux diagnostics par imagerie des lésions cancéreuses, osseuses, inflammatoires et cardiaques. Plus particulièrement, les sites TEP sont des petites unités de production de produits radiopharmaceutiques situées à proximité des établissements hospitaliers afin de procéder à la fabrication la nuit et permettre une livraison rapide des produits dès le matin et dans un rayon de 300 km vu leur durée de vie très limitée (quelques heures). Pour les produits SPECT, il s’agit d’une démarche production différente. La production est réalisée dans la nuit et la matinée pour une livraison quotidienne dans le monde entier dans l’après-midi. Nous produisons des générateurs de technétium-99 générés par décroissance du molybdène-99, lui-même produit principalement sur notre site de Petten aux Pays-Bas. Ce technétium-99 est utilisé pour le radiomarquage des traceurs qui vont être injectés aux patients. Ces traceurs radiomarqués se fixent sur la lésion ciblée et permettent grâce à la capture du rayonnement par un système de détection spécifique (gamma caméra pour les produits SPECT et caméra à positons pour les produits TEP) de visualiser précisément la lésion. Nos produits jouent ainsi un rôle important dans le diagnostic de maladies métaboliques ou cancéreuses. Cette discipline est également appelée Imagerie Moléculaire.
Curium fait principalement du développement. Comment cela se traduit-il ?
Fort de notre important réseau de sites de fabrication, nous faisons essentiellement du développement de solutions. Chaque année, nous développons un à deux produits nouveaux, notamment sur le marché du TEP, et récemment pour les maladies qui ont trait au cancer de la prostate ou la maladie de Parkinson. Sur le marché du SPECT, le Groupe est engagé sur quatre projets importants de développement entre les USA et l’Europe. Pour ce qui est de la recherche, nous sommes dans une optique d’acquisition de molécules et d’entreprises pour compléter et renforcer nos compétences, notre produit ou notre catalogue de produits. Dans ce cadre, nous disposons d’une équipe dédiée à la veille et au business développement.
Quels sont les autres sujets qui vous mobilisent ?
Pour soutenir notre stratégie de croissance qui s’appuie sur les acquisitions, nous travaillons beaucoup sur l’intégration des entités et des hommes pour développer les synergies qui vont garantir la pérennité du groupe. Parce que notre activité est à la croisée de deux domaines très réglementés, la pharmacie et le nucléaire, nous avons également un enjeu fort de conformité. En outre, contrairement à l’industrie pharmaceutique classique, nous travaillons en flux tendus : nous produisons la nuit les médicaments qui seront utilisés le lendemain. Au-delà de la règlementation, la médecine nucléaire est aussi une industrie contrainte par ses processus de fabrication et d’approvisionnement. Cependant, c’est également une médecine personnalisée qui va s’adapter à chaque patient ce qui garantit une meilleure efficacité en termes de diagnostic et de thérapie. Enfin, il s’agit également de maintenir et de renforcer notre position de leader sur ce marché de la médecine nucléaire en misant sur plusieurs axes : les produits, les marchés et les géographies.
EN BREF
- 100 ans d’expériences cumulées en production de radiopharmaceutiques
- Plus de 1500 clients, 6000 points de livraison et 14 millions de patients traités par an
- Une présence dans 70 pays, 1 800 collaborateurs
- 44 sites de production TEP (Tomographie par Émission de Positons) et/ou radiopharmacies
- 3 sites de production dédiés au SPECT (Single Photo Emission Computed Tomography)
- Un portefeuille d’une cinquantaine de produits, un CA de 600 millions d’euros