Focus sur la « Software intelligence »

Dossier : Supplément Nouvelles technologies & performance des entreprisesMagazine N°751 Janvier 2020
Par Vincent DELAROCHE

À l’ère où le digi­tal révo­lu­tionne le monde, les entre­prises doivent connaître leur expo­si­tion au risque logi­ciel et en tirer le meilleur pro­fit. Le point avec Vincent Dela­roche, diri­geant fon­da­teur de CAST, l’expert de l’analyse struc­tu­relle des logiciels. 

Les logiciels sont de plus en plus perçus en tant qu’un véritable moteur de croissance des entreprises. En tant que dirigeant fondateur d’une entreprise réputée pour son expertise logicielle, comment appréhendez-vous cette dimension ?

La trans­for­ma­tion digi­tale révo­lu­tionne les modes de consom­ma­tions, le mana­ge­ment, la mobi­li­té… Cette révo­lu­tion est per­çue en tant qu’un moteur de crois­sance pour les entre­prises notam­ment l’informatique d’entreprise et les logi­ciels qui sup­portent leur pro­ces­sus et qui les aident à se déve­lop­per. Le digi­tal, c’est la colonne ver­té­brale de la crois­sance des grandes mul­ti­na­tio­nales, des banques, des assu­rances, des géants des télé­coms, mais aus­si des start-ups… Cepen­dant, les logi­ciels impliquent un risque impor­tant. Dans un monde de plus en plus connec­té, une défaillance dans un logi­ciel peut entraî­ner des dom­mages impor­tants et un effet domi­no dévas­ta­teur. La fia­bi­li­té des logi­ciels est une abso­lue néces­si­té et l’analyse struc­tu­relle des logi­ciels devient plus que jamais vitale.

Justement, CAST est une ETI évoluant dans une niche très pointue notamment l’analyse des logiciels. Quelques mots pour nous en dire plus sur l’entreprise et son positionnement.

C’est à la fois très tech­nique et très simple. Nous déve­lop­pons depuis plus de 20 ans une pla­te­forme logi­cielle d’analyse des struc­tures internes des logi­ciels : l’organisation de la data dans les bases de don­nées, les tran­sac­tions pour y accé­der, la méca­nique algo­rith­mique, le source code, et les inter­dé­pen­dances entre les dif­fé­rents com­po­sants logi­ciels qui consti­tuent un pro­duit logi­ciel. C’est une nou­velle caté­go­rie dont CAST est le pion­nier et le chef de file, la « Soft­ware intel­li­gence ». Notre tech­no­lo­gie est en quelque sorte un « IRM pour logi­ciels » per­met­tant de mesu­rer l’état de san­té des sys­tèmes, leur rési­lience, leur robus­tesse… mais aus­si d’identifier les défauts tech­niques qui pour­raient engen­drer des dys­fonc­tion­ne­ments ou des inter­rup­tions de ser­vice. Notre tech­no­lo­gie peut éga­le­ment esti­mer la quan­ti­té de tra­vail qui a été néces­saire à la réa­li­sa­tion de tel ou tel logi­ciel, ain­si que les cos de main­te­nance à venir. Tout cela repose sur un inves­tis­se­ment R&D pas­sé d’environ 160 mil­lions d’euros, et nous conti­nuons d’investir près de 10 mil­lions par an en recherche avec un focus sur la pré­ci­sion et l’exactitude des résultats.

Plus particulièrement à qui vous adressez-vous ? Et à quelles problématiques répondez-vous ?

Nous accom­pa­gnons les grandes et moins grandes entre­prises, les inté­gra­teurs de sys­tèmes, les édi­teurs de logi­ciels, les inves­tis­seurs…, toutes les orga­ni­sa­tions qui ont besoin de mieux com­prendre et éva­luer les logi­ciels. Aujourd’hui, des groupes tels que Thales, Orange, Sony, Bank of New York Mel­lon, le Depart­ment of Defense DoD amé­ri­cain, Accen­ture, Cap­ge­mi­ni… sont autant de belles vitrines. Notre pla­te­forme d’analyse les aide à pré­ve­nir, diag­nos­ti­quer, sur­veiller, amé­lio­rer leurs logi­ciels… Nous appor­tons aux déci­deurs, aux archi­tectes logi­ciels, aux res­pon­sables de pro­duits plus de clar­té sur l’état de san­té de leurs actifs logi­ciels, et nous aidons les équipes de déve­lop­pe­ment à mieux maî­tri­ser une com­plexi­té tech­nique expo­nen­tiel­le­ment croissante.

Vous êtes basés aux USA. Pourquoi ce choix ? Quels enseignements tirez-vous d’une société opérant sur trois continents et 10 pays ?

Je suis là o le plus gros de notre poten­tiel de déve­lop­pe­ment se trouve. CAST conso­lide son chiffre d’affaires en France, mais nous sommes depuis long­temps très tour­nés vers l’international, avec une pré­sence en Inde, en Chine, aux États-Unis, en Espagne, Ita­lie, Angle­terre, Alle­magne… 80 % de notre chiffre d’affaires est réa­li­sé à l’export dont 50 % auxÉ­tats-Unis. Le fait de ren­trer dans la culture du pays me semble fon­da­men­tal. Nous sommes ita­liens en Ita­lie, indiens en Inde, fran­çais en France… Et cela va bien au-delà de l’habituelle « stra­té­gie glo­bale – exé­cu­tion locale ». J’aime à dire que nous ne sommes ni fran­çais, ni amé­ri­cains, ni indiens… mais ter­riens, et que nous devons vivre dans le res­pect des habi­tudes et des cou­tumes locales.

Quels sont les challenges auxquels vous êtes confronté ? Comment capitalisez.vous sur l’expertise de vos ingénieurs de haut niveau pour les relever ?

Notre pro­po­si­tion de valeur est simple et attrac­tive, mais il n’existe pas encore assez de demande spon­ta­née. Cer­tains déci­deurs vision­naires prennent les devants, mais nous inter­ve­nons encore trop sou­vent après des crises, des inci­dents, pour ana­ly­ser la cause de telle ou telle catas­trophe et sug­gé­rer les modi­fi­ca­tions per­ti­nentes. Encore trop nom­breux sont ceux qui ne pré­fèrent pas savoir, ou qui ne veulent pas que cela se sache, ou qui pensent que « cela n’arrive qu’aux autres ». C’est évi­dem­ment moins vrai pour les sys­tèmes embar­qués que pour l’informatique d’entreprise, mais dans les deux cas, il ne faut pas perdre de vue qu’il n’y a aucune obli­ga­tion régle­men­taire. Il en va du bon vou­loir du pro­prié­taire du logi­ciel de véri­fier si celui-ci est vrai­ment fiable et rési­lient. Les normes tech­niques de qua­li­té logi­cielle existent mais il n’y a pas encore d’obligations régle­men­taires pour s’y confor­mer (y com­pris pour les sys­tèmes dits life cri­ti­cal, tel un avion, ou busi­ness cri­ti­cal, telle une place de mar­ché élec­tro­nique…). Il y a bien des stan­dards sur les pro­cess de déve­lop­pe­ment, mais pas sur le pro­duit finit. Nous misons donc sur des ingé­nieurs d’affaires de haute tech­ni­ci­té capables de faire bou­ger les lignes, d’introduire le chan­ge­ment, convaincre les direc­tions infor­ma­tiques, indus­trielles, géné­rales de mettre un coup de pro­jec­teur sur l’intérieur de leurs logi­ciels. Les jeunes et moins jeunes poly­tech­ni­ciens sont bien­ve­nus chez CAST par­tout dans le monde, et en par­ti­cu­lier à New York !

Quels sont les perspectives de développement de CAST et les axes que vous avez choisi de privilégier pour les années à venir ?

Nous avons beau­coup inves­ti ces der­nières années sur notre capa­ci­té d’exécution et de construc­tion d’un réseau de par­te­naires, tel le Bos­ton Consul­ting Group, IBM, Accen­ture ou Deloitte qui font appel à notre tech­no­lo­gie pour réa­li­ser des mis­sions d’analyse du risque logi­ciel. Nous sommes aujourd’hui en train d’en récol­ter les fruits. En termes de dyna­mique de mar­ché, l’omniprésence des logi­ciels dans notre quo­ti­dien, dans les entre­prises, dans l’industrie, et l’imbrication très pous­sée en train de s’opérer à tous les niveaux, consti­tue une for­mi­dable oppor­tu­ni­té pour notre « IRM pour logi­ciels ». La qua­li­té struc­tu­relle des logi­ciels est en passe de deve­nir une donne stra­té­gique que les diri­geants devront conti­nuel­le­ment éva­luer et vérifier.


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