Focus sur le peignage moléculaire
Aaron Bensimon, CEO et cofondateur de Genomic Vision nous en dit plus sur la technologie du peignage moléculaire développée par son entreprise. Il revient notamment sur les apports et les bénéfices de cette technologie en matière de thérapie génique et de bio production. Explications.
Votre ambition est d’apporter une nouvelle perspective à la caractérisation de cellules génétiquement transformées à des fins de thérapie génique et de bio-production. Pourquoi ?
La technologie de peignage moléculaire développée par Genomic Vision donne une perspective unique pour visualiser les larges réarrangements du génome. Cette technologie est particulièrement adaptée à la caractérisation de génomes de lignées qui ont été génétiquement optimisées. Les procédés de bio-production consistent à faire fabriquer des anticorps ou des protéines recombinantes dans des lignées cellulaires où des gènes d’intérêt ont été incorporés.
De leur côté, les thérapies cellulaires et géniques recourent de plus en plus à l’utilisation de matériel biologique dont le génome a été optimisé, en insérant des gènes, ce qui lui confère des propriétés thérapeutiques. On parle alors d’édition du génome et, dans ces deux cas, il est nécessaire de pouvoir observer que les modifications sont réalisées proprement (insertion des gènes au bon locus, nombre d’insertion conforme aux attentes…) et qu’elles sont stables. En effet, les modifications génomiques utilisent des procédés qui peuvent engendrer des modifications ultérieures et altérer les propriétés de ces cellules, dont l’instabilité génomique serait problématique notamment en termes de sécurité.
“La technologie de peignage moléculaire développée par Genomic Vision donne une perspective unique pour visualiser les larges réarrangements du génome. Cette technologie est particulièrement adaptée à la caractérisation de génomes de lignées qui ont été génétiquement optimisées.”
Dans ce cadre, quel est votre positionnement et votre cœur d’activité ?
De nombreuses technologies permettent de caractériser le génome et ses modifications. Aujourd’hui, les différentes techniques de séquençage sont utilisées dans quasiment toutes les lignées cellulaires, qui sont elles-mêmes utilisées dans les thérapies innovantes. Ces techniques sont très précises, et permettent d’identifier des modifications précises du génome. Toutefois, quand les réarrangements sont importants ou répétés, les algorithmes de reconstitution sont trompés et peuvent conduire à des erreurs d’interprétation. C’est précisément dans ce cas que la technologie de peignage prend tout son sens. À partir de là, le cœur de cible de Genomic Vision réside dans les procédés d’édition du génome, utilisant des outils de biologie moléculaire d’insertion de gènes.
Pour ce faire, vous utilisez une technologie propriétaire et innovante : le peignage moléculaire.
Pouvez-vous nous la présenter ?
Le peignage moléculaire consiste à étaler les molécules d’ADN le plus longue possible pour observer ses éventuelles modifications au microscope. La première étape clé consiste à extraire l’ADN des cellules, et le dérouler, sans le casser. Notre protocole permet d’obtenir des brins intacts, longs de plusieurs millions de paires de bases.
Cet ADN est ensuite étalé sur des lames de manière homogène. L’homogénéité de ce peignage est critique pour permettre la détection simultanée d’évènements sur des centaines de cellules. Les gènes recherchés sont alors détectés par fluorescence, via un procédé d’hybridation spécifique.
La puissance de cette technologie réside dans l’ingénierie des sondes utilisées pour la détection des évènements, et la capacité de calcul du système pour repérer et analyser les signaux détectés sur des centaines de cellules, ce qui permet de donner une vision globale et statistique d’événements, même lorsqu’ils sont rares (inférieur à 1 %). Nous avons également adapté cette technologie pour pouvoir observer les mécanismes de la réplication de l’ADN afin de caractériser l’efficacité de composés actifs, comme les anti-cancéreux.
Concrètement, à quels besoins répondez-vous grâce à votre technologie ?
Les techniques d’édition du génome permettent de réaliser des modifications extrêmement sophistiquées du génome. Mais les outils utilisés sont souvent puissants et les insertions de gènes sont souvent répétées, y compris dans des zones indésirables du génome, par manque de spécificité. La technologie de peignage moléculaire permet donc de caractériser ces modifications de manière simplifiée par la visualisation directe des sondes utilisées, et offre donc une nouvelle fenêtre pour les industriels qui souhaitent, et même qui doivent, décrire les mécanismes d’action de leur produits thérapeutiques, démontrer la stabilité génomique de leurs constructions, et démontrer la reproductibilité de leurs procédés de production.
Les acteurs de l’industrie pharmaceutique et de la Biotech peuvent ainsi mieux choisir les composés et procédés qu’ils vont développer, mais aussi renforcer les chances de succès de leurs candidats médicaments, dont le développement coûte de plus en plus cher (jusqu’à un milliard d’euros) et prend de plus en plus de temps (jusqu’à 10 ans).
“Nous nous positionnons comme un partenaire du développement et de la production de bio-thérapies. Nous proposons une technologie éprouvée qui permet de sécuriser et caractériser des produits thérapeutiques, pour lequel le niveau de sécurité est essentiel.”
Aujourd’hui, comment vous projetez-vous sur le marché de la thérapie génique et la bio-production ?
Nous nous positionnons comme un partenaire du développement et de la production de bio-thérapies. Nous proposons une technologie éprouvée qui permet de sécuriser et caractériser des produits thérapeutiques, pour lequel le niveau de sécurité est essentiel.
On propose cette technologie sous la forme de services réalisés pour les acteurs de la thérapie génique et la bio-production, mais aussi sous la forme de partenariats stratégiques afin de permettre à nos clients de bénéficier de toute sa puissance et son potentiel. Aujourd’hui, si ce marché est mondial, les acteurs restent très bien identifiés.
Quels sont les enjeux auxquels vous êtes confrontés ?
Dans le cadre de notre développement, nous sommes confrontés à deux enjeux majeurs. Le premier concerne l’optimisation et l’automatisation de notre procédé afin de pouvoir faciliter un usage reproductible sur les sites de mise en œuvre.
Et le second enjeu porte sur le développement continu d’algorithmes dédiés aux applications, afin d’augmenter le potentiel et la sensibilité de détection des évènements génomiques. Comme le dit l’adage : « On ne trouve que ce que l’on cherche » ! Ainsi, plus on développe une fine connaissance de que l’on cherche, plus facilement on le trouvera… Dans notre cas, l’utilisation de sondes adaptées (séquence, taille, couleur) et l’anticipation de leur combinaison dans les génomes observés sont un moyen de renforcer la puissance de cet outil analytique.