FONDEX : une entreprise familiale dans l’air du temps
Entretien croisé de David Schuler, CEO de FONDEX, et Sylvain Barbier, directeur commercial. Ils reviennent pour nous sur le positionnement de cette entreprise familiale, fondée il y a de plus de 60 ans, spécialisée dans l’industrialisation et la production multi-techniques de pièces et sous-ensembles métalliques.
Pouvez-vous nous présenter FONDEX et ses principaux métiers et activités ?
David Schuler : FONDEX est une entreprise familiale qui a été fondée par mon grand-père Henri Revuz en 1954 à Cluses en Haute-Savoie. L’activité historique de FONDEX était le décolletage. Au fil des années, le positionnement de l’entreprise a évolué et son cœur de métier couvre aujourd’hui l’ingénierie, la co-conception, l’outillage, la découpe, l’emboutissage et l’assemblage de pièces en métaux ferreux et non ferreux pour répondre aux besoins des secteurs de l’automobile, de l’armement, de la sécurité, de l’aéronautique, du ferroviaire, de l’électronique, du matériel agricole ou encore de l’habitat… En parallèle, FONDEX prend également en charge les opérations de finition et dispose d’un processus intégré de lavage, de dégraissage, de dépollution particulaire et de conditionnement… L’entreprise maîtrise ainsi un savoir-faire polytechnique étendu couvrant l’ensemble de la chaine de valeur des pièces.
En 2021, l’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de 17 millions d’euros, dont la plus grosse partie est générée dans le secteur de l’automobile avec des équipementiers de rang un et deux. 40 % de notre activité est réalisée à l’export. Nous employons près de 85 personnes. Depuis sa création, FONDEX place l’amélioration continue de la qualité au cœur de sa stratégie. Elle a été une des premières entreprises à avoir obtenu les certifications ISO 9001 puis ISO TS (devenue IATF 16949) et ISO 14001.
Nous entendons de plus en plus parler d’Industrie 4.0, de robotique, d’automatisation. Comment appréhendez-vous ces dimensions au sein de FONDEX ? Pouvez-vous nous donner des exemples concrets ?
Sylvain Barbier : Avec l’Industrie 4.0, un des enjeux est de supprimer les opérations manuelles pour des production en moyennes et grandes séries avec pour objectifs de réduire le temps des tâches à faible valeur ajoutée, d’améliorer la productivité, la qualité mais aussi les conditions de travail des collaborateurs en ayant recours à des robots. Typiquement, la robotique peut être utilisée sur de la récupération de pièces en sortie de presse, de l’assemblage de pièces combiné à des opérations diverses de soudures, ou encore du contrôle de pièces avec des machines spécifiques automatisées…
Nous assistons aujourd’hui à un très fort développement de la robotique avec des machines de plus en plus intelligentes qui sont capables de communiquer entre elles et de s’interfacer. FONDEX est résolument engagée dans cette démarche d’industrie 4.0 via l’intégration de fonctions automatisées et robotiques ainsi que le déploiement d’un système MES pour optimiser les suivis de production. Cela s’est traduit notamment par la mise en œuvre de presses qui intègrent des fonctions automatisées ou robotisées. Notre presse 315 tonnes arcade est un nouvel outil qui permet de produire automatiquement de pièces embouties destinées à des systèmes respiratoires militaires et civils. L’automatisation de la production permet d’améliorer la cadence horaire, la qualité et les conditions de travail des opérateurs. Une autre presse 630 tonnes arcade est destinée, quant à elle, à une production en grande série de blindage pour des calculateurs électroniques. Son utilisation permet aussi d’optimiser les cadences, la qualité et les conditions de travail de l’ensemble des parties prenantes.
Dans ce cadre, quelle place occupe l’innovation ?
D.S : L’innovation est au service de notre développement et de l’optimisation de la productivité, de la qualité des pièces et des conditions de travail. Plus particulièrement, en externe, notre capacité d’innovation reste liée aux projets que nos clients nous confient. Et en interne, nous explorons différents axes. En amont, nous travaillons sur le développement de nouveaux produits. En aval, l’innovation va plutôt porter sur l’industrialisation en série des produits pour produire avec une plus grande performance et efficacité. Enfin, nous travaillons aussi sur la collecte, l’exploitation, la traçabilité et la valorisation des données de production et de contrôle.
Dans le cadre de cette démarche d’innovation, en octobre dernier, nous avons ouvert un poste de technicien méthodes pour étudier les pistes de robotisation de nos processus et de nos postes. C’est un projet significatif qui devrait aboutir en 2023.
Quelles sont les compétences que vous recherchez dans cette continuité ?
D.S : Nous recherchons des talents qui ont une appétence pour l’industrie, la robotisation et l’automatisation.
Au-delà des compétences, des expertises et des savoir-faire, nous sommes sensibles aux qualités humaines et relationnelles. En effet, FONDEX est avant tout une PME familiale qui offre un environnement de travail bienveillant et évolutif où chacun peut s’épanouir.
Et contrairement aux idées reçues, la robotisation est génératrice d’emplois dans le futur. En effet, dans un processus, un robot seul est inutile. Sa vocation est d’accompagner les techniciens et opérateurs afin qu’ils puissent se concentrer sur des actions et missions à plus forte valeur ajoutée, moins répétitives et moins pénibles.
Aujourd’hui, comment vous projetez-vous sur le marché ? Quels sont vos enjeux et axes de développement ?
S.B : Nous voulons développer encore la flexibilité et la performance de nos capacités d’industrialisation et de production pour apporter des solutions techniques et industrielles adaptées aux besoins de nos clients, avec les meilleures conditions de qualité, de prix et de délais. En parallèle, l’optimisation de la capacité de charge d’une machine permet non seulement d’améliorer la productivité, mais aussi d’obtenir un meilleur ROI avec le parc existant sans avoir à investir dans de nouvelles machines. Beaucoup d’industriels acquièrent, en effet, à tort des machines pour pallier la charge et se retrouve avec un parc important qui nécessite un investissement conséquent (locaux, maintenance…).
Une démarche de robotisation réfléchie permet ainsi d’impacter avec efficience la gestion du parc industriel et les capacités de production. En interne, cela passe par le recrutement, mais aussi par la montée en compétences de nos opérateurs et techniciens. Au-delà, cette démarche vient nourrir nos objectifs d’amélioration des conditions de travail et de réduction des troubles musculo- squelettiques. Enfin, d’un point de vue sectoriel, nous continuons notre stratégie de diversification et cherchons à nous positionner sur des segments d’activité porteurs comme l’électrification des véhicules, qui connaît un très fort développement en Europe.