Forssea Robotics, l’expert de la robotique autonome pour l’inspection sous-marine
Avec ses ROV (Remotely Operated Vehicle) de nouvelle génération, Forssea Robotics optimise l’inspection et la maintenance des infrastructures sous-marines pour les acteurs de l’énergie offshore. Son cofondateur et CEO, Gautier Dreyfus (X10), nous présente cette jeune pousse technologique française et ses ambitions sur le marché de l’éolien offshore en pleine croissance.
Quels sont votre cœur de métier et votre positionnement ?
Nous sommes avant tout des roboticiens. On dit souvent que la robotique repose sur le triptyque « Logiciel, Électronique et Mécanique » ce qui se vérifie parfaitement en eau profonde où les contraintes sont extrêmes. Si le développement de la navigation autonome de nos plateformes est la plus génératrice de valeur ajoutée, nous sommes également fiers de notre savoir-faire industriel qui nous permet de maitriser les aspects plus matériels de la machine.
Nous déployons nos systèmes en haute-mer principalement pour les grands acteurs de l’énergie offshore (secteurs pétroliers et éoliens) dont les structures principalement métalliques en mer ont besoin d’être maintenues. En amont de cette maintenance, il y a une phase nécessaire d’inspection. C’est à ce niveau que nous intervenons avec nos robots qui permettent de réaliser ce travail d’inspection visuelle et de contrôle non destructif (corrosion, mesure d’épaisseur…) sous-marin en prévision des actions de maintenance.
Nos robots dotés de caméras haute-définition ont la capacité d’inspecter des infrastructures jusqu’à 500 mètres sous l’eau afin de remonter la donnée visuelle à partir de laquelle nos clients vont pouvoir prévoir leurs actions de maintenance.
Nous bénéficions de notre travail de R&D des quatre dernières années qui nous a permis de concevoir et qualifier un premier ROV en collaboration avec des acteurs de l’Oil & Gas, comme TotalEnergies, et des opérateurs de l’éolien. Nous intégrons différents systèmes (capteurs, caméras, moteurs…) afin de rendre nos robots intelligents pour qu’ils puissent suivre un plan d’intervention autonome.
Alors que les ROV sont traditionnellement pilotés et déployés depuis des navires coûteux, les ROV de FORSSEA permettent d’automatiser le travail d’inspection. Les campagnes sont réalisées plus rapidement et les données sont consolidées d’une inspection à une autre.
Au cœur de votre activité, on retrouve la notion de Robotics As A Service. De quoi s’agit-il concrètement ?
Depuis quelques années, nous assistons à une transition de la chaîne de valeur des acteurs du maritime – majoritairement issus de l’Oil & Gas – vers l’éolien en mer avec une demande de moyen plus flexible et moins coûteuse.
Nous proposons des machines complexes dont l’achat peut représenter un risque financier et technologique pour les entreprises. En effet, au-delà de l’acquisition de ces robots, ces dernières ont besoin d’être accompagnées pour pouvoir les utiliser de manière efficiente. Fort de ce constat, nous avons opté pour un modèle : nous associons la location de la machine à un contrat de maintenance ainsi qu’à un support technologique. Ceci nous permet d’adapter nos robots aux besoins de nos clients afin de les intégrer à leurs opérations et processus d’inspection et de maintenance de leurs infrastructures sous-marines.
En outre, nos produits et solutions ont la capacité de s’interfacer avec l’ensemble des outils, des systèmes et des logiciels utilisés par nos clients. Concrètement un acteur pétrolier, gazier ou un opérateur de l’éolien offshore va pouvoir piloter et superviser le travail du robot depuis ses propres outils et remonter les données dans les logiciels qu’il utilise (le plus souvent un GIS – Geographic Information System). Nous ne leur vendons pas de nouveaux équipements ou logiciels, nous leur louons des solutions interopérables avec leurs propres équipements sur des contrats dont la durée peut varier entre deux et quatre ans.
Pour vos clients, en quoi ce modèle est-il pertinent ?
La robotique est un domaine en pleine évolution. Chaque jour de nouvelles innovations viennent redessiner les contours de ce secteur qui connaît un très fort développement. La location permet à nos clients de se prémunir contre l’obsolescence technologique de solutions ou produits qu’ils auraient pu acquérir. C’est aussi un moyen d’optimiser son budget. Au-delà, ce modèle permet également de construire une relation continue entre nos équipes et notre client basée sur un accompagnement sur-mesure afin de faire évoluer nos robots en fonction de leurs contraintes et de leurs objectifs.
À notre niveau, ce modèle nous donne la possibilité de pénétrer beaucoup plus rapidement le marché. Dans ce secteur connu pour être assez conservateur, proposer des offres de location sur le long terme permet à nos clients d’engager un budget maîtrisé et de se retirer en cas d’insatisfaction. À partir de là, leur satisfaction – et en premier lieu la fiabilité de nos machines – représente un enjeu stratégique pour notre pérennité et développement !
Pouvez-vous nous donner des exemples concrets de projets sur lesquels vous êtes amenés à travailler ?
Actuellement, nous participons à de nombreux appels d’offres pour l’inspection de champs éoliens offshore, en France et en Europe. Nous sommes régulièrement consultés par de grandes sociétés de service maritime qui cherchent à robotiser leur offre. De plus en plus de clients, mais aussi d’appels d’offres cherchent à automatiser les campagnes d’inspection en capitalisant sur une machine disponible à temps plein qui pourrait être déployée régulièrement, voire quotidiennement, pour superviser leurs actifs à distance et avoir également accès en temps réel aux images prises par les robots afin de préparer efficacement les opérations de maintenance. Grâce à nos robots et notre data center qui sera déployé en 2023, nous sommes en mesure de les accompagner à ce niveau. L’été dernier, nous avons notamment permis à un acteur parapétrolier d’automatiser l’inspection d’une dizaine de sites d’une taille équivalente à un terrain de football et de l’ensemble de leurs systèmes de production (tête de puits, pipeline, flexibles…).
En parallèle, nous travaillons sur la donnée visuelle avec la fabrication en interne de caméras dédiées au monde sous-marin et de l’offshore. Au-delà de la fourniture de ces caméras, nous couvrons aussi le traitement d’images embarqué et l’IA pour donner à nos clients des informations permettant de positionner et de reconnaître des cibles dans cet environnement. Nous avons déjà vendu plusieurs caméras dans le monde entier à des acteurs connus comme IFREMER ou TotalEnergies, ou encore un leader de la défense américaine… Nos caméras peuvent être utilisées par des navires de guerre, des plateformes de forages ou des bateaux de construction pour l’éolien, mais aussi des terminaux portuaires. Par exemple, avec un important acteur de ce domaine, nous proposons cette solution pour équiper des terminaux de GNL. Facile à intégrer, le produit connaît aujourd’hui un beau développement.
Quelles sont vos ambitions ?
Devenir un leader de la robotique sous-marine téléopérée et le leader européen sur segment dans le domaine de l’éolien offshore. Nous ciblons en priorité les marchés où la robotique fait sens et où elle a un fort potentiel de développement. C’est justement le cas du marché de l’éolien offshore qui va doubler tous les quatre ans et où il y a la possibilité de dupliquer nos actions, car les éoliennes sont identiques dans le monde entier ! Aujourd’hui, notre principal objectif est donc de renforcer notre offre dans l’inspection autonome des fermes éoliennes.
Quels sont les enjeux qui persistent ?
Le premier enjeu est d’être en mesure de suivre la forte croissance de nos marchés afin de pouvoir croître. Le second enjeu est, quant à lui, relatif à la donnée. Alors qu’on parle de plus en plus de maintenance prédictive, on assiste à une explosion du volume de données. À titre indicatif, l’inspection d’une éolienne représente une vingtaine d’heures de vidéos. Sur un champ éolien, on peut très vite avoir des milliers d’heures de vidéos à étudier une à deux fois par an en fonction du plan de maintenance. Au-delà de la possibilité de mettre en place un programme de maintenance prédictive, ces données et informations sur un champ éolien en particulier vont permettre d’optimiser la construction d’autres sites à proximité ou implantés dans des zones ayant les mêmes caractéristiques.
Enfin le dernier enjeu est financier et plus particulièrement concerne le coût de revient de l’électricité (LCOE). Même si les volumes de production augmentent, les marges des électriciens restent faibles. Le recours à la robotique et plus particulièrement à nos solutions est une option afin de mieux maîtriser leurs dépenses et leurs budgets liés à la maintenance de leurs infrastructures.
Quelles sont les prochaines étapes pour votre start-up ?
Aujourd’hui, nous sommes en plein phase de commercialisation. Au cours des deux dernières années, nous avons doublé notre chiffre d’affaires et ambitionnons de maintenir ce rythme sur le moyen terme. En 2020, IFREMER est entré au capital de notre société et nous préparons une levée de fonds pour 2023 pour accélérer notre développement commercial et le déploiement de nos solutions à l’international.