Fraikin catalyse et facilite la décarbonation de la logistique !

Fraikin catalyse et facilite la décarbonation de la logistique !

Dossier : Vie des entreprises - Décarbonation et économie circulaireMagazine N°799 Novembre 2024
Par Yves PETIN
Par Ronan BOURGAIN

Depuis 80 ans, Frai­kin accom­pagne les entre­prises dans leur mobi­li­té en met­tant à leur dis­po­si­tion des véhi­cules en loca­tion. Dans un contexte où la course à la décar­bo­na­tion s’accélère, Frai­kin a l’ambition de se posi­tion­ner comme un cata­ly­seur et faci­li­ta­teur de cette décar­bo­na­tion. Yves Petin, PDG du groupe Frai­kin, et Ronan Bour­gain, direc­teur du déve­lop­pe­ment et de la stra­té­gie et direc­teur géné­ral de la zone d’Europe cen­trale, nous en disent plus.

Dans la course à la décarbonation, la logistique est un secteur clé. Pourquoi ?

La logis­tique couvre notam­ment les métiers du trans­port rou­tier, aérien, fer­ro­viaire et naval qui sont des acti­vi­tés très consom­ma­trices d’énergie et émet­trices de CO2 et de gaz à effet de serre.

Sur cette chaîne de valeur, Frai­kin se posi­tionne comme un acteur de la loca­tion de camions pour la dis­tri­bu­tion et les ser­vices cri­tiques régio­naux, des acti­vi­tés qui génèrent 30 % des gaz à effet de serre euro­péens. Aujourd’hui, tous les acteurs de cet éco­sys­tème se mobi­lisent en faveur de la décar­bo­na­tion et se dotent de feuilles de route et de tra­jec­toires de réduc­tion de leur empreinte car­bone et environnementale.

Le secteur dispose-t-il des technologies nécessaires pour réussir cette transition ?

Les tech­no­lo­gies existent, mais leur matu­ri­té et leur via­bi­li­té éco­no­mique varient. Les construc­teurs auto­mo­biles, appe­lés OEM, concentrent leurs efforts sur la R&D pour déve­lop­per de nou­veaux modèles et moto­ri­sa­tions, tan­dis que d’autres acteurs indus­triels tra­vaillent sur l’écosystème éner­gé­tique (car­bu­rants alter­na­tifs, élec­tri­ci­té, hydro­gène) pour déve­lop­per les infra­struc­tures de recharge ou le sto­ckage de ces éner­gies, notam­ment à tra­vers les batteries.

Chez Frai­kin, nous ajou­tons entre 30 et 300 % de valeur d’équipements spé­cia­li­sés sur les véhi­cules stan­dards, tels que des grues, groupes froids ou équi­pe­ments pour ambu­lance, afin de répondre aux besoins de nos clients. Notre pre­mier défi est donc de nous pro­cu­rer un châs­sis décar­bo­né. L’offre est plus limi­tée par rap­port aux moto­ri­sa­tions ther­miques et les per­for­mances de ces nou­veaux véhi­cules ne sont pas encore maîtrisées.

Notre Frai­kin Lab joue un rôle cru­cial en tes­tant les véhi­cules élec­triques et à car­bu­rants alter­na­tifs, four­nis­sant des don­nées de per­for­mance réelles en condi­tions d’utilisation. Ces infor­ma­tions sont essen­tielles pour ras­su­rer nos clients sur les capa­ci­tés et l’autonomie de ces nou­veaux véhi­cules, ain­si que pour nos équipes qui les main­tien­dront pen­dant plu­sieurs années.

La dis­po­ni­bi­li­té des tech­no­lo­gies ne suf­fit pas à elle seule pour décar­bo­ner le sec­teur. L’avantage éco­no­mique reste le prin­ci­pal moteur de cette tran­si­tion. L’enjeu est d’obtenir un TCO (Total Cost of Owner­ship) com­pé­ti­tif pour ces nou­velles tech­no­lo­gies. Nous obser­vons que la dif­fé­rence de TCO entre véhi­cules ther­miques et décar­bo­nés se réduit, et nous pré­voyons une baisse conti­nue dans les années à venir.

Enfin, notre exper­tise en main­te­nance élec­trique et notre capa­ci­té à pro­po­ser des solu­tions tech­niques pour tous les besoins actuels des clients nous posi­tionnent comme un acteur ayant toutes les clés pour réus­sir cette tran­si­tion énergétique.

Les acteurs du secteur, notamment les constructeurs, ont émis de nombreuses critiques sur la trajectoire de décarbonation qui est imposée par l’Europe. À votre niveau, quel regard portez-vous sur ce sujet ?

Nous com­pre­nons les pré­oc­cu­pa­tions des construc­teurs face à une régle­men­ta­tion qui les oblige à trans­for­mer rapi­de­ment leur modèle éco­no­mique et leur outil de pro­duc­tion industriel.

Le volet éner­gé­tique com­plexi­fie leur agen­da. Aupa­ra­vant foca­li­sés sur un seul type de moto­ri­sa­tion, ils doivent main­te­nant explo­rer plu­sieurs pistes tech­no­lo­giques pour les véhi­cules légers et lourds, tout en main­te­nant leur com­pé­ti­ti­vi­té face à des acteurs étran­gers béné­fi­ciant de sub­ven­tions gou­ver­ne­men­tales importantes.

Frai­kin, en tant qu’entreprise citoyenne, s’est enga­gée depuis plu­sieurs années dans la tran­si­tion envi­ron­ne­men­tale, notam­ment à tra­vers le ver­dis­se­ment de sa flotte et celle de ses clients. La tra­jec­toire de décar­bo­na­tion offre une visi­bi­li­té et une sta­bi­li­té pour la pro­chaine décen­nie, ce qui nous per­met de pla­ni­fier nos actions.

Néan­moins, des défis per­sistent, notam­ment concer­nant les infra­struc­tures de recharge dans l’espace public et la néces­si­té d’assurer que les véhi­cules élec­triques soient ali­men­tés par une élec­tri­ci­té verte. C’est un éco­sys­tème qui doit se trans­for­mer, cha­cun a un rôle à jouer, l’Europe en est le chef d’orchestre qui s’assure que tout le monde avance en même temps.

Frai­kin, en tant qu’acteur indé­pen­dant, apporte des solu­tions éner­gé­tiques adap­tées aux besoins actuels de ses clients, sans obli­ga­tion de décar­bo­ner comme les construc­teurs. Notre exper­tise nous per­met d’accompagner les entre­prises dans leur tran­si­tion, quelle que soit leur taille, en pro­po­sant des conseils sur la décar­bo­na­tion de leur flotte et en offrant des solu­tions tech­niques pour tous les besoins actuels.

Notre enga­ge­ment est de pro­po­ser, dans 100 % des confi­gu­ra­tions deman­dées par nos clients, y com­pris pour des véhi­cules com­plexes, une solu­tion en éner­gie décar­bo­née ou alternative.

Et en matière de décarbonation de la mobilité, quel rôle peut jouer la location ?

La loca­tion joue un rôle essen­tiel dans la tran­si­tion vers la décar­bo­na­tion du sec­teur logis­tique. En effet, elle per­met aux entre­prises de réduire leurs dépenses en capi­tal (CAPEX) tout en sim­pli­fiant la main­te­nance des véhicules.

Une étude récente a révé­lé que le coût plus éle­vé des véhi­cules élec­triques par rap­port aux ther­miques incite de plus en plus d’entreprises à opter pour la loca­tion. À l’usage, l’électricité s’avère moins coû­teuse que l’essence, ren­dant cette option finan­ciè­re­ment attrac­tive. De plus, Frai­kin prend en charge l’entretien com­plet des véhi­cules, y com­pris les spé­ci­fi­ci­tés liées aux modèles élec­triques, ce qui libère les clients des pré­oc­cu­pa­tions techniques.

Pour nos clients, leurs véhi­cules sont des outils de tra­vail. Ils en ont besoin, les uti­lisent, mais ne sont pas des spé­cia­listes du sujet. La tran­si­tion sus­cite de nom­breuses ques­tions : com­ment ini­tier leur tran­si­tion ? À quel moment doivent-elles se lan­cer ? Com­ment prio­ri­ser la tran­si­tion de sa flotte ? Com­ment se recharger ?…

Frai­kin se posi­tionne comme un faci­li­ta­teur, offrant un accom­pa­gne­ment per­son­na­li­sé pour les aider, quelle que soit leur taille, à ini­tier leur tran­si­tion énergétique.

En résu­mé, notre approche dans cette tran­si­tion est de nous occu­per de tout et lais­sons seule­ment à nos clients la res­pon­sa­bi­li­té de la conduite des véhicules !

En matière de mobilité lourde, actuellement, plusieurs pistes sont explorées, les principales étant l’électrique et l’hydrogène. Qu’en est-il ?

L’électrique avec bat­te­ries est actuel­le­ment la tech­no­lo­gie la plus mature et lar­ge­ment adop­tée pour les véhi­cules légers et moyens et la mobi­li­té lourde (plus de 19 tonnes). L’hydrogène avec moteur à com­bus­tion est une tech­no­lo­gie émer­gente, offrant une alter­na­tive inté­res­sante pour les véhi­cules lourds et longues dis­tances (500 à 1000 km par jour). L’électrique avec exten­sion d’autonomie à hydro­gène (range exten­der) com­bine les avan­tages des deux tech­no­lo­gies, per­met­tant une plus grande flexi­bi­li­té d’utilisation. Chaque option pré­sente des avan­tages et des incon­vé­nients en termes d’autonomie, de temps de recharge/ravitaillement, d’infrastructure et de coût, ce qui explique la coexis­tence de ces tech­no­lo­gies dans le pay­sage de la mobi­li­té décarbonée.

Dans cette phase de tran­si­tion, il est néces­saire d’explorer d’autres alter­na­tives en atten­dant que les aspects tech­no­lo­giques et finan­ciers se pré­cisent. Les bio­fuels et le bio­gaz, par exemple, per­mettent de réduire l’empreinte car­bone de 50 à 60 % « du puits à la roue », offrant une solu­tion inter­mé­diaire intéressante.

Il est impor­tant de noter que la tran­si­tion éner­gé­tique n’est pas uni­forme en Europe. Les pays nor­diques sont en avance en matière de décar­bo­na­tion, notam­ment pour l’électrique, tan­dis que cer­tains pays du sud de l’Europe, comme l’Italie avec le groupe IVECO, sont plus avan­cés sur la moto­ri­sa­tion au gaz pour les véhi­cules légers. Tou­te­fois, cette der­nière tech­no­lo­gie n’a pas voca­tion à être rete­nue à long terme en rai­son de la pro­blé­ma­tique de dis­po­ni­bi­li­té du gaz dans tous les pays européens.

Nous sommes convain­cus que le mix éner­gé­tique sera la clé de la tran­si­tion, et nous nous posi­tion­nons pour aider nos clients à navi­guer dans ces choix com­plexes, en tenant compte du TCO (Total Cost of Owner­ship) et du TCE (Total Cost for Envi­ron­ment) de chaque option.

Quels sont les enjeux et les freins qu’il nous faut encore lever pour se caler sur les objectifs qui ont été fixés par les accords de Paris ?

Pour atteindre les objec­tifs des accords de Paris, plu­sieurs défis res­tent à rele­ver. Tout d’abord, un tra­vail de sen­si­bi­li­sa­tion et de réas­su­rance sur les capa­ci­tés et per­for­mances des nou­veaux véhi­cules décar­bo­nés est néces­saire. Notre Frai­kin Lab teste ces véhi­cules dans diverses situa­tions, four­nis­sant des don­nées fiables et ancrées dans la réa­li­té des usages de nos clients.

Le sys­tème de sub­ven­tions doit être adap­té et assou­pli pour per­mettre aux entre­prises d’accélérer leur tran­si­tion. Actuel­le­ment, ces aides sont prin­ci­pa­le­ment attri­buées sur une base annuelle, alors que les entre­prises pla­ni­fient sur des périodes plus longues. De plus, les démarches res­tent sou­vent com­plexes et fastidieuses.

Un autre frein majeur concerne les volumes de pro­duc­tion. Pour réa­li­ser des éco­no­mies d’échelle signi­fi­ca­tives, il est cru­cial d’augmenter la cadence des chaînes de pro­duc­tion. Cela per­met­trait non seule­ment de réduire les coûts uni­taires des véhi­cules, mais aus­si de don­ner un véri­table élan à la décar­bo­na­tion du secteur.

Enfin, le déve­lop­pe­ment des infra­struc­tures de recharge, notam­ment pour les véhi­cules lourds néces­si­tant des puis­sances éle­vées, reste un enjeu cru­cial. Des par­te­na­riats public-pri­vé seront néces­saires pour rele­ver ce défi et sou­te­nir effi­ca­ce­ment la tran­si­tion éner­gé­tique du sec­teur logistique.

Et pour conclure ?

Frai­kin fête cette année son 80e anni­ver­saire, nous en sommes très fiers. Notre ambi­tion est de conti­nuer à accom­pa­gner nos clients et à leur pro­po­ser des solu­tions simples et sur mesure, notam­ment dans leur tran­si­tion éner­gé­tique. Cette ambi­tion se retrouve, d’ailleurs, dans notre stra­té­gie, Drive 28, qui vise à ren­for­cer notre posi­tion­ne­ment auprès de nos clients, pro­po­ser tou­jours plus de ser­vices qui leur sim­pli­fient le trans­port, accé­lé­rer la mise à dis­po­si­tion de véhi­cules décar­bo­nés, pour­suivre notre déploie­ment à l’échelle euro­péenne, et bien évi­dem­ment, accom­pa­gner nos col­la­bo­ra­teurs et nos par­te­naires dans l’appréhension de l’ensemble de ces enjeux. 

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