François Gauthiez (X87), de la mer à la biodiversité
Issu du corps du Génie rural, des eaux et des forêts, François Gauthiez a développé sa carrière au sein du ministère chargé des pêches maritimes, avant de se tourner vers les aires marines protégées. Depuis 2017, il travaille à la prise en compte de la biodiversité dans les politiques publiques et éclaire les perspectives de carrière dans les métiers de l’écologie.
François, peux-tu me rappeler qui tu es, ton parcours, et ce qui t’a mené dans le métier de l’écologie, ou de l’urgence écologique ? Ou doit-on parler des métiers ?
François Gauthiez : À ma sortie de l’X en 1990, je me suis dirigé vers le corps du Génie rural, des eaux et des forêts, intégré depuis au corps des Ponts, des eaux et des forêts. Il s’agissait pour moi de faire quelque chose « en lien avec la nature », sans beaucoup plus de précisions. Mon service dans la Marine nationale et quelques antécédents familiaux me poussaient également vers la mer.
Finalement, après une thèse de doctorat à la confluence des mathématiques et de la gestion des ressources halieutiques, j’ai rejoint le ministère chargé des pêches maritimes, d’abord comme conseiller scientifique auprès du directeur des pêches maritimes, puis au sein de l’administration stricto sensu, en dernier lieu comme sous-directeur des pêches maritimes.
J’ai ensuite participé au développement des aires marines protégées comme directeur adjoint de l’Agence des aires marines protégées, puis j’ai occupé plusieurs postes de direction à l’Agence française pour la biodiversité et l’Office français de la biodiversité en élargissant à l’ensemble des enjeux de biodiversité, terre et mer – avec comme fil rouge l’appui que peut apporter un établissement public à la bonne prise en compte de la biodiversité dans les politiques publiques et, plus largement, à la montée du sujet dans la société française.
Quelle est la spécificité de ces métiers, quels sont les enjeux ? Quelles compétences faut-il avoir ou développer ?
François Gauthiez : Le sujet de l’écologie est éminemment transversal, on ne saurait évidemment pas parler d’un seul type de métier.
Au sein de l’État, l’idée d’œuvrer pour la protection de la biodiversité ou pour la lutte contre le changement climatique est très en phase avec une certaine idée de l’intérêt général. On comprend rapidement que le caractère transversal de la biodiversité, comme celui du climat, nécessite de s’imprégner des problématiques de beaucoup de secteurs d’activités ou de beaucoup de pans de l’activité des collectivités territoriales. Il est donc intéressant de développer des compétences propres sur la biodiversité ou le climat, en parallèle de compétences plus sectorielles. Et par ailleurs, les compétences en matière de négociation, de concertation, etc. apparaissent rapidement plus qu’utiles.
Et en tant que dirigeant, quel conseil donnerais-tu à un X qui voudrait s’engager dans cette voie ? Quelles perspectives de carrière peut-il avoir ?
François Gauthiez : L’État s’est largement emparé des sujets du climat et de la biodiversité ; il s’agit d’enjeux cruciaux pour l’habitabilité de notre planète et il n’y a pas trop de doutes sur la persistance et la montée en puissance de ces problématiques au sein de l’État, quelles que soient les fluctuations en termes de prise en charge politique sur le court terme.
Du côté des entreprises, pour ne parler que de la biodiversité : leur prise de conscience de l’importance de ce sujet va croissant comme en témoigne le quintuplement de la fréquentation du Forum « biodiversité et économie » qu’organise l’Office français de la biodiversité, depuis la première édition de 2016. Dès lors que les institutions européennes et nationales mettent un cadre réglementaire et incitatif approprié, il y a grand besoin d’intelligence et d’innovation dans les entreprises pour intégrer la biodiversité dans les chaînes de valeur : énergies renouvelables, infrastructures, agro-alimentaire, culture…
Dans tous les cas, État ou entreprise, il y a de la place pour des X ouverts à la complexité des enjeux du vivant, pas trop « techno-solutionnistes » et ouverts sur la société !