François Gauthiez

François Gauthiez (X87), de la mer à la biodiversité

Dossier : Vie de l'associationMagazine N°800 Décembre 2024
Par Isabelle TANCHOU (X80)

Issu du corps du Génie rural, des eaux et des forêts, Fran­çois Gau­thiez a déve­lop­pé sa car­rière au sein du minis­tère char­gé des pêches mari­times, avant de se tour­ner vers les aires marines pro­té­gées. Depuis 2017, il tra­vaille à la prise en compte de la bio­di­ver­si­té dans les poli­tiques publiques et éclaire les pers­pec­tives de car­rière dans les métiers de l’écologie.

François, peux-tu me rappeler qui tu es, ton parcours, et ce qui t’a mené dans le métier de l’écologie, ou de l’urgence écologique ? Ou doit-on parler des métiers ?

Fran­çois Gau­thiez : À ma sor­tie de l’X en 1990, je me suis diri­gé vers le corps du Génie rural, des eaux et des forêts, inté­gré depuis au corps des Ponts, des eaux et des forêts. Il s’agissait pour moi de faire quelque chose « en lien avec la nature », sans beau­coup plus de pré­ci­sions. Mon ser­vice dans la Marine natio­nale et quelques anté­cé­dents fami­liaux me pous­saient éga­le­ment vers la mer.

Fina­le­ment, après une thèse de doc­to­rat à la confluence des mathé­ma­tiques et de la ges­tion des res­sources halieu­tiques, j’ai rejoint le minis­tère char­gé des pêches mari­times, d’abord comme conseiller scien­ti­fique auprès du direc­teur des pêches mari­times, puis au sein de l’administration stric­to sen­su, en der­nier lieu comme sous-direc­teur des pêches maritimes.

J’ai ensuite par­ti­ci­pé au déve­lop­pe­ment des aires marines pro­té­gées comme direc­teur adjoint de l’Agence des aires marines pro­té­gées, puis j’ai occu­pé plu­sieurs postes de direc­tion à l’Agence fran­çaise pour la bio­di­ver­si­té et l’Office fran­çais de la bio­di­ver­si­té en élar­gis­sant à l’ensemble des enjeux de bio­di­ver­si­té, terre et mer – avec comme fil rouge l’appui que peut appor­ter un éta­blis­se­ment public à la bonne prise en compte de la bio­di­ver­si­té dans les poli­tiques publiques et, plus lar­ge­ment, à la mon­tée du sujet dans la socié­té française.

Quelle est la spécificité de ces métiers, quels sont les enjeux ? Quelles compétences faut-il avoir ou développer ?

Fran­çois Gau­thiez : Le sujet de l’écologie est émi­nem­ment trans­ver­sal, on ne sau­rait évi­dem­ment pas par­ler d’un seul type de métier.

Au sein de l’État, l’idée d’œuvrer pour la pro­tec­tion de la bio­di­ver­si­té ou pour la lutte contre le chan­ge­ment cli­ma­tique est très en phase avec une cer­taine idée de l’intérêt géné­ral. On com­prend rapi­de­ment que le carac­tère trans­ver­sal de la bio­di­ver­si­té, comme celui du cli­mat, néces­site de s’imprégner des pro­blé­ma­tiques de beau­coup de sec­teurs d’activités ou de beau­coup de pans de l’activité des col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales. Il est donc inté­res­sant de déve­lop­per des com­pé­tences propres sur la bio­di­ver­si­té ou le cli­mat, en paral­lèle de com­pé­tences plus sec­to­rielles. Et par ailleurs, les com­pé­tences en matière de négo­cia­tion, de concer­ta­tion, etc. appa­raissent rapi­de­ment plus qu’utiles.

Et en tant que dirigeant, quel conseil donnerais-tu à un X qui voudrait s’engager dans cette voie ? Quelles perspectives de carrière peut-il avoir ?

Fran­çois Gau­thiez : L’État s’est lar­ge­ment empa­ré des sujets du cli­mat et de la bio­di­ver­si­té ; il s’agit d’enjeux cru­ciaux pour l’habitabilité de notre pla­nète et il n’y a pas trop de doutes sur la per­sis­tance et la mon­tée en puis­sance de ces pro­blé­ma­tiques au sein de l’État, quelles que soient les fluc­tua­tions en termes de prise en charge poli­tique sur le court terme.

Du côté des entre­prises, pour ne par­ler que de la bio­di­ver­si­té : leur prise de conscience de l’importance de ce sujet va crois­sant comme en témoigne le quin­tu­ple­ment de la fré­quen­ta­tion du Forum « bio­di­ver­si­té et éco­no­mie » qu’organise l’Office fran­çais de la bio­di­ver­si­té, depuis la pre­mière édi­tion de 2016. Dès lors que les ins­ti­tu­tions euro­péennes et natio­nales mettent un cadre régle­men­taire et inci­ta­tif appro­prié, il y a grand besoin d’intelligence et d’innovation dans les entre­prises pour inté­grer la bio­di­ver­si­té dans les chaînes de valeur : éner­gies renou­ve­lables, infra­struc­tures, agro-ali­men­taire, culture…

Dans tous les cas, État ou entre­prise, il y a de la place pour des X ouverts à la com­plexi­té des enjeux du vivant, pas trop « tech­no-solu­tion­nistes » et ouverts sur la société !

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