François Gayet (64), une vie au service de la Défense nationale et de l’industrie
Décédé le 12 septembre dernier, François Gayet a été, tout au long de sa carrière, d’une très grande fidélité ; fidélité à une entreprise, Thomson-CSF devenue Thales, à un secteur, l’industrie aéronautique et de Défense, et à une mission : la Défense de notre pays et de notre Europe.
À sa sortie de l’X, il choisit le corps des ingénieurs de l’Armement et SupAéro à Toulouse. Il se perfectionne aussi aux États-Unis, à Stanford, créant avec ce pays des liens qu’il maintiendra toute sa vie.
Après quelques années au service direct de l’État, à la DGA, il décide de poursuivre la même mission, mais dans le cadre de l’industrie, en passant chez Thomson-CSF, où il restera jusqu’à sa retraite. Il y a occupé des fonctions très variées, couvrant beaucoup des activités du Groupe, l’avionique, l’optronique, les systèmes de radio tactiques, les systèmes aériens. Dans ces deux derniers secteurs, il parvient aux fonctions de direction les plus élevées.
Au début des années 2000, François retrouvera les États-Unis en étant responsable de Thales en Amérique du Nord, redressant nos activités américaines, alors mal en point, et surtout renouant une relation de confiance du Groupe avec les autorités américaines. Tout cela à un moment très difficile, celui de la seconde guerre du Golfe, à laquelle la France avait tenté de s’opposer, et donc où il ne faisait pas bon être français à Washington.
À son retour à Paris, je lui ai confié la coordination de toutes nos affaires en France, où il a pu améliorer significativement nos relations avec notre premier client, la DGA, notamment en réussissant à faire travailler ensemble toutes nos divisions, ce qui demandait ténacité et diplomatie !
Un promoteur de l’industrie française
Parvenu à l’âge de la retraite, François Gayet décide de ne pas dételer et passe à l’étage européen en étant choisi comme directeur de l’ASD, l’Association des industries aérospatiales et de défense de l’Europe. Il y fera un travail considérable d’organisation interne, et de promotion de cette industrie, sachant établir un consensus et des initiatives coordonnées dans cet ensemble pourtant si divers et si complexe.
Quand il revient à Paris en 2012, ayant moi-même quitté Thales, je le convaincs de faire encore un peu de route à mes côtés en devenant le délégué général du Cercle de l’industrie, que je préside alors, association dédiée à la promotion de l’industrie française. Tâche dont il s’acquittera à merveille, à la satisfaction générale, alors même qu’il surmonte une première attaque de la maladie qui vient de l’emporter.
J’ai toujours été frappé au cours de notre long parcours commun, par les qualités humaines de François. Par sa bienveillance, son souci de comprendre et d’aider, par son aptitude à créer de la cohésion et du consensus. Aussi n’ai-je pas été surpris, au cours de ces derniers jours, de recevoir de ses anciens collègues une série de témoignages spontanés, unanimes et tellement convergents.
Une fidélité sans faille
Je ne peux pas les citer tous mais tous soulignent les valeurs qui animaient François Gayet : la fidélité d’abord, à l’entreprise, à ses amis, à son pays. La loyauté et la droiture ; la rigueur et l’engagement. Mais aussi l’attention portée aux autres, la serviabilité, l’esprit d’équipe et le sens de l’intérêt général.
Ses valeurs étaient solidement ancrées en lui, enracinées dans sa foi chrétienne. Et certainement nourries et soutenues par sa vie familiale et ses engagements bénévoles. Ces valeurs, il n’en parlait pas, il ne les affichait pas, mais il les vivait, en toute authenticité.
Pour nous tous, François restera une vivante démonstration que l’on peut concilier des profondes valeurs humaines et des solides convictions chrétiennes, avec une vie professionnelle réussie, au service de l’entreprise, de notre pays, et de la Défense nationale.