François KOSCIUSKO-MORIZET (60), un ingénieur de terrain aux multiples carrières
François est né le 16 août 1940 à Paris. Son père, Jacques Kosciusko, Français descendant d’une grande famille polonaise, a été un grand résistant, un haut fonctionnaire de l’État et un ambassadeur de France. Sa mère, Marianne Morizet, était pharmacienne.
C’est parce qu’il se sentait personnellement attiré par les activités auxquelles formait l’École polytechnique qu’il a choisi de « faire cette École ».
“ Dès son entrée dans la vie active, François choisit d’exercer sur le terrain ”
Élève de la promotion 1960, il est entré dans le Corps des Ponts et Chaussées.
Mais, déjà intéressé par les missions « politiques », François a également obtenu un diplôme de l’Institut d’études politiques de Paris. Il a ajouté à son bagage une licence ès sciences.
Sur le terrain des Ponts et Chaussées
Dès sa sortie de l’École nationale des ponts et chaussées en 1965, François choisit d’exercer dans des services extérieurs du ministère de l’Équipement « sur le terrain, près des hommes et des choses », dans des postes en région parisienne où il s’occupe aussi bien d’infrastructures que d’urbanisme.
Dans les cabinets ministériels
Nommé directeur de cabinet d’Albin Chalandon, ministre de l’Équipement, en 1971, j’ai pensé au jeune polytechnicien que j’avais hébergé à Rouen et dont je savais la qualité de son activité sur le terrain. Je lui ai donc proposé de rejoindre notre équipe où il s’occuperait principalement d’économie.
AU SERVICE DU SPORT
François Kosciusko-Morizet est président du Stade français de 1981 à 1995. Son engagement pour le sport et son sens du service public lui valent en 1993 le mandat de délégué interministériel de la Coupe du monde de football.
François s’impliqua très efficacement dans cette activité nouvelle pour lui mais où il pouvait mettre à profit ce qu’il avait appris pendant sa scolarité et surtout sur le terrain.
La qualité de son travail de conseiller technique était d’une telle évidence qu’Olivier Guichard, successeur d’Albin Chalandon, lui proposa de la poursuivre dans son cabinet. Robert Galley en fit autant, si bien que François servit les trois ministres de 1971 à 1976.
C’est alors qu’il décida de retourner sur le terrain pour y exercer les responsabilités les plus opérationnelles en tant que directeur de l’Équipement du Loiret de 1976 à 1978.
Entre administration de l’État et secteur privé
Dès 1978, François est appelé à exercer de hautes responsabilités dans l’administration centrale du ministère de l’Industrie, comme directeur de la qualité et de la sécurité industrielle et commissaire à la normalisation, puis en 1982 comme directeur adjoint au directeur général de l’Industrie.
AU BAL DE LA CROIX-ROUGE
C’est lorsqu’il était élève de l’École polytechnique que nous nous sommes connus. J’étais ingénieur au port de Rouen. Les organisateurs rouennais du bal de la Croix-Rouge avaient invité des « polytechniciens en GU », demandant aux anciens résidant dans la région de bien vouloir les héberger.
François fut mon hôte. J’ai apprécié d’emblée sa riche personnalité, marquée par une grande vivacité d’esprit mais aussi sa simplicité et sa gentillesse.
En 1983, il se tourne vers le secteur privé : directeur au secteur international de Framatome, directeur général de Technip, directeur du développement du groupe d’ingénierie Setec, et enfin directeur général de la Foncière des Champs-Élysées Promotion (banque Suez). Autant d’activités où il met en œuvre les connaissances acquises au cours de ses mandats du secteur public.
En 1995, François revient à l’administration de l’Équipement comme membre permanent de la 4e section (affaires économiques) et du collège des spécialités maritimes au conseil général des Ponts et Chaussées : il est à ce titre, de 1995 à 2004, commissaire du gouvernement auprès des Ports autonomes de Paris, Rouen et Le Havre.
Il est également, depuis 2003, président de la commission interministérielle de la qualité des constructions publiques – organe ayant un statut particulier sous l’autorité d’un directoire constitué par plusieurs ministères concernés par les constructions publiques. François sait coordonner, impulser et informer, en liaison étroite avec les administrations de l’État, des collectivités territoriales et des établissements publics.
Un engagement politique
RÉCOMPENSES
L’engagement de François Kosciusko- Morizet dans ses mandats professionnels et politiques a été récompensé par de hautes décorations : une croix d’officier de la Légion d’honneur, une croix de commandeur de l’Ordre national du mérite, sans oublier la Médaille d’or de la Jeunesse et des Sports que lui a valu son engagement au service du sport.
En 2006, François Kosciusko-Morizet, ingénieur général du nouveau Corps des ponts, des eaux et des forêts, atteint l’âge de la retraite dans la fonction publique d’État, mais il poursuit d’importantes activités d’élu local.
Conseiller municipal depuis 1989 de la ville de Sèvres où il résidait depuis longtemps, il en est devenu maire en 1995, exerçant ce mandat jusqu’en 2014, date à laquelle son état de santé lui a interdit de renouveler sa candidature.
Il a été conseiller régional d’Île-de-France de 2004 à 2006 ; puis conseiller départemental des Hauts-de-Seine depuis 2006 et, depuis 2008, vice-président du conseil général de ce département.
Assurer l’équilibre
Le rappel des « carrières » de François Kosciusko-Morizet ne saurait omettre le constant équilibre qu’il a su conserver entre les différentes responsabilités qu’il a exercées parfois simultanément, sans jamais sacrifier ses devoirs du temps présent à la recherche d’un quelconque avantage personnel, professionnel ou politique.
“ Il n’a jamais sacrifié ses devoirs du temps présent à la recherche d’un quelconque avantage ”
Son épouse Bénédicte et lui-même ont toujours constitué un ménage d’une solidité sans faille, fondé sur la plus sincère et profonde affection. Ils ont su mettre leurs quatre enfants (Caroline, Nathalie, Pierre et Étienne) sur la « bonne voie » et ces derniers ont su combler leurs parents. Leur bonheur aurait été vraiment complet s’ils n’avaient pas été frappés par le départ prématuré d’Étienne, à l’âge de 25 ans.
REMETTRE À FLOT LE MONT-SAINT-MICHEL
À la demande du Premier ministre, François Kosciusko-Morizet a été chargé du rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel.
Il a donné un nouvel élan à ce projet (enfin passé au stade de la réalisation) en conjuguant le développement touristique avec le nécessaire respect de l’urbanisme et de l’environnement d’un site exceptionnel.
Cette volonté et cette capacité d’assurer l’équilibre, François a su les mettre efficacement en œuvre dans l’exercice de ses missions professionnelles et de ses mandats politiques : il était encore en activité dans l’entreprise privée puis au conseil général des Ponts et Chaussées lorsqu’il s’est engagé au service de la commune de Sèvres et du département des Hauts-de-Seine. Il a toujours su faire l’effort nécessaire et consacrer le temps qu’il fallait pour exécuter pleinement et brillamment toutes ses missions et mandats, sans manquer à ses responsabilités familiales.
François nous a quittés le 4 août dernier après avoir lutté pendant près de deux ans contre les conséquences d’un grave accident vasculaire cérébral, subi le 23 novembre 2013.
Une lutte conduite avec le courage et la volonté qui le caractérisaient. Il pourrait dire, comme Voltaire : « J’ai fait un peu de bien, c’est mon meilleur ouvrage. » En réalité, c’est beaucoup de bien qu’il a fait durant toute sa vie.