Gaz à effet de serre et » marchés du carbone »
REPÈRES
REPÈRES
Comme nombre d’activités humaines, le secteur de la chimie contribue aux émissions de gaz à effet de serre (GES). CO2, N2O, divers composés fluorés tels que le SF6 et les familles de perfluorocarbures (PFC) et hydrofluorocarbures (HFC) sont en effet des gaz à effet de serre. Les procédés de l’industrie chimique contribuent à 3,1 % des émissions de GES européennes (voir figure 1), hors pétrochimie et utilisation d’énergie dans le secteur de la chimie.
La chimie représente 1,6 % du PIB européen, mais sa part dans les émissions de gaz à effet de serre (GES) atteint 3,1 % du total. Cette différence s’explique par le pouvoir de réchauffement1 des différents GES émis par le secteur (voir figure 2 et tableau 1). L’émission d’une tonne de N2O correspond ainsi à l’émission de 310 tonnes de CO2.
Quotas européens et projet Kyoto
Tableau 1
Les GES émis par le secteur de la chimie ont un pouvoir de réchauffement élevé |
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GES | Pouvoir de réchauffement à cent ans |
CO2 | 1 |
CH4 | 21 |
N2O | 310 |
HFC | De 140 à 11 700 |
PFC | De 6 500 à 9 500 |
SF6 | 23 900 |
Les 6 GES – ou familles de GES – régulés par le protocole de Kyoto n’ont pas le même pouvoir de réchauffement. Le pouvoir de réchauffement du CO2 à cent ans vaut par convention 1, le pouvoir de réchauffement des autres GES est évalué par rapport à cet étalon. Source : GIEC, 1995. |
L’Union européenne a mis en place, depuis 2005, un système paneuropéen de quotas de GES négociables. Ce système plafonne les émissions de GES des principaux sites industriels européens, représentant 40% des émissions européennes. Cette politique publique européenne donne un prix au quota de CO2 – environ 15 € la tonne en mars 2011 – et donc une incitation à réduire les émissions, mais ne touche aujourd’hui que très marginalement le secteur de la chimie : les installations couvertes au niveau européen dans le secteur sont les installations de combustion de plus de 20 MW et les raffineries. Quelques pays ont par ailleurs inclus de façon unilatérale des installations émettrices de N2O.
Au niveau international, le protocole de Kyoto a mis en place deux mécanismes qui permettent à des opérateurs réduisant leurs émissions de bénéficier de « crédits carbone » valorisables sur le système européen de quotas négociables. Ces mécanismes dits » de projet « 2 permettent à une entreprise de financer une partie de ses efforts de réduction des émissions. L’essentiel des réductions d’émissions générées par ces projets provient des industries chimiques, et devrait produire jusqu’en 2012, pour le secteur des réductions d’émissions, 855 Mt d’équivalent CO2 (voir figure 3), soit un revenu de l’ordre de 13 millions d’euros.
Les enjeux pour l’après 2013
À partir de 2013, le panorama brossé ci-dessus changera substantiellement.
L’émission d’une tonne de N2O correspond à l’émission de 310 tonnes de CO2
D’une part, certains sous-secteurs de la chimie, et en particulier les installations européennes de production d’acide adipique et d’acide nitrique, seront inclus dans le système d’échange de quotas. L’enjeu pour ces soussecteurs est aujourd’hui, après avoir négocié leur dotation initiale de quotas, d’améliorer leurs technologies pour réduire leurs émissions. Par ailleurs, les « crédits carbone » issus de réduction d’émissions de N2O liées à la production de l’acide adipique et de HFC 23 ne seront plus valorisables sur le système européen de quotas négociables. Il faudra donc trouver de nouvelles pistes de réduction (nouveaux procédés, recyclage chimique du CO2, efficience énergétique).
Il faudra trouver de nouveaux leviers pour inciter à réduire les émissions
Il faudra également trouver des nouveaux leviers de financement pour inciter à réduire les émissions. C’est l’un des enjeux des négociations climatiques internationales, rythmées par les conférences de l’ONU comme celles de Copenhague en décembre 2009 et de Cancun en décembre 2010. Parmi les options sur la table : un accord mondial qui couvrirait l’ensemble du secteur de la chimie. Au vu de la diversité des produits de l’industrie chimique, le programme est ambitieux. Autre option, plus vraisemblable : l’émergence dans différentes régions du monde de systèmes de quotas négociables.
1. Pour pouvoir comparer les différents GES, on utilise un étalon, » l’équivalent CO2 « , qui permet de comparer le pouvoir de réchauffement d’un GES donné à celui de la même masse de CO2.
2. Le « mécanisme pour un développement propre » concerne les réductions d’émissions dans les pays en développement ; la » mise en œuvre conjointe » concerne les réductions d’émissions dans les pays développés.