Produire l’hydrogène vert au plus proche des utilisateurs finaux
Sébastien Le Pollès, Président de Gen-Hy, nous présente son entreprise et son positionnement fortement différenciant sur le marché. Seule entreprise à fabriquer en France des électrolyseurs à membrane d’échange d’anions, Gen-Hy ambitionne de renforcer le maillage national de la filière de l’hydrogène en installant ses équipements au plus proche des utilisateurs finaux, essentiellement les acteurs de l’industrie et de la mobilité lourde. Explications.
Dans la filière de l’hydrogène, quel est le positionnement de l’entreprise ?
Gen-Hy est un concepteur et un fabricant d’électrolyseurs à membrane d’échange d’anions (AEM). Sur le marché en très fort développement de la production d’hydrogène, nous avons opté pour un positionnement vertical. Aujourd’hui, nous sommes ainsi la seule société au monde qui fabrique l’intégralité des composants et des sous-composants nécessaires à la fabrication de nos électrolyseurs.
En parallèle, nous avons aussi développé et breveté nos propres membranes AEM, nos électrodes et nos dépôts catalytiques sans aucun matériau rare. Cela nous permet de maîtriser tous les maillons de notre chaîne de valeur et de bénéficier d’une réelle indépendance sur le marché qui nous donne la possibilité d’assurer et de garantir la fourniture de nos équipements à nos clients dans la durée. Au-delà, nos électrolyseurs AEM se démarquent aussi sur le marché par un rendement de 85 % et une capacité avérée à produire jusqu’à quatre tonnes d’hydrogène par jour.
Vous êtes donc la seule entreprise à produire en France des membranes à échange d’anions (AEM). Dites-nous en plus.
Aujourd’hui, nous capitalisons sur plus de 14 années de R&D autour du développement de nos membranes. Nous nous sommes d’abord intéressés aux membranes échangeuses de protons (PEM) avant de développer et de produire nos membranes AEM. Les membranes AEM disponibles sur le marché sont généralement à base de polymère. Les membranes que nous avons développées sont à base de céramique et ont ainsi deux principales caractéristiques fortement différenciantes : une montée en température plus importante et une plus grande solidité. Nous avons breveté cette technologie que nous produirons en série dans notre propre usine dès 2025.
Sur ce marché en pleine expansion, vous avez fait le choix de produire des électrolyseurs au plus proche des consommateurs de façon à créer un maillage local. Pourquoi ce choix ? Quels sont dans cette continuité vos axes stratégiques ?
Nous proposons à nos clients, essentiellement des acteurs de l’industrie lourde et chimique (acier, engrais, inox…) et de la mobilité lourde, la possibilité de produire sur place leur hydrogène au lieu de devoir transporter et de stocker l’hydrogène dont ils ont besoin.
Ce modèle permet, par ailleurs, de réduire les risques liés au transport et au stockage de l’hydrogène, alors que l’organisation du réseau électrique en France et la disponibilité de l’énergie électrique offrent la possibilité d’équiper des sites avec nos électrolyseurs compacts.
Pour accompagner le déploiement de l’hydrogène à grande échelle, nous avons développé un modèle de location de nos systèmes d’électrolyseurs couplé à une offre de maintenance des installations dans la durée. Cette offre clé-en-main évite ainsi aux clients d’avoir à réaliser d’importants investissements en CAPEX afin de se doter de cette technologie.
Quelles sont les prochaines étapes pour Gen-Hy ?
Nous avançons sur la construction de notre usine à Allenjoie, près de Montbéliard, qui devrait être opérationnelle à partir de 2025. Une extension de l’usine est, d’ores et déjà, prévue entre 2026 et 2027 avec pour objectif de tripler la production.
À ce stade, nous avons également validé deux commandes pour alimenter un four industriel et une station-service. Cela va nous permettre de travailler sur nos premiers cas d’usage et applications concrètes.
Afin de passer à l’échelle, quels sont les enjeux auxquels vous êtes confrontés ?
Le principal enjeu est humain. Il s’agit, en effet, de recruter les forces vives qui vont accompagner la réussite de ce projet. Sur le plan technologique, nous avons développé une technologie brevetée qui a fait ses preuves et l’idée est aujourd’hui de pouvoir industrialiser la production pour répondre à la demande de nos clients et du marché de manière plus globale.
Nous sommes aussi actuellement mobilisés autour d’un Projet Important d’Intérêt Européen Commun (IPCEI) qui doit prendre la forme d’une subvention européenne de 100 millions d’euros sur les prochains mois. À partir de là, nous avons prévu de réaliser une seconde levée de fonds et de nouer un partenariat industriel afin de travailler sur nos dépôts catalytiques.