Général Xavier MICHEL
En quoi consistait le commandement de la 3e brigade mécanisée que vous venez de quitter ?
En quoi consistait le commandement de la 3e brigade mécanisée que vous venez de quitter ?
Cette brigade comprend un état-major, basé à Limoges, et cinq régiments : deux régiments d’infanterie (Brive et Clermont-Ferrand), un régiment de cavalerie (Carpiagne), un régiment d’artillerie (La Valbonne) et un régiment du génie (Castelsarrasin). Mon rôle consistait à préparer la brigade et ses régiments à ses futures missions opérationnelles. Entre février et juin 2004, je suis parti au Kosovo commander la brigade multinationale Nord-Est, comprenant sept contingents nationaux. Cela a été une expérience forte de maintien de la paix en milieu international. J’étais d’ailleurs accompagné de deux X 2003 qui faisaient leur stage DFHM. Depuis le mois de juin de cette année et en principe jusqu’au mois d’octobre, la brigade est en Côte‑d’Ivoire.
Le nouveau chef de Corps de l’X, le colonel d’Andlau, arrive du Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO) qui est chargé d’organiser toutes les opérations dans lesquelles des soldats français sont engagés, en France et dans le monde. Quelle est la différence avec votre ancienne fonction ?
Le CPCO est installé à Paris. Il traduit en missions militaires les objectifs donnés par le gouvernement aux forces armées. Je connais le colonel d’Andlau : il était dans la cellule Balkans et c’est lui qui souvent me transmettait mes orientations et les ordres pendant ma mission au Kosovo.
Vous allez pouvoir reprendre le dessus !
Disons que c’était un de mes correspondants naturels. Je lui faisais part des problèmes rencontrés sur le terrain.
L’enseignement supérieur est une nouveauté dans votre carrière ?
Dans une fonction de direction : oui. Mais juste avant la 3e brigade mécanisée, je m’occupais de stratégie de ressources humaines dans l’armée de terre. La formation des officiers en représente une partie importante, et j’ai eu l’occasion à ce moment-là de me pencher sur les écoles de formation de l’armée de terre.
Quelle première impression vous inspire votre nomination à Polytechnique ?
C’est une mission passionnante et exigeante. Je suis en train de découvrir l’ampleur des tâches pour lesquelles le directeur général doit se mobiliser.
Le potentiel de l’École et son dynamisme m’impressionnent, mais je sais aussi que l’X a encore beaucoup de défis à relever.
L’X doit toujours veiller à la qualité de sa recherche et de son enseignement, fondé sur une formation pluridisciplinaire scientifique et humaine, dans la continuité de sa longue tradition d’excellence. Cela ne va pas sans une adaptation permanente dans un monde en constante transformation. Je prends connaissance des dossiers progressivement. Une réunion d’information au personnel a lieu habituellement au mois de novembre : j’aurai alors un peu plus d’assise pour faire part de ma perception de l’École et des actions dans lesquelles elle doit s’engager.
Globalement, toutefois, qu’est-ce qui vous semble dominer l’actualité de l’École ?
Polytechnique doit poursuivre le mouvement d’ouverture internationale dans lequel elle est engagée. Pour ce faire, elle doit s’appuyer sur le cycle polytechnicien mais aussi sur les masters et sur l’École doctorale. En ce qui concerne les masters, beaucoup de choses ont été faites mais le régime de croisière n’est pas encore atteint. En ce qui concerne le diplôme de doctorat, celui-ci doit lui aussi être mis en avant pour la reconnaissance internationale de l’École. La création des départements d’enseignement-recherche va dans ce sens.
Le développement des masters et des doctorats devrait bénéficier à la recherche, qu’elle soit fondamentale ou plus appliquée.
En parallèle, les efforts de valorisation (partenariats industriels, dépôts de brevets, création d’entreprises) méritent d’être poursuivis avec ténacité.
Comment voyez-vous le développement du campus ?
Thales est déjà là. Iota devrait nous rejoindre en 2006, l’Ensta en 2009–2010 et, même si rien n’est encore officiel pour le moment, l’Onera devrait suivre. Il faudra aussi compter avec Digiteo Labs. Une des priorités de mon séjour à l’École sera de poursuivre cette dynamique et de créer une synergie entre toutes ces entités.
Quelles seront vos autres priorités ?
Nous avons déjà parlé de l’internationalisation, des masters, de la recherche, de la valorisation. Je découvre à quel point la vie de l’École est diverse, résultante de démarches très variées. Le contrat pluriannuel 2001–2006 en a été le guide jusqu’à présent. Il nous faudra nous atteler très vite à l’élaboration du suivant, le contrat 2007- 2011. Si quelques axes s’imposent dans la continuité du contrat actuel, il y a là tout un travail d’équipe qui nous mobilisera dès la rentrée. Il nous faut un projet ambitieux et de qualité, conforme à la tradition de l’École, qui réponde aux besoins de la Nation dans les domaines économique, scientifique et de l’État et qui emporte l’adhésion du ministère de la Défense
Quel sera le rôle de ParisTech dans l’avenir de l’École ?
À travers ParisTech, l’École va pouvoir mieux affirmer son identité au niveau international. L’École s’adaptera d’autant mieux au contexte de compétitivité qui est celui de l’enseignement supérieur et de la recherche au niveau mondial qu’elle s’affirmera avec ses partenaires. À ce titre, je suis particulièrement heureux que le général de Nomazy poursuive comme viceprésident exécutif l’action engagée au sein de ParisTech. Mais l’évolution de l’École ne se résume pas à ParisTech. Elle a de nombreuses relations sur le plateau de Saclay. Le pôle de compétitivité des “ systèmes complexes ”, dont l’École est partie prenante et qui vient d’être retenu par l’État, constitue une occasion exceptionnelle de s’insérer dans un nouveau réseau de partenariats entre enseignement supérieur, recherche et entreprise.
Votre prédécesseur n’était pas polytechnicien. Vous si. Pensez-vous que c’est un plus pour être directeur général ?
Le général de Nomazy a démontré qu’être polytechnicien n’était pas indispensable pour bien diriger l’École. Par ailleurs, l’École que j’ai connue en tant qu’élève était très différente de celle que je retrouve en tant que directeur général. Je découvre le campus de Palaiseau.
J’appartiens à la promotion 72, qui a fait sa scolarité à Paris, et pour qui le déménagement ici, même s’il était déjà programmé, était encore très abstrait. Mais que l’École soit à Paris ou à Palaiseau, il est clair que quand on fait l’X, on garde pour Polytechnique un attachement particulier, comme tout ancien pour son école d’origine. J’ai envie de voir cette École affirmer sa place d’excellence dans le monde.
Quels sont les atouts d’un officier général pour remplir cette mission ?
Il faut espérer qu’il en a puisque statutairement c’est un officier général qui dirige l’École ! Plus sérieusement, un officier exerce au cours de sa carrière des responsabilités assez variées, souvent de commandement, ce qui ne diffère pas fondamentalement d’une fonction de direction générale. Il faut anticiper, organiser, travailler en équipe, convaincre, être déterminé dans l’action qu’il faut mener à terme. J’ajouterai que la dimension internationale du métier apporte un recul enrichissant sur le système français. Pour le reste, je n’irai pas jusqu’à inventer pour ma carrière une logique implacable me conduisant jusqu’à la direction générale de l’X : le poste est pour l’essentiel une nouveauté dans mon parcours. Je l’ai découvert lors d’une présentation du général de Nomazy à l’occasion du trentenaire de ma promotion. J’avoue avoir été séduit par ce qu’il nous avait exposé. n