Gérard Blachère (33) Scientifique du bâtiment
Gérard Blachère nous a quittés à l’âge de 97 ans. Il était né en 1914. Ingénieur au corps des Ponts et Chaussées, il effectue son service militaire dans le génie à Besançon. Il y devient amoureux de la montagne et demande à y être affecté pour son premier poste d’ingénieur. Il y restera pendant la guerre et participera à de nombreux travaux, dont la construction du téléphérique de Serre-Chevalier.
Il participe aux combats de la Libération et est décoré de la croix de guerre. Après des activités en Tunisie et en Algérie, il revint en France et fut nommé directeur de la construction au ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme. Peu intéressé par les aspects administratifs de la fonction, il préféra prendre la direction du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) qu’il dirigea de 1957 à 1974.
Approche scientifique
Il fut frappé par l’empirisme des méthodes pratiquées dans la construction de bâtiments, situation peu favorable à l’innovation.
Il développa l’idée que » bâtir c’est résoudre un problème »
Or, l’énorme effort de construction à réaliser ne s’accommodait pas des méthodes traditionnelles, il fallait inventer de nouvelles méthodes : ce fut l’industrialisation à laquelle Gérard Blachère apporta de précieuses réflexions. Pour sortir de l’empirisme il développa l’idée que « bâtir c’est résoudre un problème », comme il l’affirme d’emblée dans son célèbre ouvrage Savoir bâtir, paru en 1966.
Selon lui il faut exprimer les exigences à satisfaire dans un programme bien fait et démontrer que les espaces et les ouvrages permettent, par leurs performances, de satisfaire ces exigences. Il fit du CSTB un centre de recherche mondialement connu, doté d’installations d’essais très modernes.
Règles unifiées
Un pédagogue infatigable
Gérard Blachère ne cessa de diffuser les connaissances en matière de sciences du bâtiment par les publications du CSTB, notamment les Cahiers du CSTB bien connus, mais aussi en s’impliquant dans plusieurs ouvrages, de nombreux articles, des conférences et l’enseignement. Il créa et anima l’Institut de la construction industrialisée.
Gérard Blachère fut choqué par la diversité des règles émanant des diverses professions et milita pour qu’on les abandonne au profit de règles unifiées.
Il fut à l’origine des » Documents techniques unifiés « , qui sont incontournables en France pour indiquer comment bien construire. Il contribua au développement de « l’agrément technique », une évaluation d’experts de l’aptitude à l’emploi d’un produit ou d’un procédé nouveau.
Ouverture internationale
Très tôt conscient de la dimension internationale des problèmes de construction, il fit adopter par plusieurs pays la démarche de l’agrément technique et fut à l’origine de la création de l’UEATC (Union européenne pour l’agrément technique).
Il propagea sa doctrine de l’approche par exigences et performances dans de nombreux pays et en fit un thème de réflexion au sein du Conseil international du bâtiment qu’il présida de 1967 à 1971. Il noua de fructueuses coopérations avec plusieurs pays : Chine, Japon, États- Unis, Amérique du Sud, Pologne.
Commentaire
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En tant que chargé d’un projet international à l’Institut national suédois de recherche sur la construction et l’urbanisme j’ai eu l’immense plaisir de collaborer avec cet éminent homme au sein du groupe de travail CIB W87 « Responsabilité et assurance post-construction » où il brillait. Je suis certain que tous les membres du groupe de travail portent, eux aussi, un souvenir ineffable de l’immense savoir, du charme et de la générosité intellectuelle de Gérard Blachère.