Gérard Worms (55) mousquetaire de l’industrialisation de la France
Décédé le 31 août 2020, Gérard Worms a commencé sa carrière dans l’administration puis a eu d’importants postes dans l’industrie avant de terminer dans la banque. Il a été un acteur clé de l’industrialisation de notre pays.
Né le 1er août 1936 à Paris d’une famille juive d’origine alsacienne, Gérard Worms a dû passer une partie de la guerre caché dans le Vercors. Lauréat du concours général en latin, il envisage la khâgne mais choisit la taupe et est reçu en 1955 à l’ENS et à l’X, mais choisit l’X dont il sort troisième dans le corps des Mines.
En 1960, sa première affectation est l’Organisation commune des régions sahariennes (OCRS), créée par le général de Gaulle pour tenter de maintenir dans le giron de la République ce qu’on appelait alors départements des Oasis et de la Saoura, mais en 1962 les accords d’Évian marquent la fin de l’OCRS. Son patron Olivier Guichard est chargé de créer la Datar et Gérard le suit. Il le suit encore en 1967 quand il est nommé ministre de l’Industrie puis en 1968 ministre du Plan et de l’Aménagement du territoire.
Dossiers industriels
Après le référendum de 1969 et le départ du Général, Gérard entre au cabinet du Premier ministre Jacques Chaban-Delmas. Il y travaille sous la direction de Simon Nora sur les dossiers industriels, en étroite liaison avec Lionel Stoleru (56) aux Finances,
Jean-Paul Parayre (57) à l’Industrie et Bernard
Esambert (54) à l’Élysée. Ce dernier explique dans Pompidou, capitaine d’industries (Odile Jacob, 1994) que ce quatuor sera baptisé les Mousquetaires de l’industrialisation !
Gérard accepte ensuite la proposition que lui fait Simon Nora d’être DGA de Hachette. Il en devient DG en 1975 puis administrateur en 1978. Il est appelé par Jean Gandois (49) en 1980 pour devenir DG de Rhône-Poulenc. En 1983, Jean Peyrelevade (58), DG de la Compagnie financière de Suez, l’embauche comme DGA. Il devient DG en 1986 au départ de Peyrelevade, puis président en 1990 à la mort de Renaud de La Genière. Mais ce n’est pas un poste de tout repos et il est mis en minorité en 1995 par son conseil d’administration, pour être remplacé par son dauphin Gérard Mestrallet (68). Gérard entre alors à la banque Rothschild et Cie comme président du conseil des commanditaires, puis associé gérant en 1999 et senior advisor en 2006.
Des engagements multiples
Parallèlement à ses activités professionnelles, Gérard a eu, tout au long de sa vie, de nombreuses autres activités d’intérêt général : vice-président du Syndicat national de l’édition ; président de l’Association nationale de la recherche technique ; de la Société d’économie politique ; du Siècle ; de COE-Rexecode ; de l’IUT de Compiègne ; de l’Association Coup de Pouce ; des amis de l’Université Ben Gourion de Beer-Sheva ; de la chaîne Histoire… Mais sa plus importante activité, qui concilie toutes ses expériences, est sans aucun doute la présidence de la section française de la Chambre de commerce internationale, puis de la Chambre de commerce internationale elle-même, qui l’amène à participer aux plus grands sommets internationaux.
Gérard a également enseigné l’économie à HEC, à la faculté des lettres et de sciences humaines de Paris et à l’X. Il a écrit un livre (Les méthodes modernes de l’économie appliquée, Dunod, 1965) et de nombreux articles et, tout récemment, ses mémoires à l’intention de sa famille.
Grand mélomane, Gérard avait épousé en octobre 1960 Michèle Rousseau, musicienne, fondatrice en 1984 de la Lettre du musicien. Ils ont eu 2 enfants : Frédéric, normalien et agrégé de philosophie, actuellement directeur adjoint de l’ENS, et Anne-Cécile, Sciences Po Paris, serial entrepreneure, actuellement fondatrice et présidente des entreprises innovantes Art2M et ArtJaws.
Tous ceux qui ont rencontré Gérard Worms ont été frappés par l’empathie qu’il montrait en toute occasion.