Germania
Dès son premier ouvrage de fiction prospective, étrangement prémonitoire de l’après 11 septembre 2001, Quand les Ricains repartiront (ACM Éditions, 2003), l’auteur nous avait communiqué son goût pour l’uchronie : que se serait-il passé, ou que se passerait-il si… ?
C’est ici une double uchronie qu’il nous livre, avec deux récits indépendants où il explore ce qu’aurait été le futur (et donc notre présent) si deux événements de la Seconde Guerre mondiale s’étaient passés différemment : que serait-il arrivé si l’Allemagne n’avait pas déclaré la guerre aux États-Unis le 11 décembre 1941, ou si l’attentat contre Hitler avait réussi le 20 juillet 1944 ?
Dans les deux cas, Alain Crémieux place le récit dans la bouche – ou plutôt sous la plume – d’un de ces témoins modestes, mais idéalement placés aux premières loges de la grande Histoire : un technocrate devenu aide de camp particulier du Führer dans le premier cas, une traductrice récemment affectée à l’état-major allemand du Gross Paris, à l’hôtel Meurice, dans le second.
Nous ne dévoilerons évidemment pas les multiples ramifications de ces futurs non advenus. Les amateurs de « roman historique » seront peut-être déçus de ne pas y trouver les actions rocambolesques ou anecdotes croustillantes qui font généralement l’attrait de ce genre…
Mais on y suivra avec délectation l’art avec lequel l’auteur détricote pour nous le tissu de l’histoire, pour en tisser de nouveaux mondes alternatifs (comme on dit aujourd’hui), pas si différents finalement du monde que nous connaissons aujourd’hui, comme si le temps long de l’Histoire émoussait les conséquences des événements, même les plus saillants.