Giuseppe VERDI : Luisa Miller
Luisa Miller est un opéra de la première période de Verdi (1849), il précède juste la « trilogie populaire », La Traviata, Rigoletto et Le Trouvère. Le DVD nous permet d’avoir accès une fois de plus à un opéra rarement donné.
Les opéras de jeunesse de Verdi (Attila, commenté dans ces colonnes récemment), de Wagner (Rienzi, idem), rarement produits, sont ainsi accessibles aux amateurs dans les meilleures conditions.
C’est une des révolutions apportées par l’émergence des films musicaux désormais disponibles dans une qualité de son et d’image qui permet de retrouver sur l’installation adéquate l’impression et l’ambiance du spectacle, ce que ne permettaient pas le disque ni le CD : avoir accès dans les conditions du spectacle vivant, concert ou opéra, à des œuvres rarement ou jamais jouées, qu’on ne connaît qu’au travers du disque.
Verdi s’inspire d’un drame romantique par excellence (comme Ernani, à la même époque, d’après Victor Hugo), un drame de Schiller comme pour Don Carlos près de vingt ans plus tard (et comme deux autres opéras antérieurs de Verdi).
L’amour contrarié de l’héroïne, son sacrifice amoureux pour sauver un père, la défense de l’honneur familial, le terrible secret de la famille régnante, le fils rebelle, tous les ingrédients sont réunis dans cette intrigue pourtant courte (l’opéra dure moins de deux heures, la moitié de Don Carlos).
Parmi les opéras de la première période de Verdi, certains ont acquis une grande notoriété (Nabucco, Macbeth, etc.), les autres n’ont pas été suffisamment reconnus. Musicalement, bien entendu on n’est pas là au niveau musical de la « trilogie populaire », ni de Simon Boccanegra, Aïda ou Don Carlos (à partir de la « trilogie populaire », tous les opéras de Verdi sont des chefs‑d’œuvre). Mais cet opéra contient des airs et ensembles de grande valeur, et l’opéra dans son ensemble ne dépareille pas parmi les plus célèbres opéras bel canto de cette époque de Bellini ou Donizetti (dont le Lucia di Lammermoor a le même librettiste).
Les productions des Opéras de Scandinavie semblent être très originales, comme celles de l’Opéra d’Oslo (souvenons-nous d’un Couronnement de Poppée, commenté ici, interdit aux moins de seize ans), ou celle-ci, captée à l’opéra de Malmö. Notamment les décors sont proprement oniriques (on croit souvent être dans un tableau de Dali) et très inventifs.
L’Ouverture, plus connue que le reste de l’opéra, est tendue, elle donne le ton. Le chef Nello Santi est excellent, on s’en rend compte notamment lors de l’ouverture et des moments orchestraux. On se souvient parfaitement du magnifique Simon Boccanegra qu’il dirigea à Paris il y a près de quarante ans ( !), et de la finesse de son prélude du second acte de Simon (je garantis que j’en garde le souvenir clair), dont on retrouve la limpidité parfois ici. Son orchestre est de plus très bien enregistré dans ce DVD.
À Malmö, pas de stars. Mais la distribution ne pose aucun problème. Au contraire, ces artistes de troupe semblent avoir plaisir à chanter ensemble. Notamment, on découvre une Luisa légère et particulièrement brillante dans ses premiers airs. On n’aura pas d’autre Luisa Miller en DVD avant longtemps, courez trouver celui-ci.