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Après des essais et des mémoires, Alain Crémieux nous livre un roman, avec des personnages, de l’émotion et du suspense. C’est la guerre qu’on ne doit pas faire : le titre elliptique rappelle le nom de l’arme suprême et l’horreur d’Hiroshima.
L’œuvre est bâtie sur un contrepoint : moitié huis clos et moitié planète Terre. Le huis clos se déroule dans un sous-marin porteur d’armes nucléaires ; la planète est soumise à une logique très plausible ; l’ébranlement vient d’Asie et non du Moyen-Orient ; par les temps qui courent, c’est reposant.
On voit comment on est entraîné dans une situation où la mise en œuvre de la dissuasion nucléaire s’impose et comment les responsables réagissent.
En dehors de l’affaire de Cuba et de la fiction du Docteur Folamour, ce sujet passionne mais il est rarement traité au-delà de l’état de menace latente constituée par les armes elles-mêmes.
Les personnages ont beaucoup d’épaisseur psychologique ; c’est nécessaire car les réactions humaines devant la perspective de l’apocalypse dépendent de la personnalité des acteurs, qu’il s’agisse de ceux qui appuient sur les boutons, ou des femmes – il y en a – qui mettent plus que de la froide raison dans les propos tenus à l’intérieur du sous-marin.
Cette diversité de l’âme humaine contribue à créer l’incertitude qui gouverne, depuis 1945, notre destin.
Un roman au rythme haletant, qui se lit à grande allure puis se médite longuement. Et pour cause : le sujet nous concerne tous.