Portrait de Dupuy de Lôme (1835),

Henri Dupuy de Lôme (1835) : renaissance en 3D

Dossier : ExpressionsMagazine N°722 Février 2017
Par Christian de GASTINES (St-Cyr Promotion Camerone 1962)

La sta­tue en bronze de notre antique, illustre ingé­nieur du génie mari­time, a été fon­due pen­dant la Seconde Guerre mon­diale. Sa ville natale, Ploe­meur, à déci­dé de faire repro­duire par impres­sion 3D une réplique d’un buste en plâtre, à l’oc­ca­sion du bicen­te­naire de sa nais­sance. Le tra­vail a été magni­fi­que­ment réa­li­sé par des ate­liers locaux. 

Henri Dupuy de Lôme, né le 15 octobre 1816 au châ­teau de Soye, à Ploe­meur (56270), choi­sit le génie mari­time à sa sor­tie de l’École poly­tech­nique. Affec­té à Tou­lon en 1839, il s’intéresse à l’amélioration des navires à vapeur. Plein d’idées, il est envoyé en Angle­terre pour y étu­dier les coques en fer. Il est à l’origine du Napo­léon, opé­ra­tion­nel en 1852, pre­mier navire de guerre dont la machine à vapeur actionne une hélice, moins vul­né­rable que la roue au mau­vais temps, lui don­nant une vitesse maxi­male de plus de 13 nœuds. 

Nom­mé direc­teur des construc­tions navales au minis­tère de la Marine en 1857, il fait pas­ser les coques de la marine de guerre du bois au fer, notam­ment avec la fré­gate cui­ras­sée La Gloire, lan­cée en 1859. 

DU SOUS-MARIN À LA POLITIQUE

Le 17 avril 1864, le Confe­de­rate States Ship Hun­ley, un sous-marin à pro­pul­sion humaine (équi­page de 8 hommes) coule le Unio­nist States Ship Hou­sa­to­nic, au large de Char­les­ton en Caro­line du Sud. 

Cette action de la marine sudiste est sans doute connue de Dupuy de Lôme, qui s’intéresse donc au nou­vel enne­mi poten­tiel du cui­ras­sé : le sous-marin. Il effec­tue­ra les pre­miers cal­culs de ce nou­veau genre de navire, dont le pre­mier pro­to­type équi­pé d’un moteur élec­trique – le Gym­note – sera des­si­né par le frère de son gendre, Gus­tave Zédé, chef du pre­mier bureau au minis­tère, et mis à l’eau en 1888. 

En 1869, ayant pris sa retraite, il est élu dépu­té du Mor­bi­han. Pen­dant le siège de Paris, pour pou­voir éta­blir une liai­son avec l’extérieur, il conçoit un bal­lon diri­geable, La Galère, dont l’hélice est action­née par des mani­velles et un équi­page de huit marins. Ce bal­lon décolle de Vin­cennes le 2 février 1872 avec Gus­tave Zédé et l’aéronaute Yon, et atter­rit près de Noyon. 

Atteint d’un can­cer, Dupuy de Lôme meurt à Paris en 1885. Il est enter­ré au cime­tière cen­tral de Toulon. 

UN BUSTE EN IMPRESSION 3D XXL

La sta­tue en bronze de Dupuy de Lôme éri­gée en 1899 à Lorient, quai du Péri­style (devant l’actuel palais des Congrès en 2016), est fon­due pen­dant la Seconde Guerre mondiale. 

Buste de Dupuy de Lôme (1835)
15 octobre 2016, la mai­rie de Ploe­meur inau­gure au parc de Soye un réa­li­sé en 3D par les par­te­naires de la Crea­Fab de Lorient.

Rem­pla­cée en 1954 par une réplique en fonte ins­tal­lée sur la place d’armes de l’arsenal, deve­nu depuis DCNS, la sta­tue de Dupuy n’est plus visible du public. 

En 2016, pour le bicen­te­naire de la nais­sance de Dupuy, la mai­rie de Ploe­meur décide de faire repro­duire par impres­sion 3D une réplique d’un buste en plâtre de 80 cm de haut prê­té par un des­cen­dant de Dupuy de Lôme. 

C’est alors que com­mence un tra­vail en syner­gie entre plu­sieurs entre­prises implan­tées à Ploe­meur : Crea­Fab de Lorient, Com­po­si­tic, SMM Tech­no­lo­gies et Breizh 3D 56. 

Un matin, Com­po­si­tic vient voir son voi­sin Breizh 3D avec le buste de Dupuy : « Si on le refai­sait en impres­sion 3D ? Tu as le scan­ner ; nous avons l’imprimante de SMM Tech­no­lo­gies. Le volume de tra­vail de ces deux équi­pe­ments est de 1 m3 : il convient donc bien à la hau­teur du buste. » 

Au bout d’une nuit de scan et 160 heures d’impression plus tard, « Dupuy » appa­raît : il a été fabri­qué point par point et par couches suc­ces­sives de 0,3 mm d’épaisseur à par­tir d’un fil en ABS/aramide. Cou­leur bronze et patine lui seront don­nées par Breizh 3D. 

Ce buste est inau­gu­ré le same­di 15 octobre 2016 dans le parc du châ­teau de Soye. 

Belle illus­tra­tion de cet apho­risme de Dupuy de Lôme : « Quand on a en tête des inno­va­tions aus­si consi­dé­rables, il faut attendre l’occasion favo­rable de les faire réus­sir ; autre­ment on se brise, sans pro­fit pour per­sonne, contre l’étonnement des gens que rien n’a pré­pa­rés à vous entendre. »

4 Commentaires

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19540029répondre
7 mars 2017 à 9 h 41 min

Une réa­li­sa­tion peu connue d’Hen­ri Dupuy de Lôme 

Bre­ton de nais­sance et de cœur, Hen­ri Dupuy de Lôme appré­ciait la Pro­vence et par­ti­cu­liè­re­ment les envi­rons de Tou­lon où il avait (par mariage), près du vil­lage de Sainte Anne d’E­ve­nos, une pro­prié­té qui appar­tient tou­jours à ses descendants. 

Des sou­ve­nirs de ce grand ingé­nieur y sont conser­vés dont un buste (le même ?) en cos­tume d’a­ca­dé­mi­cien. Dupuy de Lôme qui savait exer­cer ses talents ailleurs que sur mer, réamé­na­gea le domaine en créant un vaste parc pour­vu de grands arbres, de bas­sins, de fon­taines et d’une serre, mais dont l’en­tre­tien exi­geait une eau abon­dante qui, dans ce pays sec, n’existe qu’à une cer­taine profondeur. 

Dupuy de Lôme ima­gi­na un sys­tème hydrau­lique com­po­sé de quatre puits reliés par des gale­ries sou­ter­raines, l’eau étant remon­tée par des pompes mues par deux éoliennes de sa concep­tion édi­fiées dans le lit du mis­tral. Ces mou­lins à vent d’il y a cent cin­quante ans, du moins ce qu’il en reste, sont tou­jours visibles (j’ai pris quelques pho­tos) l’un au milieu des vignes, l’autre joux­tant l’en­trée du parc. 

Ils sont très ori­gi­naux. Pour s’o­rien­ter dans le vent, la base du rotor se déplace sur un rail cir­cu­laire cou­ron­nant une char­pente cylin­drique en acier ancrée sur un socle en maçon­ne­rie. Sur quatre ou six mats, visi­ble­ment ins­pi­rés de la marine à voiles, étaient fixées des pales en bois, trois jeux par machine, sui­vant la force du vent. 

On ne peut que déplo­rer l’état dans lequel se trouvent aujourd’hui ces deux témoi­gnages de l’ingéniosité de Dupuy de Lôme. S’a­gis­sant d’éo­liennes, il n’est pas indif­fé­rent d’ap­prendre que des uni­ver­si­tés et des éta­blis­se­ments de recherche de Bre­tagne se sont récem­ment réunis pour fon­der un Ins­ti­tut de Recherches Dupuy de Lôme, dédié en par­tie aux éner­gies nou­velles. Le nom ne pou­vait être mieux choisi. 

JL Bobin (54)

Chris­tian de Gastinesrépondre
24 avril 2019 à 12 h 13 min
– En réponse à: 19540029

1 – Où trou­ver gra­vures, pho­tos, plans, des­sins per­met­tant de faire maquette éolienne DUPUY avec SOLIDWORKS en vue simu­la­tion fonc­tion­ne­ment 3D ?
2 – Où ces 2 éoliennes étaient-elles ins­tal­lées (coor­don­nées LAT LON sur Google Earth) ?
3 – Voir en 3D « Domaine Dupuy de Lôme (Ban­dol) » sur Modèle n°136 du site SKETCHFAB.COM/CDG/MODELS

Sté­phanerépondre
12 septembre 2018 à 9 h 47 min

Impres­sion 3D
Très beau buste ! Auriez vous une idée du coût du maté­riau uti­li­sé pour cette impres­sion 3D ?

Chris­tian de Gastinesrépondre
24 avril 2019 à 11 h 54 min
– En réponse à: Stéphane

Buste = envi­ron 75cm de haut = Scan par BREIZ 3D 56 (Crea­fab PLOEMEUR) + Impres­sion 3D par COMPOSITIC (Ploe­meur) + Patine Bronze par BREIZ 3D 56
Impres­sion 3D = 3 bobines de 1kg de fil (1.75mm dia­mètre) PA 12 = envi­ron 170 heures (signal pour chan­ge­ment bobine)
Scan (fichier STL) + Fini­tion et patine par BREIZ 3D 56 en liai­son avec COMPOSITIC
Coût total = 6600€ TTC

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