Henri Marescaux (63)

Henri Marescaux (X 63) officier, réformateur et humaniste

Dossier : TrajectoiresMagazine N°767 Septembre 2021
Par Xavier MICHEL (72)

Décé­dé le 1er avril 2021, Hen­ri Mares­caux a été direc­teur géné­ral de l’X, géné­ral d’armée, et diacre. Homme de convic­tion et d’action, il a incar­né toute sa vie les valeurs de l’École polytechnique.

Né le 12 sep­tembre 1943 à Albert­ville, il est admis à l’X en 1963 et choi­sit de ser­vir dans le génie. Homme de ter­rain, il sert au 6e régi­ment du génie d’Angers comme chef de sec­tion, com­plète sa for­ma­tion à l’École natio­nale des ponts et chaus­sées avant de com­man­der une com­pa­gnie au 13e régi­ment du génie de Trèves en Alle­magne. Sa pas­sion et son savoir-faire d’éducateur y sont recon­nus et il forme les jeunes offi­ciers du génie à Angers de 1974 à 1979. Plus tard, il assure le com­man­de­ment du 19e régi­ment du génie de Besan­çon de 1986 à 1988.

Réformateur passionné

Audi­teur de l’éphémère Ins­ti­tut Auguste Comte, orga­ni­sa­teur et réfor­ma­teur pas­sion­né, il par­ti­cipe aux tra­vaux sur l’armée de terre future de 1981 à 1986, avant de les pilo­ter de 1988 à 1993. Pros­pec­tif et déter­mi­né, il aura été un grand arti­san de l’armée de terre d’aujourd’hui.

Nom­mé géné­ral en 1992, Hen­ri Mares­caux est direc­teur géné­ral de l’X de 1993 à 1996. Il y porte la célé­bra­tion du bicen­te­naire de l’École en France et à l’international. Il contri­bue à la mise en place du sché­ma direc­teur de l’École et à la pré­pa­ra­tion de la réforme X2000. 

En 1997, il reprend des res­pon­sa­bi­li­tés dans la pré­pa­ra­tion de l’avenir de la Défense, d’abord comme adjoint puis comme chef du ser­vice d’architecture des sys­tèmes de force à la Délé­ga­tion géné­ral pour l’armement. Major géné­ral de l’armée de terre de 1999 à 2001, il pilote la der­nière étape vers sa pleine pro­fes­sion­na­li­sa­tion, remar­quable réforme d’une grande ins­ti­tu­tion conduite dans les cinq ans impar­tis. Nom­mé géné­ral d’armée, il ter­mine sa car­rière mili­taire comme ins­pec­teur géné­ral des armées en 2002.

Accompagner les prostituées

Il peut alors don­ner de l’ampleur à des acti­vi­tés qu’il avait conduites dis­crè­te­ment en paral­lèle de sa vie pro­fes­sion­nelle. En 2004, il est ordon­né diacre au sein du dio­cèse de Ver­sailles, envoyé au ser­vice des pros­ti­tuées. En 2007, il fonde l’association Tama­ris pour accom­pa­gner les pros­ti­tuées à sor­tir de la pros­ti­tu­tion. Il raconte sa mis­sion dans son livre, Les pros­ti­tuées nous pré­cèdent. Elles étaient nom­breuses, ce jeu­di 1er avril, pour son der­nier À Dieu.

Hen­ri Mares­caux est tou­jours res­té fidèle aux trois prin­cipes qui lui ont ser­vi de guide : ser­vir, édu­quer, réfor­mer. Sa viva­ci­té intel­lec­tuelle, sa rigueur morale et sa déter­mi­na­tion impres­sion­naient, son humani­té et sa dis­cré­tion ins­pi­raient ceux qui le côtoyaient. 


J’ai connu Hen­ri Mares­caux pour avoir ser­vi ensemble à l’État-major de l’armée de terre. Quand il a fal­lu trou­ver mon suc­ces­seur à la direc­tion de l’École, j’ai contac­té Hen­ri qui aurait pu refu­ser ce détour, jugé par beau­coup dan­ge­reux pour une car­rière pro­met­teuse. Il a accepté.

Chaque semaine avait lieu à l’X la réunion du comi­té exé­cu­tif pré­si­dé par Ber­nard Esam­bert puis Pierre Faurre. On y par­lait de la vie de l’École et de ses projets. 

Quoi de mieux pour pré­pa­rer le futur direc­teur à sa mis­sion que de l’inviter à par­ti­ci­per à ces réunions ? Hen­ri, mal­gré le poids de ses fonc­tions à l’État-major, a accep­té de se joindre à nous, sans rater une seule réunion. Il a été d’une dis­cré­tion par­faite sans jamais por­ter un juge­ment sur nos déci­sions, sans jamais lais­ser paraître que, bien­tôt, ce serait lui le direc­teur géné­ral. Puis il m’a suc­cé­dé et je m’attendais, comme c’est sou­vent le cas lors d’une suc­ces­sion, à être « éli­mi­né » de la vie et de la mémoire de l’École. Ça n’a pas été le cas. 

Nous avions lan­cé avec Ber­nard Esam­bert la rédac­tion d’un sché­ma direc­teur. Hen­ri m’a invi­té à par­ti­ci­per à ce tra­vail qui se pour­sui­vait à l’X dans un esprit de continuité.

Mer­ci Hen­ri, je te redis une fois encore mon admi­ra­tion et mon amitié.

Paul Par­raud (58)


Nous avions lon­gue­ment ren­con­tré Hen­ri Mares­caux lors d’une inter­view (J&R n° 744, avril 2019).

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