Hervé Bongrain (42), pionnier de la recherche de Défense
Décédé le 25 juillet, l’ingénieur général de l’Armement (2e section) Hervé Bongrain a consacré sa carrière à faire progresser la recherche pour la défense sous tous ses aspects.
Né en 1922, fils et petit-fils d’officiers de marine, Hervé Bongrain eut très tôt un vif intérêt pour les sciences appliquées à la défense. Reçu à l’X en 1942, il fut envoyé dans un chantier de jeunesse pour couper du bois dans les Landes, puis pour diriger un atelier en Corrèze. La classe 1942 étant ensuite envoyée au STO en Allemagne, Hervé Bongrain se retrouva dessinateur industriel chez Junkers. Des actes de résistance, dont l’aide aux déportés, lui valurent la croix de guerre. Sorti dans l’arme des Transmissions, il passa deux années à l’ENST. Cette arme l’affecta au Groupement des contrôles radioélectriques, organisme situé au Mont-Valérien, chargé de détecter et localiser les émissions du monde entier.
Programme nucléaire
L’exemple du commandant Paul Chanson l’amena à réorienter sa carrière et à effectuer, au laboratoire du duc Maurice de Broglie, un stage consacré à la détection et à la mesure de la radioactivité. Ce stage lui fut fort utile quand il fut affecté ensuite à la section technique de l’Armée. Il devait participer à la réalisation des appareils de détection et de mesures pour les essais atomiques.
Au pouvoir en 1958, le général de Gaulle décida de doter la France d’un armement nucléaire. Affecté à un cabinet Armement, créé auprès du ministre de la Défense, Hervé Bongrain contribua à la mise sur pied de ce programme, en liaison avec la direction des applications militaires du CEA et l’État-Major des Armes spéciales, commandé par le général Ailleret. Il assista à une série d’essais nucléaires dont celui de la première bombe à Reggane, puis à des essais thermonucléaires, et suivit le programme d’équipement du bombardier Mirage IV.
Des transmissions aux télécommunications d’armement
Hervé Bongrain rejoignit le corps des télécommunications d’armement constitué en 1961 par l’IGA Combaux, puis, en 1968, le corps des ingénieurs de l’Armement. Appelé par le secrétaire général de la Défense nationale, le général Cazelles (31), il fut nommé, en 1972, président du Comité d’action scientifique de la défense (CASD) et fut aussi l’adjoint du professeur Néel, prix Nobel, au Comité scientifique de l’Otan.
Hervé Bongrain rejoignit ensuite la DGA, pour être adjoint au directeur de la DRET (direction des recherches, études et techniques). Un processus essentiel de l’action de la DRET consistait, après consultation des états-majors sur les besoins des Armées, à élaborer des plans pluriannuels pour les recherches et pour les développements exploratoires. Hervé Bongrain eut aussi un rôle essentiel pour le recrutement des scientifiques du contingent, qui pouvaient faire une large partie de leur service militaire dans des organismes de recherche étatiques, universitaires ou industriels. Cette disposition fut très bénéfique au rapprochement de l’Université avec l’industrie et l’Armement.
Admis en deuxième section en 1984, Hervé Bongrain resta au service de la DGA en qualité de responsable des publications de l’Armement et participa à diverses instances scientifiques et techniques de la Défense, comme membre voire président.
Ainsi, toute la carrière d’Hervé Bongrain a eu comme motivation essentielle la recherche pour les besoins de la Défense. Dans ses différentes affectations, il travailla en liaison étroite avec les organismes chargés d’orienter ou d’effectuer la recherche civile. Tous ses interlocuteurs l’appréciaient pour son ouverture d’esprit et sa volonté d’aboutir à des résultats concrets, en coopération efficace à tous les niveaux, avec un plein souci des facteurs humains.