Histoire d’une névrose
L’auteur est bien placé pour dépeindre le refus de l’entreprise comme source de progrès associé à un certain déni des réalités économiques, pathologie française qu’il a vu de près aux manettes du pays en 1981 puis comme patron successivement de trois entreprises nationalisées à l’époque.
La France, à l’inverse des Pays-Bas et de l’Angleterre, a opté depuis le XVIIe siècle pour la soumission de l’économie au politique .
Richelieu et surtout Colbert aimaient l’entreprise, mais ne lui faisaient pas confiance, l’étouffant sous les réglementations, au nom de leur plus grand bien, et sous les taxes, pour permettre au souverain de faire la guerre, sans oublier de se servir généreusement au passage ; le paroxysme est atteint à l’ère napoléonienne.
Les deux épisodes de rémission, entre 1830 et 1870, et pendant les trente glorieuses, seront trop brefs et superficiels. Les rares Gournay, Turgot, Condorcet ou Barre ont été rapidement balayés par les souverainistes prétendument républicains dont l’empreinte est encore profonde de nos jours, à gauche comme à droite, les élections et les difficultés de l’emploi étant toujours l’occasion d’une rechute.
Le parallèle psychanalytique, tentant et osé, peut être discuté, mais est stimulant. Où donc serait le traumatisme infligé aux Français par l’Économie, leur Mère nourricière pour les pousser ainsi à se réfugier à chaque occasion dans les bras de l’État, un Père protecteur, un père prodigue et scintillant ? Si les Français n’ont pas basculé dans la réforme au XVIe siècle, est-ce là la cause du mal comme l’avançait Peyrefitte ou simplement un symptôme ? Le débat reste ouvert.
Face aux urgences économiques, un choc est maintenant indispensable, mais il faudra bien le doser pour éviter des contrecoups encore plus graves que le mal.
Surtout, et c’est là que le parallèle du psy prend sa valeur, une longue cure s’impose commençant nécessairement par un travail de mémoire sur notre mythologie et son cortège d’erreurs.
le 27 janvier 2015 de 19 h 30 à 22 h 30 à la Maison des X.
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