Louis LEPRINCE-RINGUET

Hommage à Louis Leprince-Ringuet

Dossier : ExpressionsMagazine N°526 Juin/Juillet 1997Par : Propos recueillis par Stéphane Deschamps

Le 3 avril der­nier un hom­mage par­ti­cu­lier a été ren­du au pro­fes­seur Louis Leprince-Rin­guet (20 N) par l’É­cole et la Socié­té des Amis de la Biblio­thèque (SABIX) à l’oc­ca­sion du dépôt de ses archives et en l’hon­neur de ses 96 ans. Pré­si­dée par Mon­sieur Pierre Faurre, pré­sident du Conseil d’ad­mi­nis­tra­tion de l’É­cole, le géné­ral Novacq, direc­teur géné­ral, et Mau­rice Ber­nard, pré­sident de la Sabix, la céré­mo­nie a été ani­mée par les expo­sés de hautes per­son­na­li­tés devant une nom­breuse assis­tance. Un duo d’é­lèves flû­tistes y ajou­tait une touche très sym­pa­thique. L’A.X. était repré­sen­tée par Ber­nard Dubois, Jean Duquesne, Gérard Pilé, Mar­cel Rama, Bru­no Renard et Alain Thomazeau.

Aupa­ra­vant le film Louis Leprince-Rin­guet, un phy­si­cien dans le siècle avait été pro­je­té dans l’am­phi­théâtre Bec­que­rel. L’a­près-midi s’est ache­vée par un cock­tail très chaleureux.

Nous repro­dui­sons ci-après l’in­ter­view réa­li­sée à cette occa­sion par X‑Info, la lettre d’in­for­ma­tion de l’É­cole polytechnique.

Vous avez inté­gré le corps ensei­gnant de l’École poly­tech­nique à 35 ans, il y a exac­te­ment soixante ans de cela. Vous venez de fêter votre 96e anni­ver­saire au sein même de cette École. Que ressentez-vous ?
Je suis très heu­reux. C’est une chance d’être res­té en bonne forme phy­sique car il ne reste presque per­sonne de ma pro­mo­tion. Je suis tou­jours res­té fidèle à l’École poly­tech­nique. Depuis les années 20 jusqu’à mon départ, il a tou­jours exis­té une ambiance fra­ter­nelle entre les membres de mon labo­ra­toire ici à Polytechnique.

• “ J’ai vécu une vie de rêves au point de vue scien­ti­fique et au point de vue décou­verte ” avez-vous affir­mé dans le film qui vous est consa­cré *. Si vous deviez extraire un rêve de votre vie, lequel serait-il ?
Le bon­heur d’une vie fra­ter­nelle et d’une vie en équipe fra­ter­nelle. Au CERN, nous avons fait du gros bou­lot. Par­fois, il nous arri­vait de res­ter jour et nuit lorsque nous étions pré­vus pour dis­po­ser du fais­ceau de particules.

• Une chose à laquelle vous teniez énor­mé­ment quand vous étiez pro­fes­seur, c’était l’importance du tra­vail en com­mun. Pour­quoi était-ce si impor­tant à vos yeux ? Croyez-vous, au contraire, au génie individuel ?
Actuel­le­ment, on ne réus­sit que si on a de grandes équipes. C’est une néces­si­té de bien s’entendre sans créer de jalou­sie. Chez nous, il exis­tait une grande fra­ter­ni­té entre tous, y com­pris entre les tech­ni­ciens et les méca­ni­ciens. Quant au génie indi­vi­duel, il existe, certes, mais de moins en moins, et uni­que­ment comme théoriciens.

Louis LEPRINCE-RINGUET• La science per­met d’avoir des appli­ca­tions béné­fiques ou malé­fiques. Où situez-vous la frontière ?
Cela dépend de beau­coup de choses. Si on n’avait pas détruit Hiro­shi­ma, les Japo­nais auraient conti­nué pen­dant très long­temps. Depuis la fin de la guerre, il existe un équi­libre de la ter­reur. Par contre, les rayons X, bien uti­li­sés, sont extrê­me­ment inté­res­sants. Si vous en pre­nez trop, vous en mour­rez. La science donne du confort mais si vous abu­sez de cer­taines appli­ca­tions, vous pou­vez en mourir.

• À l’aube du XXIe siècle, la science fran­çaise est-elle en danger ?
En tout cas, elle devient de plus en plus inter­na­tio­nale. Le CERN en est le par­fait exemple avec une par­faite entente entre tout le monde. Cha­cun garde sa natio­na­li­té et son eth­nie. C’est sa grande force.

Pro­pos recueillis par Sté­phane deschamps 

(*) Louis Leprince-Rin­guet, un phy­si­cien dans le siècle a été réa­li­sé par Jean Druon et Euse­bio Ser­ra­no, et édi­té par Culture production.

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