Hors du temps / Horizon – Une saga américaine – Chapitre I / Les Fantômes / Santosh / Highway 65
La moisson de la première moitié des grandes vacances a été bien médiocre. Au jeu de l’ultra-synthèse dépitée, on va citer : Love lies bleeding, entre saphisme et bodybuilding ; Gloria ou l’invention de la musique pop à Venise au XVIIIe siècle ; The bikeriders, gang de motards (pas si mal quand même) ; Le comte de Monte-Cristo, très en dessous des Trois mousquetaires (II) ; Dîner à l’anglaise, théâtre filmé surfait ; Sons, qui aurait pu « le faire » pour cause de réalisateur (on lui doit le formidable The Guilty), mais finalement non ; Only the river flows, qui nous embarque… puis fait déraper vers l’onirisme ;
et To the moon, américain à vous en dégoûter. Et puis on a quand même retenu :
Hors du temps
Réalisateur : Olivier Assayas – 1 h 45
Beaucoup de charme. Et d’excellents acteurs. De la nostalgie, de l’autodérision, le sentiment d’une réelle sincérité, d’une observation fidèle, sans forcer le trait. Le temps déroule sa pelote, des souvenirs reviennent, un attendrissement diffus devant les maladresses, les manies, les névroses acceptables se met en place. Outre qu’on les connaît et qu’on les reconnaît plus ou moins, les Assayas, Michka qu’on entend sur France Inter, Olivier d’Irma Vep, n’eût-on pas vu le film, on est en pays de connaissance, tout surpris d’entrer dans leur intimité plus ou moins fictionnée où des références nous parlent. Au fond, le contrat est rempli, un moment Hors du temps.
Horizon- – Une saga américaine – Chapitre I
Réalisateur : Kevin Costner – 3 h 01
Trois longues heures médiocrement lisibles. Il va falloir attendre la suite. On veut y croire ! La carte postale « western » est là, on aime, mais le propos ouvre des pistes dans tous les sens et on peine à s’y retrouver. Ça se passe autour de 1860 avec Indiens, caravanes de pionniers, cavalerie, guerre civile, marche vers l’Ouest, histoires de vengeance brutale et d’amours esquissées, et au milieu Costner qui tombe de la lune… C’est vrai, ça démarre dans le too much. On devine l’ambition. On s’ennuie un peu. Mais on a la foi du charbonnier. L’ensemble, dans sa perspective à venir, construira une cohérence positive.
Les Fantômes
Réalisateur : Jonathan Millet – 1 h 46
Sur les ex-tortionnaires du régime syrien passés en Europe. Adam Bessa dans le rôle principal impressionne par sa concentration. On croit à l’histoire dans son déroulement sans fioriture, sécheresse lisible, dans la présentation technique de la traque, l’installation de la certitude, la poursuite du bourreau par la victime, la terrifiante prise de conscience de l’écart incompréhensible entre la monstruosité du crime et l’apparente normalité, banalité du criminel. La tension dramatique est constante. L’aspect fictionnel le cède au documentaire. Le héros touche juste dans son honnêteté humaine, lucide et obstinée, à l’écart du fanatisme. La parabole accomplit pleinement son nécessaire parcours vers la justice et la lumière.
Santosh
Réalisatrice : Sandhya Suri – 2 h 08
Un beau film, qui commence en documentaire avant de se poursuivre et de se tendre dramatiquement en polar à l’impeccable et intense dimension psychologique. Shahana Goswani donne une étonnante densité à son personnage, traversée d’inquiétude, de chagrin, de questions, de révolte. Très belle figure de femme au sein d’une enquête biaisée aux conséquences insupportables, porte ouverte sur une Inde de castes, de compromis, d’injustice et de violence. Épaisseur et complexité aussi de son chef de service, l’inspectrice ambiguë et manipulatrice qui fait contrepoint avec elle et qu’incarne Sunita Rajwar. Ample et lente et très efficace mise en scène.
Highway 65
Réalisatrice : Maya Dreifuss – 1 h 48
Un bon thriller. Une disparition, des notables. Original d’abord, tout à fait original. Solide et neuf. Et dans son déroulement réaliste, son « temps réel », très efficace. En refus des armes de la féminité, calée sur ses propres valeurs et sa volonté d’aboutir, Daphna (Tali Sharon) impressionne. Le tissu enchevêtré de l’intrigue se déplie progressivement pour une fin qui entrouvre la porte sur des variantes d’interprétation intéressantes. Il fait très chaud en Israël et la langue y a des sonorités râpeuses, tandis que les rapports humains y connaissent l’universel de leur complexité où la rectitude de l’héroïne s’obstine à tracer son sillon risqué.