Hubert Jacquet (64) : le calme fait homme
C’est d’abord son regard : il vous dévisage, attentif. Car l’attention est l’une de ses grandes qualités. Il vous jauge, ce faisant. Puis, tout de suite et sans un mot, vous offre son amitié. Il restera fidèle à cette première intuition.
C’est un modeste. Il ne se met jamais en avant. C’est un travailleur aussi, d’une grande efficacité. Il affectionne particulièrement le travail en équipe.
Surtout, c’est un sage.
Agricole ou Populaire ?
Après la taupe au lycée du Parc, à Lyon, il intégra l’X en 3⁄2. Après sa sortie de l’École, il opta pour l’informatique et les métiers de la banque. La banque ? Il suivit le conseil d’un ami de son père, car « on peut y exercer toutes sortes de métiers ».
Mais on lui conseille aussi de se former en informatique, car elle promet de révolutionner le métier de banquier. A posteriori, son choix de l’informatique n’a rien de surprenant, du fait de sa qualité d’attention ; et du soin qu’il met à tout travail. Il entre donc chez IBM France, dans la division militaire. Il y restera de 1967 à 1970 seulement. En effet se crée alors CII, qui siphonne les marchés militaires d’IBM. De plus, le chef direct d’Hubert Jacquet est un fou.
En 1967, justement, Serge Kampf avait créé Capgemini Sogeti à Grenoble. Cette audacieuse start-up est fort attirante, c’est alors un groupe de copains : Hubert Jacquet opte pour s’y joindre en 1970, dans diverses fonctions de direction. Ce n’est encore qu’une PME de 60–80 personnes. Il la quittera en 1978, lorsqu’elle sera devenue une grosse boîte, d’environ 8 000 personnes ; car il n’aime pas les grosses structures.
De 1978 à 1982, il devient directeur « informatique et organisation » à la caisse régionale du Crédit Agricole Mutuel d’Île-de-France : le Crédit Agricole est constitué de multiples caisses indépendantes, à taille humaine.
En décembre 1982, il rejoint les Banques Populaires. Puis, en février 1987, il retourne au Crédit Agricole, comme directeur adjoint chargé de la technologie et de la monétique. En mars 1991, Hubert Jacquet prend la direction des affaires internationales du Groupement des cartes bancaires.
“L’attention est l’une
de ses grandes qualités.”
Coup de jeune pour la rédaction
Début 2008, la rédaction de La Jaune et la Rouge prend un coup de jeune, avec l’arrivée à sa tête de Jean-Marc Chabanas, presque immédiatement flanqué d’Hubert Jacquet. Hubert restera donc douze ans dans ces nouvelles fonctions que, manifestement, il affectionne. L’équipe est à taille humaine, comme il aime.
Le travail a ses côtés ingrats, des dossiers prévus de longue date dont le coordonnateur se défile au dernier moment, un déferlement de langue de bois de la part d’auteurs d’articles que la haute fonction publique a habitués à ce non-style. Mais Chabanas est jovial et endurant, à ses côtés Jacquet s’installe peu à peu dans une fonction où il excellera, lorsqu’à son tour il deviendra rédacteur en chef.
Hubert Jacquet, ou le calme fait homme. Le modeste aussi : je le revois, sur un quai de la station Saint-Michel, attendant le RER C pour rentrer chez lui à Versailles ; un Francilien habitué des transports en commun. Dans sa serviette, sans doute Auto-Magazine, dont il est friand. Et puis des textes à relire et éditer pour La J & R.
Ses loisirs, chez lui à Versailles, ou dans sa maison de vacances, à Rasteau, dans le Vaucluse : le bridge, avec des amis, il y est très fort. Et tailler ses rosiers.
Nous te souhaitons, cher Hubert, de cultiver ton jardin durant de longues années. Ce nous fut un bonheur de travailler avec toi !