Idex : « La transition énergétique est aujourd’hui rentable »
Fêtant ses soixante ans d’existence en 2023, Idex est une entreprise française au cœur de la transition énergétique pour les entreprises et les collectivités. Edouard Roblot (X07) y dirige le département Bâtiments Bas Carbone.
Pouvez-vous décrire les activités de votre entreprise ?
Idex est une ETI française de 5300 collaborateurs, leader indépendant de l’énergie bas carbone en France. Nous avons réalisé un chiffre d’affaires d’environ 2 milliards d’euros en 2022. La société a été fondée en 1963 par Georges Planchot, et s’est engagée très tôt dans la transition énergétique, participant en 1990 à la création du premier parc éolien français. Nous poursuivons cette tendance depuis trente ans de manière continue, à une plus grande échelle aujourd’hui bien entendu. Nous proposons à nos 18 000 clients des solutions énergétiques clé en main, pour une gestion durable de leur bâtiments.
Comment se positionne IDEX dans ce secteur ? Quelle est la spécificité de votre approche ?
Nous valorisons toutes les énergies d’un territoire : réseau de chaleur, biomasse, géothermie. Au niveau bâtimentaire, nous développons des solutions solaires, photovoltaïques, des bornes de recharge pour véhicules électriques, et des moyens de stocker l’énergie. Dans tous les cas, et c’est ce qui nous différencie de nos concurrents, nous ne sommes pas seulement des producteurs, nous disposons de 3 000 techniciens pour l’installation et la maintenance. Nous proposons des solutions intégrées, et dans cette optique nous visons une excellence opérationnelle.
Quels sont les produits bénéficiant chez vous d’une grande dynamique dans la transition énergétique ?
IDEX a créé il y a deux ans une direction Bâtiments Bas Carbone. Lorsque l’aventure a commencé, j’étais le premier collaborateur et aujourd’hui, l’unité compte trente personnes et jouit d’une belle dynamique par le biais de deux best sellers : le solaire photovoltaïque et les bornes de recharge. Ce sont les produits les plus demandés et les plus efficaces pour la transition énergétique des entreprises.
Notre approche du développement repose sur deux piliers : l’excellence environnementale et l’excellence opérationnelle. Pour nos clients, engager leur transition énergétique est une contrainte. Notre métier est de les aider à le faire sereinement en leur proposant des offres clé en main d’infrastructures bas carbone. Nous allons donc chez eux pour développer des solutions, les construire, les maintenir sur une longue durée (de 25 à 30 ans) en transformant ce qui était une contrainte en un vecteur d’attractivité économique, environnementale, et un atout en termes d’image.
Quel est le niveau de maturité des technologies que vous installez à l’heure actuelle ?
Les technologies de nos installations sont parfaitement matures. On peut garantir la durabilité d’une installation en photovoltaïque sur trente ans. Les panneaux solaires sont recyclables à 95 %, les bornes de recharge sont produites en France. De plus, nos installations sont rentables pour le client, et ce, dès la première année. Investir dans ces solutions est donc judicieux sur le plan économique.
La transition écologique en cours vous semble-t-elle un vrai tournant à long terme dans l’écosystème énergétique national ?
Nous sommes convaincus que la période actuelle est fondatrice d’une nouvelle ère mais nous avons besoin d’industrialiser la transition énergétique.
Prenons l’exemple des bornes de recharge. Il y a 40 millions de foyers en France, et il faudra en moyenne deux bornes par foyer. Nous devrons donc déployer 80 millions de bornes sur le territoire. Sachant qu’une borne équivaut à la puissance d’un appartement, la situation est comparable à celle de l’après-guerre en terme de défi industriel : il s’agit aujourd’hui de bâtir une industrie de la transition écologique.
De plus, les utilisateurs de véhicules électriques doivent pouvoir recharger leurs véhicules partout (domicile, lieu de travail, supermarché…). Pour réaliser cet objectif, nous avons besoin de collaborateurs qui ont des connaissances d’ingénieur, et un état d’esprit de développeur. Notre secteur a tous les atouts pour plaire à un jeune diplômé : on peut y projeter toute une carrière. J’ai démarré seul chez BBC il y a deux ans, nous sommes trente à présent, et probablement le double dans un an. Cette dynamique de croissance est une opportunité unique dans une carrière.
Le monde industriel est-il conscient des changements à mettre en œuvre ?
Du côté des prescripteurs (les pouvoirs publics notamment), on n’a peut-être pas encore pris toute la mesure de ce qui est en train de se jouer. Il y a encore des efforts à faire. Mais en tant que consommateurs d’énergie, les industriels sont en train de basculer dans la transition. Ils savent qu’il leur faut être plus résilients, plus renouvelables, plus durables, plus locaux, et pas seulement par conviction personnelle. Et nous sommes là pour leur fournir une plateforme complète de transition énergétique.
Quels sont les grands enjeux à venir pour la décarbonation ?
L’énergie va coûter de plus en plus cher. Il faudra donc s’efforcer de la consommer au plus juste selon les besoins. Nos usages se transforment, non seulement par le télétravail, mais aussi par le type de mobilité, les circuits courts, etc. Les consommations d’énergie évoluent et nous devons donner aux entreprises des leviers d’utilisation d’énergie qui accompagnent ces changements d’usage. Il ne s’agit pas seulement d’infrastructures, c’est également un changement d’approche : le client doit devenir acteur de sa consommation.
Pour les acteurs industriels, les grands enjeux sont donc à la fois de diversifier les sources d’énergie, pour les rendre plus renouvelables et plus locales, et de continuer à progresser vers une énergie la plus utile possible.
Vous préférez donc parler d’énergie utile plutôt que de sobriété énergétique ?
Trouver une production et une consommation de l’énergie au plus juste, au plus utile, paraît un projet plus convaincant et plus global. Il s’agit de consommer au bon moment la bonne quantité, et de notre côté, de mettre en œuvre les outils pour que la production d’énergie soit la plus efficace possible.
Quel est votre message à l’adresse des étudiants et des jeunes diplômés ?
La transition énergétique est aujourd’hui rentable. C’est une évolution majeure, car venir travailler dans notre secteur ne relève plus exclusivement d’un choix de conviction : c’est un choix qui permet à un jeune ingénieur de projeter une carrière dans un secteur économique sain tout en ayant un impact écologique positif pour la planète. Un nouveau champ industriel s’ouvre, et nous avons besoin de bras pour passer à l’échelle : nous recrutons massivement des techniciens et des ingénieurs pour accompagner la transition énergétique que nous demandent nos clients.