BCG GAMMA : « Il faut agir et agir vite ! »
Guillaume Charlin, Directeur général du bureau de Paris du Boston Consulting Group, et Sylvain Duranton (91), Directeur Associé Senior au bureau de Paris du Boston Consulting Group et en charge de BCG GAMMA, reviennent pour nous sur l’actualité du Boston Consulting Group dans un environnement en constante mutation. Entretien croisé.
Depuis votre prise de fonctions à la tête de BCG France, quels sont les principaux sujets qui vous ont mobilisé ? Quelles sont les grandes lignes de votre feuille de route ?
Guillaume Charlin : Notre action s’articule aujourd’hui autour de deux grands axes : la révolution technologique d’une part ; l’urgence sociétale et environnementale, d’autre part. Dans les deux cas, nous sommes face à de profonds changements de modèle. Dans un monde qui a atteint un niveau de savoir et de technicité inédit mais qui s’est dans le même temps tellement complexifié, notre rôle est d’accompagner nos clients à naviguer pour intégrer ces transformations au cœur de leur agenda stratégique. C’est une responsabilité aussi stimulante que cruciale.
Sur la technologie en particulier, nous avons beaucoup accéléré ces dernières années, avec un rôle moteur joué par le bureau de Paris dans la galaxie BCG. Dans le domaine de l’IA et de la data science, nous avons créé GAMMA, dont Sylvain est le responsable au niveau mondial. Nous avons également investi le champ de la Deep Tech avec la création d’une initiative mondiale, The Mission, là aussi dirigée par un de nos autres directeurs associés, Antoine Gourevitch. Nous nous sommes également dotés d’une structure dédiée à la disruption digitale et à l’innovation de rupture avec Digital Venture qui compte aujourd’hui près de 1 000 personnes dans le monde.
« Digital Venture est une structure dédiée à la disruption digitale et à l’innovation de rupture. »
Sur les enjeux de sustainability, le BCG est tout d’abord une entreprise exemplaire. Au niveau mondial, nous nous sommes engagés à être neutre en carbone et à l’échelle du bureau de Paris, l’initiative GoGreen se développe pour réduire au maximum nos externalités négatives. Ensuite, notre rôle est d’être catalyseur de changements pour nos clients. Bonne nouvelle : les entreprises françaises sont parmi les plus « responsables » au monde. Cette position est un avantage car il y a sur ce sujet un avantage aux pionniers.
Par ailleurs, cette responsabilité sociale et environnementale n’est en rien pénalisante pour la performance économique, bien au contraire. Notre indicateur « TSI » (Total Societal Impact) a notamment permis de démontrer que les entreprises les plus vertueuses sont également les plus performantes. Les enjeux des Objectifs de Développement Durable doivent donc désormais faire partie intégrante de la stratégie des entreprises. La pression des consommateurs, des investisseurs et des talents va s’accroître dans les années à venir et pour les entreprises, il n’y a pas de raison de subir, il faut agir, et agir vite.
Sur un marché du conseil en stratégie mature et très concurrentiel, comment un acteur comme BCG se réinvente ? Quels sont les axes de différenciation que vous voulez pousser ?
Guillaume Charlin : D’abord, je ne suis pas sûr que l’on puisse parler de marché « à maturité » : nous avons connu à Paris une croissance soutenue sur les dix dernières années et nous avons la conviction que cela va se poursuivre dans les années qui viennent.
Pourquoi cette confiance ? Notre métier est d’anticiper les besoins et de mettre en place les meilleures équipes pour accompagner nos clients. Aujourd’hui, notre avantage compétitif se construit autour de trois composantes clés : notre perspective stratégique, notre capacité à travailler en équipes pluridisciplinaires et la qualité de nos talents. La combinaison des trois, indispensable pour répondre à la complexification et l’accélération du monde, fait la singularité et la force de notre modèle.
Comment cela se traduit-il au niveau de vos consultants ? Quels sont les talents et compétences que vous cherchez à attirer au sein de BCG pour renforcer vos équipes ?
Guillaume Charlin : Pour attirer et développer les meilleurs — spécialistes et généralistes — notre engagement est simple : leur offrir un environnement stimulant et attractif, une organisation souple avec peu de niveaux hiérarchiques, un travail collaboratif et interdisciplinaire permettant à leur talent et leur esprit créatif de se déployer et de se développer en permanence.
Les profils ingénieur représentent environ la moitié de nos recrutements, dont environ 10 à 15 % de polytechniciens — on en compte plus de 100 au BCG aujourd’hui.
Sur un plan plus opérationnel, pour relever le défi de la data et de l’IA, BCG s’est doté d’une entité dédiée à ces sujets : BCG GAMMA que vous avez créé et que vous présidez. Dites-nous-en plus ?
Sylvain Duranton : Il y a trois ans et demi, le BCG a souhaité se doter d’une entité IA et data science, que j’ai eu l’opportunité et la chance de créer et de diriger.
Le champ est immense et nous n’en sommes qu’au début. L’exploitation des données est aujourd’hui un enjeu de croissance stratégique pour nos clients. Notre rôle est de leur apporter des solutions innovantes, de bout en bout, c’està-dire de la construction d’un algorithme au déploiement opérationnel des modèles.
« Nos équipes pluridisciplinaires combinent des compétences techniques et business. »
Nous avons ainsi monté des équipes pluridisciplinaires, qui combinent des compétences techniques et business très poussées. L’objectif : proposer à nos clients des solutions qui améliorent l’efficacité des processus fondamentaux des entreprises (CRM, advertising, pricing, planification et pilotage industriel, maintenance, gestion du risque). C’est d’autant plus essentiel que l’impact financier est souvent colossal mais, surtout, mesurable, quelques mois seulement après le lancement des projets. Les exemples foisonnent et donnent une idée du spectre très large d’intervention du BCG GAMMA : détecter les fraudeurs pour une compagnie d’assurance, assurer une gestion dynamique de la tarification pour un géant de la mode, garantir une hyperpersonnalisation de la relation client dans le secteur de la banque, assurer le pilotage dynamique de la supply chain pour un sidérurgiste…
GAMMA s’inscrit pleinement dans l’écosystème IA dans tous les pays où nous nous trouvons. Cela se traduit par les partenariats que nous nouons avec les centres de recherche les plus pointus, de l’École polytechnique bien sûr, mais également INRIA, MIT, Imperial College ou encore l’université de Tokyo par exemple. Nous sommes dans dix-sept pays ce qui offre des possibilités de mobilité très grande à nos équipes.
En bref
BCG est un cabinet international de conseil en management et un des leaders mondiaux du conseil en stratégie d’entreprise. BCG travaille avec des clients de tous les secteurs partout dans le monde. À travers une approche personnalisée, nous leur apportons notre vision et notre expertise, notamment en matière de transformation digitale avec Platinion, BCG Digital Venture et BCG GAMMA. Fondé en 1963, le BCG est présent dans 50 pays et compte 90 bureaux. En France, le BCG compte 700 collaborateurs.
En trois ans, vos effectifs sont passés de 25 à 800. Quels sont vos besoins ? Quelles sont les perspectives de carrière qui peuvent intéresser les polytechniciens ?
Sylvain Duranton : Cette croissance repose sur notre capacité à faire vivre des équipes mixtes sur des projets pluridisciplinaires. En outre, chez GAMMA, l’environnement de travail ressemble davantage à celui d’une start-up qu’à celui d’un grand groupe, en encourageant la proximité et le travail en équipe ou l’accès à des bibliothèques d’algorithmes Open Source. Nos équipes doivent avoir la possibilité chaque jour, de résoudre des problèmes, de se confronter à des situations inédites et d’en mesurer l’impact.
C’est là l’atout des structures comme la nôtre, face aux GAFAMs ou aux start-ups : proposer de construire des solutions en cycle court. Nous proposons très vite aux jeunes diplômés une grande diversité de projets, des relations à très haut niveau dans les entreprises, des perspectives à l’étranger. Tout cela avec un très fort esprit d’équipe. Des perspectives de carrière qui combinent leadership, sens des responsabilités et mathématiques. Un cocktail qui devrait intéresser nos jeunes camarades !
Vos enjeux et perspectives pour conclure ?
Guillaume Charlin : Notre enjeu clé est celui d’accompagner le changement de modèle des entreprises autour notamment de leur transformation digitale et de la question de l’impact social et environnemental. Nous devons apporter le cadre d’analyse et d’action le plus exigeant à nos clients. Nous devons dans le même temps porter un soin tout particulier à nos équipes pour les attirer, les stimuler, les rendre toujours meilleures. L’excellence ne se décrète pas. Mais, face à la transformation profonde de nos modèles, celle-ci n’est pas une option mais un impératif. Nous parlons d’une révolution systémique, de l’invention d’un modèle de capitalisme plus responsable et plus inclusif, qui doit embarquer tout le monde. La tâche est immense, mais elle est exaltante !
« L’un des enjeux majeurs des entreprises est aujourd’hui de déployer l’IA à l’échelle. »
Sylvain Duranton : BCG GAMMA va continuer à connaître une croissance très dynamique au cours des années à venir. 40 % de la croissance du BCG est assurée par nos activités digitales et GAMMA est un des moteurs clé de cette croissance. L’un des enjeux majeurs des entreprises est aujourd’hui de déployer l’IA à l’échelle or selon une étude que nous avons conduite avec le MIT, seulement 20 % des entreprises au niveau mondial ont aujourd’hui réussi à passer des solutions d’IA à l’échelle. L’IA va s’appliquer à l’ensemble des secteurs d’activité et des fonctions. C’est une véritable vague de fond pour laquelle BCG GAMMA sera un acteur de référence.
La spécificité de GAMMA est de travailler en relation très étroite avec les consultants du BCG. 10/20/70 est notre règle d’or : 10 % de la mission repose sur la production de l’algorithme ; 20 % sur son implémentation dans les systèmes existants ; 70 % sur son intégration dans les processus de travail qui doivent être réimaginés pour tirer le meilleur profit de l’IA. L’IA est un levier de croissance exceptionnel pour les entreprises et nous avons besoin d’ingénieurs de haut niveau pour aider nos clients à relever le défi.
Les témoignages
Benjamin Fassenot (2012) – consultant BCG Pour mon stage 3A, je voulais intégrer une entreprise tournée vers le monde économique me permettant de mettre à contribution ma rigueur scientifique et mes qualités analytiques et dans laquelle je pourrais rencontrer des personnes passionnantes. Après ce stage et ma 4A, j’ai rejoint le BCG et 3 ans plus tard, je ne me suis pas trompé : la diversité des problématiques sur lesquelles j’ai eu la chance de travailler, l’environnement toujours stimulant et surtout la bonne humeur et l’enthousiasme de mes collègues/amis me prouvent tous les jours que j’ai fait le bon choix.
Magali Beffy (97) – Senior Data Scientist GAMMA Équipe jeune et dynamique, Gamma est une véritable ruche de talents. Depuis mon arrivée ici, je suis sans cesse étonnée par la diversité, la qualité et la sympathie des profils. Quelle que soit la question, je trouve toujours une personne référente qui prendra le temps d’y répondre. Quant aux projets, c’est un mariage subtil entre R&D et business, avec une optique toujours opérationnelle. Ce que nous développons est en effet rapidement déployé sur le terrain et utilisé, ce qui est appréciable. Pendant un projet, nous investiguons et définissons les problématiques avec les clients, et charge à nous ensuite d’y répondre, toujours de façon pragmatique et dans des délais stimulants. Ainsi jamais chez Gamma je ne m’ennuie. J’apprends sans cesse de nouvelles choses, dans des équipes projets toujours renouvelées.