Immobilier logistique : des bâtiments toujours plus performants, mais moins énergivores
À la croisée des enjeux réglementaires, économiques et environnementaux, Catella Logistic Europe développe et construit des projets d’immobilier logistique en veillant à aligner les intérêts de l’ensemble des parties prenantes, des investisseurs aux propriétaires en passant par les utilisateurs finaux. Explications de Christophe Ramos, directeur des opérations de Catella Logistic Europe.
Quel regard portez-vous sur le monde de la logistique ?
C’est un secteur qui a beaucoup évolué. Les projets de logistique sont de plus en plus grands et complexes. Il y a une dizaine d’années, on parlait de grandes plateformes à partir de 30 000 m² de surface. Aujourd’hui, cette superficie est devenue la norme et nous assistons à l’émergence de super grandes plateformes avec des superficies comprises entre 100 et 160 000 m², où les espaces et les volumes doivent être optimisés. Si actuellement, il y a une tension sur le foncier disponible, la nécessité de pouvoir anticiper les ruptures de stock et d’approvisionnement explique le développement de ces grandes plateformes.
En parallèle, les bâtiments sont de plus en plus automatisés et performants. Contrairement aux idées reçues, cette automatisation n’a pas vocation à remplacer l’humain, qui joue encore un rôle essentiel dans la chaîne logistique, mais doit améliorer ses conditions de travail. On note aussi un focus sur l’optimisation des coûts du transport qui reste un des principaux postes de dépense de la chaîne logistique. L’enjeu est donc d’optimiser les flux et le maillage du territoire afin de réduire non seulement les coûts, mais aussi l’empreinte carbone sans pour autant perdre en efficacité ou en performance.
Au-delà, il y a une vingtaine d’années, ces bâtiments étaient considérés essentiellement au travers du prisme du loyer. Depuis le début de la guerre en Ukraine, il y a une réelle prise de conscience sur l’importance de leur consommation énergétique.
Sur ce secteur, quels sont votre positionnement, vos métiers et vos expertises ?
Catella Logistic Europe est un promoteur et développeur d’immobilier logistique. Nous ne sommes pas une foncière et n’avons donc pas vocation à garder ces bâtiments que nous réalisons. Nous les vendons ensuite à des investisseurs internationaux ou institutionnels, de grandes caisses d’assurances… Catella Logistic Europe est une jeune entreprise qui a vu le jour il y a cinq ans. Nous avons développé et construit près de 200 000 m² de bâtiments logistiques. En 2023, nous travaillons actuellement sur 200 000 m² additionnels. Nous menons des projets principalement en France. Nous avons démarré cette année un premier projet en Espagne et nous ambitionnons de poursuivre notre développement en Europe. Dans ce cadre, nous nous appuyons sur la force de frappe de notre maison mère, le groupe suédois Catella, qui est coté à la Bourse de Stockholm et qui est présent dans 12 pays en Europe.
Pour réaliser ces projets, nous nous appuyons sur une fine connaissance du monde et des métiers de la logistique, des contraintes réglementaires et environnementales, des différentes parties prenantes, notamment administratives et publiques… Nous avons développé également une expertise avérée qui nous permet de couvrir toute la chaîne de valeur de cette typologie de projets : depuis le montage du projet à sa livraison en passant par les démarches administratives, le choix des systèmes d’automatisation, l’optimisation de l’espace… Au-delà, nous connaissons les besoins et les attentes des investisseurs et des utilisateurs ce qui nous permet de garantir une exploitation des bâtiments dans la durée. Nous accordons ainsi une attention particulière à la qualité architecturale afin de proposer des espaces où il fait bon travailler.
Dans ce cadre, quelle est la typologie de projets que vous mettez en place ? Quelles sont leurs spécificités ?
Au-delà de l’expertise et de la capacité à gérer un projet de A à Z, nos clients recherchent en priorité du foncier avec une localisation optimale, facilement accessible par les poids lourds afin de réduire leur impact environnemental, au meilleur coût. En parallèle, ils apprécient notre écoute et notre capacité à traduire de manière concrète leurs besoins et leurs attentes spécifiques.
Nous nous différencions aussi par notre prise en compte des enjeux environnementaux et énergétiques. En effet, nous n’avons pas attendu les différents textes de lois pour installer des bornes de recharge de véhicules électriques sur les parkings, par exemple. Avec les communautés de commune, nous réfléchissons et anticipons les prochaines évolutions du mix énergétique. On s’intéresse, par exemple, à une approche multi-énergie pour le transport (véhicules électriques, à l’hydrogène, carburants de synthèse…).
Nous essayons également de privilégier la lumière naturelle dans nos projets, l’installation de bacs de récupération d’eau de pluie pour les sanitaires et de panneaux photovoltaïques en toiture pour optimiser la consommation énergétique… Nous travaillons aussi sur le confort thermique des bâtiments et explorons plusieurs pistes dont la ventilation naturelle, les systèmes de géothermie, les pompes à chaleur… L’enjeu est d’équiper nos bâtiments de ces systèmes et des solutions les moins énergivores possibles. Aujourd’hui, tous nos bâtiments disposent de la certification BREEAM.
Pouvez-vous nous donner des exemples ?
On peut notamment citer le projet que nous avons réalisé pour le Coq Sportif, qui comportait une partie immobilier logistique et une prestation logistique. Nous avons remporté ce projet avec un de nos partenaires logistique. Dans le cadre de ce projet, nous avons accordé une importance particulière au confort des utilisateurs afin d’être en adéquation avec la politique de bien-être au travail de notre client. Nous avons travaillé la lumière naturelle dans les bâtiments en peignant notamment les murs intérieurs en blanc.
Dans la Somme, à Roye, nous avons racheté une friche industrielle, un ancien bâtiment logistique qui n’était plus adapté aux nouvelles normes du marché. Nous l’avons déconstruit et avons revalorisé les déchets pour construire un nouveau bâtiment BREEAM Very Good aux dernières normes, notamment sur le plan énergétique.
Notre mission est véritablement d’arriver à aligner les besoins et les intérêts de tous, de l’investisseur à l’opérateur qui va travailler au quotidien dans ces bâtiments que nous développons et concevons.
Comment vous projetez-vous sur le marché ? Quels sont vos enjeux et perspectives ?
Aujourd’hui, nous évoluons sur un marché complexe. Ces dernières années, la hausse des coûts de construction était notamment compensée par les taux faibles et les loyers stables. En parallèle, nos clients avaient une visibilité sur de plus longues échéances et lançaient leurs projets sans avoir forcément de contrat avec un chargeur.
Dans le contexte actuel très incertain, les coûts de construction ont explosé, notamment à cause des pénuries de matériaux et des coûts énergétiques, et les clients ne lancent leur projet qu’une fois un contrat sécurisé. Ils nous sollicitent moins en amont ce qui nous laisse généralement entre 6 et 12 mois pour réaliser un projet. En parallèle, nous devons aujourd’hui nous adapter aux contraintes imposées par la loi zéro artificialisation nette qui complexifie l’accès au foncier. Nous devons donc nous inscrire dans une démarche d’anticipation afin de nous positionner le plus en amont possible des projets immobiliers de logistique.