Implantation d’Électricité de France en Ukraine
Université Tarass Chevtchenko © DATA BANK UKRAINE
Une histoire commune dynamique, des relations durables et une implication sans cesse renforcée
Électricité de France est présente en Ukraine depuis son indépendance, il y a déjà sept ans, et y a ouvert un Bureau de représentation en 1993. EDF a progressivement renforcé son tissu de relations et approfondi ses engagements auprès des acteurs du système électrique. Ainsi :
- EDF a élargi l’éventail de ses interlocuteurs en nouant des liens durables et d’estime mutuelle avec les différents acteurs du système électrique ukrainien (producteurs, transporteurs, distributeurs), les centrales, les instituts de conception, le tissu industriel ukrainien, la société de production électronucléaire Energoatom, le Minenergo, la Commission nationale de régulation du système électrique, le ministère de l’Environnement et de la Sûreté nucléaire…
- EDF a augmenté l’importance de ses implications dans les projets développés avec ses homologues ukrainiens ; ayant commencé par mettre en œuvre des jumelages entre centrales nucléaires (Zaporojie-Bugey, Rivne-Golfech, Khmelnytskyï-Chinon) toujours actifs, EDF a ensuite été, dans le cadre du programme européen Tacis, consultant pour divers projets avec des partenaires européens ; soucieuse d’être concrète, EDF a accompagné financièrement la mise en œuvre par Tacis de l’assistance sur le site de la centrale de Rivne depuis 1994 et participe, en partenariat avec DTN et GKN, à l’assistance sur le site de la centrale de Khmelnytskyï ; depuis 1995, EDF est impliquée comme assistant aux maîtres d’ouvrages (à Rivne, à Khmelnytskyï mais aussi dans le domaine classique, à Starobiechievs-kaya et pour la centrale de pompage du Dniestr) dans le cadre de projets de réhabilitation ou d’achèvement de centrales de production d’électricité. Depuis 1998 EDF s’est également positionnée comme investisseur-opérateur de sociétés de distribution.
Dans le cadre d’une stratégie éprouvée et… prometteuse
En résultat cumulé depuis 1991, EDF a développé et développe environ 38 projets, et mobilise chaque jour pour ses projets ukrainiens une centaine d’experts. EDF a dégagé un chiffre d’affaires cumulé d’environ 280 MFF (dont 60 % financés sur fonds Tacis et BERD) et accueille chaque année en France environ 60 experts ukrainiens (certains pour des stages de longue durée) alors que 150 experts d’EDF viennent en Ukraine.
EDF a tenu à être présente, tant dans le domaine nucléaire que non nucléaire :
- compte tenu de ses compétences multiples d’architecte-concepteur et d’exploitant de centrales hydrauliques (notamment de pompage comme à Grand’Maison), thermiques classiques (avec des technologies nouvelles comme les chaudières LFC, développées à Gardanne avec Charbonnages de France), nucléaires (jusqu’aux plus avancées et véritablement opérationnelles dans le monde, comme les PWR-N4 de 1 450 MW de Chooz), mais aussi de réseaux de transport, et en tant que distributeur attachant une importance certaine à la gestion de la clientèle,
- car la poursuite de l’exploitation de centrales nucléaires dans des conditions de sûreté qui ne sont pas assez satisfaisantes constitue un risque pour l’environnement. C’est pour cette raison, mais aussi par solidarité avec les exploitants nucléaires ukrainiens qui ont une problématique similaire à celle d’EDF, qu’elle s’est engagée fortement dans les projets du secteur nucléaire, tant sur ses fonds propres que sur des financements internationaux,
- dans le domaine non nucléaire avec la volonté d’être un jour, puisque les conditions le permettent désormais, investisseur-opérateur : il convient de noter par ailleurs que certains projets non nucléaires sur lesquels EDF coopère sont inscrits dans le Memorandum of Understanding signé à Ottawa en décembre 1995 par l’Ukraine, les pays du G7 et l’Union européenne, en vue de la fermeture de la centrale de Tchernobyl en 2000.
Les quatre volets de la coopération d’EDF en Ukraine
Premier volet : coopération en faveur de la sûreté nucléaire
Coopération pour améliorer la sûreté d’exploitation sur les sites
L’objectif est de contribuer à développer la culture de sûreté des exploitants à travers des actions de partenariat.
Rivne : une équipe de trois personnes est détachée sur le site de Rivne depuis avril 1994.
Elle intervient :
- dans le cadre d’actions d’assistance pour l’amélioration de la sûreté à l’exploitation et à la conception (financement européen Tacis et financement EDF),
- pour la fourniture d’équipement et de matériels (financement Tacis et EDF).
La centrale française Golfech, jumelée avec Rivne, est le support de ce projet.
Khmelnytskyï : une action d’assistance sur site analogue à celle de Rivne et sur financement Tacis a été lancée en liaison avec DTN (Espagne). La centrale de Chinon est la centrale de support jumelée.
Zaporojie : un jumelage actif avec la centrale française du Bugey existe depuis plusieurs années.
Coopération avec le niveau central d’Energoatom :
- mise en place d’un système de retour d’expérience concernant la collecte et l’analyse des informations et événements provenant des centrales nucléaires (projet CIA),
- projet de création du Centre national de crise.
Coopération pour la modernisation des centrales
EDF n’est pas un vendeur d’équipements mais possède une solide expérience d’ingénierie comme « architecte-ingénieur » des centrales en France. EDF offre ses services comme « consultant » des exploitants nucléaires d’Europe de l’Est en vue de préparer et réaliser des projets de modernisation ou d’achèvement des réacteurs VVER de conception récente (VVER 440⁄213 et 1 000–320).
Achèvement et modernisation de Rivne 4 et Khmelnytskyï 2
EDF, en consortium avec Tractebel et IVO, coopère à la phase préparatoire du projet d’achèvement et de modernisation de ces réacteurs VVER 1 000. L’objectif est d’amener ces deux unités à un niveau de sûreté comparable à celui des centrales de même génération en Occident. Ce projet fait partie intégrante du Memorandum of Understanding signé par le G7 avec le président ukrainien en décembre 1995 à Ottawa. Il est financé par Tacis. Actuellement, une équipe intégrée de vingt personnes (dont trois EDF) est installée à Kiev et sur les sites, sur trois dossiers essentiellement ; le plan de financement, la négociation des contrats des acteurs de la phase de réalisation, la consultation du public lancée le 18 août 1998.
Relations industrielles dans le secteur électronucléaire
EDF apporte son assistance à Energoatom pour :
- la structuration du tissu industriel ukrainien dans le domaine de l’industrie nucléaire civile. L’objectif est de préparer les fournisseurs pour qu’ils puissent prendre une part active aux programmes d’achèvement et de modernisation,
- la mise en place de structures centralisées pour l’achat des équipements de centrales nucléaires en Ukraine.
Un séminaire sur la réorganisation du tissu industriel nucléaire ayant permis à 50 entreprises françaises et à 50 entreprises ukrainiennes de se rencontrer a eu lieu à Kiev en février 1997.
Mise en sûreté du sarcophage de Tchernobyl
EDF, avec ses partenaires américains Bechtel et Battelle, apporte son assistance depuis mai 1998 à Energoatom et à la centrale de Tchernobyl pour le pilotage du projet Shelter Implementation relatif au sarcophage de la tranche 4 accidentée. Une équipe de treize experts d’EDF est détachée sur site dans le cadre d’une équipe intégrée.
Deuxième volet : coopération dans le domaine de la modernisation des parcs thermique classique et hydraulique
Le parc thermique classique représente une part importante de la production en Ukraine. La modernisation et la transformation de ce parc pour lui permettre de mieux brûler le charbon national et de respecter l’environnement sont donc primordiales.
EDF, qui a développé et qui maîtrise les techniques de combustion propre du charbon (lits fluidisés circulants en particulier) coopère dans ce domaine avec le Minenergo.
- Centrale de Starobechevo – modernisation d’une tranche de 200 MW
EDF, à côté de CdFI, va superviser la phase de réalisation de ce projet de construction d’une chaudière LFC sur financement BERD. - Centrale de Lougansk
Réalisation sur financement EDF de l’ingénierie préliminaire pour la modernisation d’une tranche de 200 MW et la construction de deux chaudières LFC de 65,5 MW.
Le parc hydraulique fait l’objet de réhabilitation sur fonds de la Banque Mondiale. Elle prépare entre autres un projet de mise en service de trois groupes de 324 MW de la centrale de pompage du Dniestr. Compte tenu de l’expérience d’EDF dans le domaine des stations de pompage, le Minenergo a sollicité l’aide de la France.
EDF a réalisé, sur financement du gouvernement français complété par un financement propre, la finalisation des études de conception et a apporté une assistance technique à la préparation des appels d’offres relatifs à la phase de réalisation de ce projet. La Banque Mondiale vient de suspendre ce projet.
Troisième volet : coopération dans le domaine de la distribution et de l’efficacité énergétique
L’optimisation de la gestion des ressources et la recherche d’une meilleure efficacité énergétique sont un volet indispensable de toute politique énergétique. Les actions d’EDF dans ce domaine en coopération avec Minenergo ont été et sont les suivantes :
- réalisation d’une étude tarifaire dans le cadre d’un financement Tacis,
- expérimentation sur financement EDF avec Kievenergo de certaines propositions faites dans le cadre de l’étude tarifaire notamment dans le domaine du comptage,
- réalisation sur financement EDF d’une étude des pertes techniques sur le réseau de Kievenergo,
- assistance sur financement EDF aux cinq sociétés de distribution de la région de Lvov nouvellement créées dans le cadre de la réforme du secteur électrique (projet Banque Mondiale),
- projets pilotes d’économie d’énergie dans des petites et moyennes entreprises en liaison avec le distributeur d’énergie Kievenergo.
EDF s’intéresse de près au programme de privatisation des sociétés de distribution lancé par le gouvernement ukrainien en décembre 1997.
Un nouveau programme de privatisation est en cours d’élaboration afin de relancer un processus qui n’a pour l’instant pas attiré les grandes sociétés occidentales.
Quatrième volet : coopération dans le domaine de la formation
Quelle que soit la technologie développée, celle-ci est conçue et mise en œuvre par les hommes. Il est donc indispensable de concevoir un accompagnement en matière de formation pour leur permettre de développer connaissance, savoir-faire et comportement. Dans ce domaine, EDF met un accent particulier sur la formation de formateurs qui seront eux-mêmes capables de démultiplier leurs connaissances.
Formation dans le domaine nucléaire
- Formation en France pendant un an de 12 formateurs ukrainiens.
- Assistance à la mise en place et au fonctionnement du Centre d’ingénierie technique de formation du Minenergo.
- Assistance à la mise en place d’un système global de formation des exploitants (projet européen Tacis), en partenariat avec Tecnatom et Siemens.
- Création d’un centre de formation à la maintenance à Zaporojie (projet Tacis) avec les mêmes partenaires que ci-dessus.
Formation dans le domaine conventionnel
- À l’issue d’un audit du système de formation du Minenergo, formation en France pendant un an de 12 formateurs ukrainiens dans le domaine du dispatching, de l’exploitation des centrales thermiques et des réseaux de distribution (cofinancement EDF, Tacis, MAE).
- Formation des cadres dirigeants des 27 sociétés de distribution nouvellement créées dans le cadre de la réforme du secteur électrique (financement Tacis).
En conclusion
L’action d’EDF en Ukraine montre une volonté de travailler durablement en collaborant étroitement et en profondeur avec les acteurs ukrainiens. Cette collaboration se fait au travers de financement internationaux mais aussi sur fonds propres dans le cadre de programmes visant l’amélioration de la sûreté des centrales nucléaires des pays d’Europe centrale et orientale.
Cette implantation durable d’EDF dans ce pays pourra, le cas échéant, se matérialiser par l’acquisition d’une ou plusieurs sociétés de distribution d’électricité.