Inauguration du musée de l’X : MUS’X
Créer un musée est un projet complexe, où l’on doit adresser un message au visiteur. Ici, on lui propose le parcours : pourquoi et pour qui enseigner les sciences ? comment enseigner les sciences ? la science ou les sciences ? les sciences et la guerre, et pour finir : les sciences en société. Dans la salle d’exposition temporaire, c’est le bicentenaire de la mort de Gaspard Monge qui est célébré.
Nadine Salabert, vous avez dirigé le projet muséographique de mus’X. Qu’avait-il de particulier ?
Un musée, c’est toujours un projet complexe : ce ne sont pas seulement et d’abord des objets à exposer. C’est avant tout un message : que veut-on dire, et à qui, de l’histoire de l’École polytechnique, de l’histoire des sciences ou de la « Grande Histoire » au travers de ces collections ?
En fait, c’est un récit transversal qui est donné à voir, et qui mène le visiteur d’hier à aujourd’hui au travers d’une série de questions qui structurent le parcours : pourquoi et pour qui enseigner les sciences ? Comment enseigner les sciences ? La science ou les sciences ? Les sciences et la guerre, et pour finir : les sciences en société.
“Un parcours tout à fait exceptionnel dans l’histoire de l’École”
Ce sont donc des questionnements qui ont marqué le développement de l’École, depuis Gaspard Monge jusqu’à de grandes figures de scientifiques plus proches de nous comme Laurent Schwartz ou Louis Leprince-Ringuet, en passant par Gay-Lussac ou Freycinet pour ne citer que deux des plus grands contributeurs historiques aux collections patrimoniales de l’X.
Mus’X, c’est donc un parcours tout à fait exceptionnel dans l’histoire d’une école qui ambitionne dès l’origine d’enseigner la science (les sciences ?) en train de se faire, mais aussi dans un contexte marqué par les grands moments de l’histoire de France que sont la révolution industrielle et les multiples guerres qui ont jalonné cette histoire.
Comment une muséographe travaille-t-elle ?
Avant tout, pas seule ! Le travail du muséographe consiste essentiellement à mettre en sens et en œuvre un parcours de visite. Il s’applique aux contenus d’une exposition avant de s’appliquer à leur mise en scène.
Une fois posés les fondamentaux de ce parcours, il s’agit d’un travail d’équipe avec de multiples partenaires : le comité de pilotage présidé par Hubert Lévy-Lambert (53), président d’Amusix, que vos lecteurs connaissent bien, je crois ; le conseil scientifique, dirigé par Frédéric Brechenmacher, qui est professeur d’Histoire des Sciences à l’X ; et bien sûr le Centre de Ressources Historiques de l’X, dirigé par Marie-Christine Thooris, qui nous a apporté son plein soutien.
Et au sein d’Altermuseo, c’est aussi toute une équipe pluridisciplinaire qui travaille avec moi : architecte, scénographes, graphiste, éclairagiste… sans oublier bien entendu de nombreuses entreprises spécialisées dans ce genre de réalisation.
C’est donc un ensemble de compétences très complet qui est mis en œuvre sur ce projet, et qui lui donne l’assise professionnelle nécessaire pour aboutir à un véritable musée. Mus’X sera d’ailleurs le 22e musée dépendant du ministère des Armées, et non le moindre…
Que va-t-on découvrir à mus’X ?
Il y a d’abord l’espace d’exposition permanente, situé au rez-de-chaussée de la bibliothèque, et qui s’articule donc selon un parcours thématique : d’abord les collections relatives à la mesure et aux mathématiques, autour du thème : pour quoi et pour qui enseigner les sciences ? On passe ensuite au « comment enseigner les sciences ? », avec les collections d’électricité et magnétisme ; puis « la science ou les sciences », avec la thermique et la chimie.
On continue avec « Les sciences et les guerres », et l’hydrostatique. Enfin, le dernier espace ouvre sur les questionnements contemporains, avec les sciences en société et l’interdisciplinarité.
On retrouvera bien sûr des ensembles importants, comme la reconstitution du laboratoire de Gay-Lussac, sans oublier l’iconique microscope de Magny, qui est aussi l’emblème du musée.
Mais il y a aussi une salle d’exposition temporaire. Cette année, pour l’ouverture du musée, le calendrier fait bien les choses puisque nous célébrons en 2018 le bicentenaire de la mort de Gaspard Monge : on ne pouvait rêver plus à propos. C’est donc une exposition consacrée au plus illustre des pères fondateurs de l’École qui sera proposée au public.
DES COLLECTIONS PRESTIGIEUSES
Ces collections – en lien direct avec l’histoire de l’École polytechnique – offrent un témoignage unique de l’évolution des interactions entre sciences et sociétés et sont célèbres à une échelle mondiale dans le champ de l’histoire des sciences et des techniques.
Hubert Lévy-Lambert (extrait de la plaquette mus’X)
UN TRIPLE OBJECTIF
Le parcours de visite de l’exposition permanente du mus’X a été conçu avec trois objectifs : valoriser les collections historiques de l’École polytechnique, constituer un espace de médiation en lien avec la recherche contemporaine et diffuser la culture scientifique et technologique à destination d’un public large, notamment scolaire.
Frédéric Brechenmacher (extrait de la plaquette mus’X)
UN PROJET EN PRISE SUR L’ECOLE AUJOURD’HUI
Dès 2017, deux groupes d’élèves ont choisi de consacrer au mus’X leur projet scientifique collectif de deuxième année. L’un travaille à la conception d’une application informatique de réalité virtuelle permettant d’enrichir l’expérience des visiteurs en fonction de leur emplacement spatial, l’autre à la conception d’audiovisuels illustrant la diversité des enjeux de la recherche et de l’innovation contemporaines par une série de portraits de femmes et d’hommes menant des carrières scientifiques.
Frédéric Brechenmacher (extrait de la plaquette mus’X)
DES PARCOURS DIVERSIFIES
Au-delà du scénario principal, conçu pour une première visite et à destination d’un large public, certains dispositifs invitent à des parcours plus approfondis et diversifiés. Ils permettent notamment de consulter les collections documentant la vie de l’École à différentes époques : films documentaires réalisées par des élèves de 1945 à nos jours, argot de l’X, caricatures et chansons des séances des ombres, journaux d’élèves tels que Le petit crapal, archives audiovisuelles de cours tels que ceux de Laurent Schwartz ou Louis Leprince-Ringuet.
Frédéric Brechenmacher (extrait de la plaquette mus’X)