Innovation et développement dans les PME et les ETI
Une PME ne fait pas de « recherche » au sens universitaire, mais principalement du « développement », qui se traduit ensuite par une « innovation ». Cette innovation, de rupture ou incrémentale sur un produit existant, valorise ainsi le marché de cette entreprise ou rencontre un nouveau marché. Dans tous les cas, elle apporte un avantage concurrentiel important et très souvent le succès.
REPÈRES
Sur 13 000 entreprises qui mènent des travaux de R&D en France, 11 000 sont des petites et moyennes entreprises, ou PME (effectif inférieur à 250 personnes), pour un total de 4 milliards d’euros (chiffres 2010). En outre, 1 800 sont des entreprises de taille intermédiaire ou ETI (moins de 5 000 personnes), pour plus de six milliards d’euros. Les grandes entreprises, ou GE (plus de 5 000 personnes), bien que plus connues, ne jouent qu’un rôle limité.
Vers des intermédiaires
Bien que la mise en place des pôles de compétitivité et des instituts Carnot ait amorcé un mouvement positif de collaboration directe entre PME et laboratoires publics, force est de reconnaître que la grande majorité de ces entreprises se tournent, lorsque c’est nécessaire pour leurs développements techniques, vers des intermédiaires de type centres régionaux d’innovation et de transfert de technologie (CRITT) ou vers des centres techniques spécialisés, plus à même de répondre à une demande ciblée et ponctuelle.
Contribution à l’activité nationale économique globale | |||
Chiffres en % | PME | ETI | GE |
Nombre Emploi salarié Chiffre d’affaires Valeur ajoutée Investissements Exportation |
99,9 52,4 38,4 48,6 43,1 17,7 |
0,1 24,2 28,1 24,5 29,7 34,4 |
0,01 23,3 33,5 27,0 27,2 47,9 |
Source : loi de finances 2014, données de 2010. |
Contrairement à l’idée largement répandue en France, une bonne recherche (universitaire) n’est pas automatiquement source d’innovation. Tout résultat fondamental n’est pas automatiquement réutilisable.
La recherche et le développement dans les PME et ETI sont souvent d’ordre technique, mais aussi organisationnel, qu’il s’agisse de procédés, de marketing ou de vente.
Entre 2008 et 2010, 49 % des PME françaises ont innové au sens large du terme. La proportion augmente avec la taille : 43 % pour les moins de 20 salariés, 80 % entre 20 et 250.
Maîtriser la langue anglaise
Une intéressante comparaison entre les efforts d’innovation français et allemands montre que, paradoxalement, les PME françaises dépensent davantage en recherche et développement que leurs homologues allemandes. La proportion s’équilibre dans les ETI de petite taille pour devenir nettement plus importante dans les ETI allemandes de plus de 1 000 personnes.
Répondre à une demande ciblée et ponctuelle
La bonne tenue française ne se retranscrit malheureusement pas dans les résultats économiques. Tout simplement parce que les ETI allemandes, plus nombreuses et plus exportatrices, alimentent mieux les comptes nationaux.
Une analyse plus approfondie ferait apparaître de nombreux atouts comparatifs plus favorables pour nos voisins d’outre-Rhin, en termes de financements bancaires, de noyaux patrimoniaux et familiaux stables, de volonté d’exporter et d’une maîtrise générale, du haut en bas de la structure des PME et ETI, de la langue anglaise, gage d’une politique d’exportation réussie.
Les comparaisons entre modèles français et allemand démontrent clairement l’enjeu : malgré la bonne tenue de nos PME en termes d’innovation, il faut les faire croître pour les amener vers une structure d’ETI.
Intensité de R&D en fonction de la taille de l’entreprise (2007), comparaison entre la France et l’Allemagne |
Données 2006. Champ : industrie. Source : Eurostat. |
On pourrait résumer cet objectif par « innover pour croître » et ainsi amorcer le cercle vertueux : innovation – marchés – chiffres d’affaires – marge – résultat – réserves – fonds propres.
Bien entendu, il n’existe pas de remède miracle, mais on voit se dégager peu à peu quelques lignes de force. L’open innovation qui va permettre à la PME ou ETI de capitaliser sur une collaboration bilatérale ou multilatérale pour éviter de lourds investissements, hors de portée de sa capacité financière ; la mise à disposition de nouveaux outils (telles les imprimantes 3D qui risquent de bouleverser, à moyen terme, la notion de prototypage) ; la mise en place du brevet unitaire européen qui, si les frais de dépôt et de maintenance sont ceux annoncés, faibles par rapport à l’actuel brevet européen, permettra de mieux sécuriser l’innovation dans les PME et ETI.
Amener les PME vers une structure d’ETI
Enfin, les nombreuses aides financières ou autres (CIR, CICE, JEI, BPI, etc.) de l’État qui a vraiment pris acte de l’importance stratégique de ce tissu industriel et commercial.
Cette incursion rapide dans le monde des PME et ETI conforte leur importance économique et stratégique. Riches d’initiatives et de défis, elles offrent aux jeunes diplômés de belles perspectives de carrière dans un environnement à taille humaine.
Innovations réalisées au sein des entreprises | ||||||||||
% de salariés | Nombre de sociétés | % d’inno- vantes |
En % des sociétés innovantes au sens large | |||||||
Innov. produits | Innov. nouveaux produits | Innov. techno- logiques |
Innov. procédés | Innov. organi- sation |
Innov. mar- keting |
% CA innov. | ||||
Sur marché | Dans l’entreprise | |||||||||
Ensemble 10 à19 20 à 49 50 – 249 > 250 |
115 306 57 428 37 341 16 638 3 898 |
49 % 43 % 49 % 63 % 80 % |
38 % 31 % 37 % 48 % 65 % |
24 % 19 % 25 % 33 % 48 % |
14 % 12 % 15 % 15 % 17 % |
31 % 24,5 % 28,5 % 41 % 57 % |
40 % 37 % 38 % 45 % 61 % |
71 % 71 % 72 % 70 % 74 % |
48 % 48 % 47 % 50 % 74 % |
14 % 5 % 5 % 7 % 17 % |
Source : Community Innovation Survey, CIS 2010. Exploitation : André Letowski. |