Gérard de LIGNY (43)

Interrogations sur les innovations technologiques du XXIe siècle

Dossier : La France en 2050Magazine N°603 Mars 2005
Par Gérard de LIGNY (43)

Le xxe siècle a été très riche en tech­no­lo­gies nou­velles qui ont bou­le­ver­sé les modes de vie et la vision du monde dans la popu­la­tion des pri­vi­lé­giés, et qui ont éveillé, sans bou­le­ver­ser leur vie (hélas), la majo­ri­té des défa­vo­ri­sés : élec­tri­ci­té, télé­phone, tran­sis­tor, télé­vi­sion, auto­mo­bile, avion, éner­gie nucléaire, anti­bio­tiques, pilule, laser…

Toutes ces tech­no­lo­gies (sauf celles tou­chant à la san­té) se pro­fi­laient déjà à la fin du XIXe siècle.

Quelles sont celles qui se pro­filent au début du XXIe siècle ?

Une liste – très loin d’être exhaus­tive – en a été dres­sée dans le tableau de la page suivante.

À la lec­ture de cette liste nous nous deman­dons tout natu­rel­le­ment quelles sont celles qui vont amé­lio­rer les modes de vie des êtres humains qui en ont le plus besoin.

Il appa­raît d’a­bord qu’une grande part des efforts de pro­grès tech­no­lo­gique visent à sau­ve­gar­der – ou sécu­ri­ser – les modes de vie mena­cés de dégra­da­tion : pro­blèmes d’éner­gie, d’é­vo­lu­tion cli­ma­tique, d’ap­pro­vi­sion­ne­ment en eau, de recul des mala­dies, de pro­tec­tion de la nature… Toutes les popu­la­tions du monde sont concer­nées, mais les plus mena­cées (sauf pour l’eau et la san­té) sont celles qui se situent au plus haut niveau de prospérité.

Les pro­grès dépas­sant l’ob­jec­tif de conser­va­tion de l’ac­quis, et visant à faire fran­chir un nou­veau pas à l’exis­tence humaine, se situent dans les domaines de la bio­lo­gie de pointe, de la cog­ni­tique, de l’es­pace, des NTIC avan­cées… Ils concernent bien évi­dem­ment les popu­la­tions les plus évo­luées aujourd’­hui : celles-ci pour­raient dis­po­ser d’une vie plus longue et mieux rem­plie, avec des acti­vi­tés s’exer­çant sur un ter­ri­toire plus vaste, dotées de moyens plus puis­sants. Leur soif de nou­veau­té et d’in­ten­si­té vitale sera abon­dam­ment étan­chée. Mais les bas-côtés de leur route seront tou­jours aus­si larges et aus­si profonds.

Or on aurait pu croire que, ayant atteint un cer­tain niveau d’ai­sance et de sécu­ri­té, les béné­fi­ciaires des pro­grès appor­tés par le XXe siècle auraient don­né prio­ri­té à la dif­fu­sion de leurs avan­tages dans la com­mu­nau­té mon­diale, au nom de l’é­ga­li­té et de la fra­ter­ni­té qu’ils pro­clament. Mais leur réac­tion a été le « tou­jours plus » pour eux-mêmes et le « tou­jours plus vite » – et moins cher – pour leurs entre­prises. Les ingé­nieurs tech­no­logues ont tout natu­rel­le­ment pris la même direc­tion et ne se sont pas par­ti­cu­liè­re­ment mobi­li­sés sur les pro­blèmes spé­ci­fiques des plus dému­nis (à com­men­cer par la pré­ven­tion des catas­trophes naturelles).

Nous tou­chons là une constante du com­por­te­ment des hommes – héri­té du com­por­te­ment ani­mal – dont l’ef­fet est plus voyant qu’au cours des mil­lé­naires pas­sés, du fait même de la rapi­di­té du progrès.

En intro­dui­sant la phi­lo­so­phie de l’être dans sa réflexion « Pros­pec­tive et Tech­no­lo­gie », Thier­ry Gau­din a vrai­sem­bla­ble­ment pla­cé au bon niveau le pro­blème sur lequel nous butons.

Quelques avancées technologiques en gestation

► Dans les NTIC

  • Beau­coup de nou­veau­tés accrois­sant la vitesse, le sto­ckage, la recon­nais­sance des infor­ma­tions, et la simu­la­tion d’un cer­tain nombre d’o­pé­ra­tions du cer­veau humain.
  • Robo­tique intel­li­gente et moteurs de recherche interactifs.

► Dans la biologie

  • D’une part la pos­si­bi­li­té d’u­ti­li­ser la dyna­mique vitale comme sub­sti­tut aux moyens d’ac­tion phy­siques ou chi­miques avec une effi­ca­ci­té plus grande (exemple : enzymes catalyseurs).
  • D’autre part la capa­ci­té à remon­ter très amont dans les sources des mala­dies et des divers dys­fonc­tion­ne­ments du corps humain afin de déve­lop­per les thé­ra­peu­tiques géniques.

► Dans la physique-chimie

  • Exten­sion de l’u­ti­li­sa­tion des matières plas­tiques, (conduc­ti­bi­li­té).
  • Maté­riaux nou­veaux (plus légers et plus résis­tants que l’acier).
  • Sub­sti­tuts au pétrole, cap­ture des gaz à effet de serre.
  • Supra­con­duc­ti­vi­té exploi­table économiquement.
  • Décou­plage lumière-énergie.

► Dans les domaines de l’énergie et de l’eau

  • Contrac­tion et éva­cua­tion des déchets nucléaires.
  • Nou­velles sources d’éner­gie de fis­sion et éner­gie de fusion maîtrisée (?).
  • Sto­ckage de l’éner­gie solaire.
  • Solu­tions aux pro­blèmes de l’eau : cap­tage, des­sa­le­ment, recy­clage, trans­port à longue distance.

► Dans les processus d’études et de production

  • Nano­tech­no­lo­gies.
  • Usi­nage sans enlè­ve­ment de métal.
  • Assem­blage des nou­veaux matériaux.
  • Contrôles non des­truc­tifs, simu­la­tion avant expérimentation.

► Dans le domaine de l’espace

  • Tou­risme cosmonautique.
  • Explo­ra­tion hors du sys­tème solaire.
  • Éva­cua­tion de déchets nucléaires dans le Soleil.
  • Auto-navettes aériennes.

► Dans le domaine des capacités mentales

  • Capa­ci­té accrue d’ac­qui­si­tion des connais­sances (cog­ni­tique).
  • Réduc­tion des han­di­caps mentaux.

► Dans le domaine de l’écologie

  • Sau­ve­garde des équi­libres naturels.
  • Pré­vi­sion et pré­ven­tion des catas­trophes natu­relles et des dérives climatiques.

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