Introduction : Honneur aux polytechniciennes
« L’évolution de la société rend aujourd’hui souhaitable, écrivait il y a quelque quarante ans, Michel Debré, ministre d’État chargé de la Défense nationale, d’ouvrir aux femmes l’entrée à l’École polytechnique de telle sorte qu’elles puissent accéder aux plus hauts emplois scientifiques et techniques de l’État comme des entreprises. »
Et voilà donc quarante ans tout juste, ce mois-ci, que les premières polytechniciennes entraient à l’École, et de belle façon puisque l’une d’entre elles, Anne Chopinet-Duthilleul, était reçue major au concours d’entrée.
Cet anniversaire aura été célébré tout au long de l’année 2012. À l’honneur au Bal de l’X, vedettes de la récente Assemblée générale de notre Association, fêtées en province, par exemple à Marseille ou à Nice, les polytechniciennes organisent leur colloque d’anniversaire à Paris le 16 octobre prochain au palais de la Découverte et concluront l’année par un ouvrage historique.
On dénombre aujourd’hui près de deux mille polytechniciennes qui ont effectivement marqué de leur empreinte le monde professionnel, que ce soit au sein des grandes entreprises ou des organisations. Chaque promotion compte maintenant près de cent jeunes filles. C’est beaucoup, et c’est pourtant bien moins qu’une juste proportion.
Pourquoi sont-elles si peu ? Tout simplement, sans doute, parce que cette formation, qui conserve ses orientations militaires et masculines, les intéresse moins que d’autres. Elles préfèrent la diversité à l’efficacité. À l’arrivée sur le Campus, c’est bien une école masculine qu’elles découvrent, au point d’avoir décidé, il y a maintenant cinq ans, de créer un lieu de rencontre spécifique, un binet féminin, comme on dit en jargon polytechnicien. Dans la vie courante, c’est aussi un groupe spécifique qui les réunit, au-delà des simples accointances professionnelles ou géographiques. Baptisé « Les L de l’X », ce réseau met en avant les carrières au féminin, l’expérience professionnelle des femmes, et promeut les métiers scientifiques.
Dans la vie professionnelle, les chefs d’entreprises leur reconnaissent des qualités de pragmatisme, un regard pratique, une grande clarté d’expression.
De leur côté, elles mettent en avant le don de piloter à long terme, de motiver les collaborateurs et de savoir trancher.