Introuvables contradictions
Fin 2017, le facteur apporte un épais courrier à la rédaction. À l’heure du tout électronique, les lettres sont rares et un pli de onze pages dactylographiées retient évidemment notre attention. Un de nos fidèles lecteurs – de la promo 34 ! – s’étonne de ce que le ton du dossier consacré à la transition énergétique soit trop « politiquement correct » et regrette qu’aucun article n’ouvre un vrai débat sur la question du stockage de l’énergie. Il joint à sa lettre le texte d’une conférence qu’il a donnée sur le sujet quelques mois plus tôt. D’autres lecteurs nous enverront des courriels allant dans le même sens et le coordonnateur y répondra. La Jaune et la Rouge publiera ces échanges au début de 2018. Heureuse controverse qui enrichit notre revue, mais controverse trop rare.
Car, si les dossiers constituent un des points forts et remarquables de La Jaune et la Rouge, il est difficile de susciter au sein de leur contenu des tensions, voire une polémique, sources de débats ultérieurs.
“Les polytechniciens sont volontiers frondeurs et se gardent du conformisme ambiant”
Cette difficulté s’explique largement par le caractère bénévole de tous ceux qui apportent leur concours à l’élaboration des dossiers, coordonnateurs et auteurs. Ils sont sollicités parce qu’ils connaissent bien le domaine en question et qu’ils peuvent apporter des points de vue à la fois pertinents et originaux. C’est ce qui fait la qualité de nos dossiers et la revue leur doit une grande reconnaissance à ce titre. Mais, ces bénévoles sont soumis à des contraintes fortes, en particulier des contraintes d’espace et de délais, qui font que les développements traditionnels du type thèse-antithèse-synthèse les limitent souvent à des synthèses et que la recherche de points de vue antagonistes – toujours difficile – se révèle trop longue.
De tout temps, les polytechniciens ont été volontiers frondeurs et se sont gardés du conformisme ambiant, cela s’expliquant pour une large part par leur formation scientifique. Il est indispensable que notre revue soit à l’image de cette liberté d’esprit : alors je lance un appel à nos lecteurs – même ceux qui appartiennent aux promotions postérieures à 1934 – pour qu’ils n’hésitent pas à déposer, sur notre site, leurs commentaires et leurs observations qui seront source de débats utiles et vivifiants.