Investissement et Emploi : le débat nécessaire

Dossier : Emploi et temps de travailMagazine N°532 Février 1998
Par Jean-Luc GAFFARD

La per­sis­tance de niveaux éle­vés (et crois­sants) de chô­mage est deve­nue, à peu d’ex­cep­tions, une sorte de trait per­ma­nent des éco­no­mies euro­péennes, à la dif­fé­rence de ce qui se passe aux États-Unis, où le chô­mage est beau­coup plus faible et plus ou moins stable.

En France, en par­ti­cu­lier, le chô­mage est deve­nu mas­sif (Com­mis­sa­riat géné­ral du Plan 1997). Non seule­ment, en effet, le taux de chô­mage glo­bal dépasse les 12 % de la popu­la­tion active, mais de plus les taux de chô­mage par qua­li­fi­ca­tions ou par régions tendent à conver­ger au cours des années 90. Pour autant, le taux de chô­mage qui est com­pa­tible avec la sta­bi­li­té des prix est res­té vrai­sem­bla­ble­ment éle­vé, ce qui veut dire qu’une reprise de la crois­sance et un pre­mier recul du chô­mage pour­raient se tra­duire assez rapi­de­ment par des ten­sions sur les prix et les salaires.

La ques­tion cen­trale est, alors, de savoir si une telle situa­tion est l’ef­fet de blo­cages ins­ti­tu­tion­nels spé­ci­fiques ou bien celui d’une mau­vaise coor­di­na­tion de l’ac­ti­vi­té éco­no­mique ayant conduit à sacri­fier l’in­ves­tis­se­ment productif.

La pre­mière inter­pré­ta­tion pro­cède, le plus sou­vent, d’a­na­lyses qui recon­naissent dans le sous-emploi un état d’é­qui­libre cen­sé résul­ter de com­por­te­ments ration­nels d’op­ti­mi­sa­tion dans un envi­ron­ne­ment infor­ma­tion­nel et ins­ti­tu­tion­nel déter­mi­né, com­por­te­ments qu’il serait, donc, sou­hai­table d’in­flé­chir grâce à des réformes appropriées.

Cette inter­pré­ta­tion est cohé­rente avec la ten­ta­tion de vou­loir décou­pler la ques­tion de l’emploi des autres ques­tions éco­no­miques et notam­ment de celle de l’in­fla­tion et des prix. Sché­ma­ti­que­ment, l’in­dé­pen­dance de la Banque cen­trale serait cen­sée garan­tir la cré­di­bi­li­té de la poli­tique moné­taire et par là même assu­rer la stricte sta­bi­li­té des prix. Il res­te­rait à mettre en place des règles et ins­ti­tu­tions aus­si effi­caces pour garan­tir le retour au plein emploi sur le mar­ché du travail.

C’est dans cette pers­pec­tive que le chô­mage est pré­sen­té comme la pro­prié­té d’un état de l’é­co­no­mie, lequel est essen­tiel­le­ment déter­mi­né par des com­por­te­ments struc­tu­rés par ce qu’il est conve­nu d’ap­pe­ler des « fon­da­men­taux », à savoir la tech­no­lo­gie et les pré­fé­rences indi­vi­duelles, aux­quelles il faut ajou­ter la nature de l’in­for­ma­tion dont dis­posent les dif­fé­rents agents éco­no­miques sur leurs com­por­te­ments res­pec­tifs et sur les états du monde. On aura recon­nu ici les élé­ments d’un diag­nos­tic assez lar­ge­ment par­ta­gé par les experts des banques cen­trales, des admi­nis­tra­tions éco­no­miques et des grandes orga­ni­sa­tions inter­na­tio­nales, qui les conduit à mettre l’ac­cent sur la néces­si­té de réformes du mar­ché du travail.

Le diag­nos­tic en ques­tion res­sor­tit d’une ana­lyse éco­no­mique essen­tiel­le­ment sta­tique. Il pro­cède de l’i­dée que la situa­tion d’une éco­no­mie existe indé­pen­dam­ment de son his­toire. Or le chô­mage que l’on enre­gistre à tel ou tel moment du temps est bel et bien le résul­tat d’une his­toire et cette his­toire est struc­tu­rée par l’ac­cu­mu­la­tion du capi­tal pro­duc­tif. C’est pour­quoi, il est néces­saire, non seule­ment, de lever l’in­ter­dit qui pèse sur le débat sur le chô­mage (J.-P. Fitous­si, 1995), mais aus­si, d’en­ga­ger ce débat sur son vrai ter­rain qui est celui des rela­tions entre l’in­ves­tis­se­ment et l’emploi.

Le conformisme des causalités instantanées et uniques : des explications extra-économiques du chômage peu crédibles

Pri­vi­lé­gier une vision sta­tique impli­quant de négli­ger l’ordre dans lequel se sont dérou­lés les évé­ne­ments conduit inévi­ta­ble­ment à réduire le débat à des consi­dé­ra­tions sur la nature du pro­grès tech­nique, sur la nature des pré­fé­rences inter­tem­po­relles des consom­ma­teurs-sala­riés, sur la nature de l’in­for­ma­tion dont ils dis­posent et sur les inci­ta­tions qui com­mandent leurs déci­sions. Cela conduit à recher­cher des expli­ca­tions, par­fois alter­na­tives, du chô­mage qui sont, lar­ge­ment, exté­rieures au champ de l’é­co­no­mie, et entre les­quelles cha­cun choi­sit sur la base de consi­dé­ra­tions le plus sou­vent de nature idéo­lo­gique. Il n’est pas inin­té­res­sant de les pas­ser en revue.

Une pre­mière expli­ca­tion du chô­mage consiste à l’as­so­cier à la nature des nou­velles tech­no­lo­gies mises en œuvre. Une ana­lyse stan­dard en la matière consiste à rete­nir l’hy­po­thèse d’un pro­grès tech­nique impli­quant une éco­no­mie en tra­vail si forte qu’une dimi­nu­tion tem­po­raire du taux de salaire est néces­saire, faute de quoi le plein emploi ne peut être main­te­nu au cours de la tran­si­tion. Un tel pro­grès tech­nique consti­tue une curio­si­té plus qu’une réa­li­té tangible.

Dans ce débat à pro­pos des effets du pro­grès tech­nique sur l’emploi, Hicks (1973), après Ricar­do, est inter­ve­nu pour démon­trer que ce n’é­tait pas une nou­velle tech­no­lo­gie en elle-même qui pou­vait créer du chô­mage, mais les condi­tions dans les­quelles elle était mise en œuvre. Le prin­cipe de l’a­na­lyse est simple. L’in­tro­duc­tion d’une nou­velle tech­nique, sup­po­sée supé­rieure à l’an­cienne, requiert de construire une nou­velle capa­ci­té de pro­duc­tion avant de pou­voir l’u­ti­li­ser. La situa­tion est, alors, en géné­ral, la sui­vante : ou bien la quan­ti­té de tra­vail néces­saire pour construire une uni­té de capa­ci­té est plus grande pour la nou­velle tech­no­lo­gie que pour l’an­cienne, ou bien cer­taines com­pé­tences requises pour construire la nou­velle capa­ci­té manquent.

Dans ces condi­tions, et quelles que soient les pro­prié­tés de la nou­velle tech­no­lo­gie quand elle est ins­tal­lée (c’est-à-dire quelle que soit l’am­pleur de l’é­co­no­mie de tra­vail qu’elle per­met dans la pro­duc­tion de biens finals), l’in­ves­tis­se­ment en capa­ci­té dimi­nue rela­ti­ve­ment, et avec lui, ulté­rieu­re­ment, le pro­duit brut. La consé­quence de ce der­nier phé­no­mène est, au moment où la nou­velle capa­ci­té de pro­duc­tion arrive en phase d’u­ti­li­sa­tion, soit une chute de l’emploi si les salaires sont fixes, soit une chute de la pro­duc­ti­vi­té du tra­vail si l’emploi est fixe, et, en géné­ral, une chute de l’emploi et de la pro­duc­ti­vi­té quand les salaires sont par­tiel­le­ment flexibles. La chute de l’emploi est l’ex­pres­sion de ce que l’on appelle l’ef­fet-machine de Ricardo.

La chute de la pro­duc­ti­vi­té ren­voie à ce qui est dési­gné, à tort, comme un para­doxe au terme duquel la pro­duc­ti­vi­té baisse en dépit de la mise en œuvre d’une tech­no­lo­gie supé­rieure. Ces phé­no­mènes ne doivent rien aux pro­prié­tés des nou­velles tech­no­lo­gies et tiennent avant tout aux défauts de coor­di­na­tion de l’ac­ti­vi­té éco­no­mique et à leurs effets sur l’in­ves­tis­se­ment. En d’autres termes c’est l’in­suf­fi­sance de l’in­ves­tis­se­ment réel, elle-même cau­sée par l’exis­tence de contraintes de res­sources humaines ou finan­cières, qui est à l’o­ri­gine du chô­mage (Amen­do­la et Gaf­fard, 1998).

L’autre expli­ca­tion du chô­mage, aujourd’­hui la plus com­mu­né­ment admise, est celle qui se réfère aux condi­tions de fonc­tion­ne­ment des mar­chés de tra­vail telles que les déter­minent le niveau du salaire mini­mum, les coûts de licen­cie­ment, le taux de syn­di­ca­li­sa­tion, ou les indem­ni­tés de chô­mage. Face à un choc d’offre, ces carac­té­ris­tiques struc­tu­relles auraient eu pour consé­quence de main­te­nir à des niveaux exces­si­ve­ment éle­vés les taux de salaires, de pro­vo­quer la hausse de la part des salaires dans le reve­nu et la hausse du chômage.

Une telle expli­ca­tion contient une part de véri­té, mais elle se heurte au fait que le chô­mage a conti­nué d’aug­men­ter en dépit du fait que la part des salaires est reve­nue à son niveau ini­tial. Cela a conduit à pré­ci­ser l’a­na­lyse en pre­nant en consi­dé­ra­tion les consé­quences d’un pro­grès tech­nique biai­sé. Le chô­mage devient, alors, la tra­duc­tion de ce biais du pro­grès tech­nique qui aurait entraî­né un dépla­ce­ment de la demande de tra­vail au détri­ment du tra­vail non qua­li­fié dans un contexte ins­ti­tu­tion­nel de rela­tive rigi­di­té des bas salaires. Dès lors, si les bar­rières à la flexi­bi­li­té du tra­vail et des salaires étaient levées, ce chô­mage devrait être résor­bé. Cela passe par la varia­bi­li­té de la durée du tra­vail, par l’as­sou­plis­se­ment des pro­cé­dures contrac­tuelles, par l’a­bais­se­ment des charges sur les bas salaires, etc.

Or le chô­mage a conti­nué d’aug­men­ter en dépit d’é­vo­lu­tions ins­ti­tu­tion­nelles qui vont dans le sens d’une plus grande flexi­bi­li­té (flexi­bi­li­té des contrats, flexi­bi­li­té du temps de tra­vail), et qui, notam­ment, se sont tra­duites par une plus grande réac­ti­vi­té de l’emploi aux varia­tions de la pro­duc­tion et, par son corol­laire, une rela­tive stag­na­tion de la part des salaires dans le reve­nu en période de récession.

Par ailleurs, l’hy­po­thèse de dépla­ce­ment de demande de tra­vail n’ex­plique qu’une faible pro­por­tion de l’aug­men­ta­tion glo­bale du chô­mage en Europe au cours des deux der­nières décen­nies. Il n’y a pas de cor­ré­la­tion sys­té­ma­tique entre les salaires rela­tifs des non-qua­li­fiés dans les dif­fé­rents pays déve­lop­pés et leur taux de chô­mage. Enfin, la rigi­di­té des salaires nomi­naux et réels n’est pas l’a­pa­nage des éco­no­mies euro­péennes. Les États-Unis connaissent une situa­tion du même ordre. Cette rigi­di­té consti­tue, d’ailleurs, une garan­tie contre le risque d’en­chaî­ne­ments déflationnistes.

Une der­nière expli­ca­tion du chô­mage, il est vrai impli­cite celle-là, est celle qui, logi­que­ment, peut jus­ti­fier la pro­po­si­tion d’une réduc­tion de la durée du tra­vail. Elle consiste à avan­cer l’i­dée que l’im­pos­si­bi­li­té de satis­faire, par la négo­cia­tion, la pré­fé­rence accrue pour le temps libre conduit à un niveau d’emploi sous-opti­mal. Une baisse de la durée du tra­vail est, ici, consi­dé­rée, certes, comme un choc d’offre qui réduit la demande de tra­vail pour un niveau don­né du salaire réel, mais aus­si et sur­tout, comme la source d’un gain d’u­ti­li­té pour les sala­riés sus­cep­tible de les rendre moins exi­geants en matière de salaires. L’am­pleur du gain d’u­ti­li­té est, alors, cen­sée être telle que le résul­tat de cette baisse devrait être une hausse de l’emploi. Or il faut bien recon­naître que la chute du taux d’ac­ti­vi­té, par­ti­cu­liè­re­ment sen­sible en France, et la hausse signi­fi­ca­tive du tra­vail à temps par­tiel n’ont pas enrayé la pro­gres­sion du chômage.

De manière géné­rale, si une crois­sance forte avec plein emploi, dans un contexte de forts gains de pro­duc­ti­vi­té, a été com­pa­tible avec un niveau éle­vé de pro­tec­tion sociale et avec des rigi­di­tés sur les mar­chés de tra­vail, c’est bien que l’on peut asso­cier à n’im­porte quelle tech­no­lo­gie et à n’im­porte quel type d’ins­ti­tu­tions un régime de crois­sance régu­lière avec plein emploi des res­sources. Il faut, donc, recher­cher l’ex­pli­ca­tion de la mon­tée du chô­mage, non pas en se réfé­rant à des causes essen­tiel­le­ment non éco­no­miques, mais en exa­mi­nant l’en­chaî­ne­ment des dés­équi­libres qui prennent leur source dans des défauts de coordination.

L’enchaînement des déséquilibres ou l’histoire du soutien manqué de l’investissement

L’his­toire révèle à quel point des erreurs de diag­nos­tic, des erreurs de poli­tique éco­no­mique, et les contraintes qui s’en sont sui­vies au fil du temps expliquent la hausse qua­si inin­ter­rom­pue du chô­mage en Europe continentale.

C’est, en effet, dans la façon dont sont effec­tués les ajus­te­ments en che­min qu’il faut recher­cher l’ex­pli­ca­tion de ce qui arrive au pro­duit, à l’emploi et aux prix. Et c’est au regard de ces ajus­te­ments que doivent être éva­lués le rôle des règles et des ins­ti­tu­tions et la per­ti­nence de réformes condui­sant à une plus grande flui­di­té des mar­chés de tra­vail. Ain­si le ralen­tis­se­ment de la crois­sance est-il, non pas, sim­ple­ment, le fruit de struc­tures inadap­tées, mais le résul­tat d’une his­toire déjà longue qui débute avec les erreurs de poli­tique éco­no­mique com­mises à la suite de l’ef­fon­dre­ment du sys­tème de changes fixes à la fin des années 60, et du pre­mier choc pétrolier.

Le fait domi­nant de la période, insuf­fi­sam­ment sou­li­gné, est l’im­por­tance et la récur­rence des chocs d’offre depuis le pre­mier choc pétro­lier jus­qu’à l’u­ni­fi­ca­tion alle­mande. Ces chocs appellent des restruc­tu­ra­tions indus­trielles et, donc, la construc­tion de nou­velles capa­ci­tés de pro­duc­tion. En d’autres termes, ils requièrent de pri­vi­lé­gier l’in­ves­tis­se­ment au détri­ment de la consom­ma­tion finale. Si ce type d’ar­bi­trage n’est pas fait, alors les dés­équi­libres ne peuvent que s’ag­gra­ver. Et c’est ce qui s’est effec­ti­ve­ment pro­duit, d’a­bord après 1973, puis dans les années 90.

L’ar­bi­trage en ques­tion repose sur trois méca­nismes essen­tiels : la for­ma­tion des prix et des salaires ; le pré­lè­ve­ment sur l’ac­ti­vi­té pro­duc­tive, qui com­prend la consom­ma­tion à par­tir des pro­fits et sur­tout les consom­ma­tions socia­li­sées ; la poli­tique moné­taire. De manière géné­rale, une aug­men­ta­tion des salaires réels plus forte que celle de la pro­duc­ti­vi­té ne peut que péna­li­ser l’in­ves­tis­se­ment. Il en est de même d’une aug­men­ta­tion du pré­lè­ve­ment ou d’une res­tric­tion moné­taire. Mais, par exemple, face à un choc tech­no­lo­gique géné­ra­teur d’un effet-machine de Ricar­do, lequel suit géné­ra­le­ment n’im­porte quel choc d’offre, il est pos­sible de mon­trer qu’une dimi­nu­tion du pré­lè­ve­ment per­met d’é­li­mi­ner le chô­mage, alors même que les salaires réels aug­mentent (Amen­do­la et Gaf­fard, 1998).

Autre­ment dit, les méca­nismes concer­nés entre­tiennent entre eux des rela­tions com­plexes et peuvent don­ner lieu à de mul­tiples com­bi­nai­sons. D’un point de vue nor­ma­tif, ils doivent être com­bi­nés de manière à atteindre deux objec­tifs conjoints, mais néan­moins dis­tincts : réa­li­ser la restruc­tu­ra­tion indus­trielle requise ; main­te­nir la via­bi­li­té de l’é­co­no­mie, c’est-à-dire main­te­nir dans cer­taines limites les dés­équi­libres de mar­ché et, donc, le chô­mage. Dans les faits cette com­bi­nai­son n’a pas pu être réa­li­sée. Elle est, cepen­dant, tou­jours d’actualité.

Repre­nons cette his­toire à son début. À la suite du pre­mier choc pétro­lier, les contraintes d’offre, qui viennent de l’i­na­dap­ta­tion de l’ap­pa­reil de pro­duc­tion aux nou­velles condi­tions de l’en­vi­ron­ne­ment, deviennent plus fortes. Il en résulte une dimi­nu­tion du taux de crois­sance maxi­mum et, par suite, une dimi­nu­tion du taux de crois­sance com­pa­tible avec la sta­bi­li­té des prix. Il aurait fal­lu, alors, que le taux d’é­pargne aug­mente (i.e. que le taux de pré­lè­ve­ment dimi­nue) et avec lui le taux d’in­ves­tis­se­ment pour qu’une crois­sance plus forte soit, à terme, réta­blie dans un contexte de sta­bi­li­té des prix.

Les taux de salaires réels auraient pu, éga­le­ment à terme, aug­men­ter comme consé­quence de la réa­li­sa­tion du poten­tiel de gains de pro­duc­ti­vi­té asso­ciés aux nou­velles tech­no­lo­gies. Au lieu de cela, des poli­tiques key­né­siennes de sou­tien de la demande ont été de fac­to mises en œuvre. Il a été répon­du à un choc d’offre comme s’il s’a­gis­sait d’un choc de demande. Le taux d’in­ves­tis­se­ment a chu­té et avec lui les gains de pro­duc­ti­vi­té. La part des salaires dans le reve­nu a aug­men­té, témoi­gnant d’un arbi­trage en faveur de la consom­ma­tion. Le résul­tat, compte tenu de la per­ma­nence, voire du ren­for­ce­ment des contraintes d’offre, ne pou­vait être qu’une aggra­va­tion simul­ta­née de l’in­fla­tion et du chô­mage. C’est dans ce contexte que la prio­ri­té a dû être don­née, à la fin des années 70, à la lutte contre l’inflation.

Glo­ba­le­ment, les années 80 sont, alors, carac­té­ri­sées par la dés­in­fla­tion, par la baisse de la part des salaires dans le reve­nu et par une dimi­nu­tion du taux de pré­lè­ve­ment qui ont pour contre­par­tie d’a­bord une nou­velle aggra­va­tion du chô­mage, mais qui, ensuite (entre 1986 et 1990), finissent par per­mettre une aug­men­ta­tion, limi­tée mais réelle, du taux d’in­ves­tis­se­ment et une dimi­nu­tion du taux de chô­mage. La dés­in­fla­tion com­pé­ti­tive s’est tra­duite par une restruc­tu­ra­tion de la pro­duc­tion favo­rable à la crois­sance. L’en­chaî­ne­ment des dés­équi­libres s’est avé­ré ver­tueux, essen­tiel­le­ment, parce qu’il était favo­rable à l’ac­cu­mu­la­tion de capital.

Après 1990, les besoins d’in­ves­tis­se­ment ne sont pas moindres : il s’a­git de faire face aux consé­quences de l’u­ni­fi­ca­tion alle­mande, de l’ou­ver­ture accrue des mar­chés, de la déré­gle­men­ta­tion. De nou­veau, comme après le pre­mier choc pétro­lier, le taux de crois­sance maxi­mum dimi­nue et avec lui le taux de crois­sance com­pa­tible avec la sta­bi­li­té des prix. Il aurait fal­lu, alors, contra­rier ce mou­ve­ment en pri­vi­lé­giant l’investissement.

Pour main­te­nir le taux d’in­ves­tis­se­ment et réta­blir, à terme, une crois­sance plus forte avec sta­bi­li­té des prix, deux condi­tions auraient dû être rem­plies : dimi­nuer le taux de pré­lè­ve­ment et des­ser­rer la contrainte moné­taire. Or c’est exac­te­ment l’in­verse qui s’est pro­duit. La rigueur moné­taire a été conju­guée avec un laxisme bud­gé­taire, d’ailleurs, petit à petit, davan­tage subi que vou­lu. Le résul­tat ne pou­vait être qu’une chute du taux d’in­ves­tis­se­ment qui est allée de pair avec l’aug­men­ta­tion du taux de chômage.

En bref, l’ag­gra­va­tion du chô­mage dans les années 90 tra­duit la même erreur d’ap­pré­cia­tion que celle qui s’é­tait tra­duite par la stag­fla­tion dans les années 70 : en l’oc­cur­rence, l’er­reur qui consiste à mécon­naître la néces­si­té de sou­te­nir l’in­ves­tis­se­ment pour répondre aux besoins de la restruc­tu­ra­tion indus­trielle. La nou­veau­té vient de ce que tout l’a­jus­te­ment a, cette fois, por­té sur l’emploi, avec pour consé­quence qu’à l’in­suf­fi­sance de l’in­ves­tis­se­ment est venue s’a­jou­ter, pro­gres­si­ve­ment, une insuf­fi­sance de la consom­ma­tion. L’obs­tacle à une reprise de l’in­ves­tis­se­ment n’est plus, alors, l’in­suf­fi­sance du finan­ce­ment dis­po­nible, mais l’é­tat anti­ci­pé de la demande de consom­ma­tion. Et s’il arrive que les réformes struc­tu­relles tou­chant les mar­chés de tra­vail pro­voquent une baisse des reve­nus sala­riaux, toutes les condi­tions seront réunies pour que se mani­feste une insta­bi­li­té glo­bale entraî­nant l’é­co­no­mie vers tou­jours moins de crois­sance et plus de chômage.

L’une des dimen­sions essen­tielles de la ques­tion du chô­mage est d’ordre moné­taire. La hausse ten­dan­cielle des taux d’in­té­rêt réels sur une période rela­ti­ve­ment longue (plus d’une décen­nie) a conduit les entre­prises à se désen­det­ter : le poids des dettes est, en effet, deve­nu suf­fi­sam­ment mena­çant pour qu’une poli­tique de désen­det­te­ment devienne néces­saire et se tra­duise par une forte dimi­nu­tion des flux de finan­ce­ment en direc­tion de l’in­ves­tis­se­ment. En l’oc­cur­rence, c’est moins le coût du capi­tal (i.e. le prix) qui est en cause que la dis­po­ni­bi­li­té des moyens de financement.

Un inves­tis­se­ment à un moment don­né du temps est peu sen­sible au niveau du taux d’in­té­rêt dans la mesure où il s’ins­crit dans une chaîne d’in­ves­tis­se­ments suc­ces­sifs et com­plé­men­taires ; mais l’a­lour­dis­se­ment pro­gres­sif de la charge d’en­det­te­ment, du fait de taux d’in­té­rêt éle­vés, conduit à une réduc­tion des moyens de finan­ce­ment dédiés à l’in­ves­tis­se­ment net. La régres­sion de l’ac­ti­vi­té, qui s’en­suit, est à l’o­ri­gine d’une dimi­nu­tion des recettes fis­cales, d’une aug­men­ta­tion des dépenses publiques et sociales et de l’ag­gra­va­tion des défi­cits publics, par ailleurs déjà alour­dis par le poids du ser­vice de la dette. À leur tour les États cherchent alors à se désen­det­ter sous la pres­sion des créan­ciers, en même temps qu’ils main­tiennent une poli­tique moné­taire réso­lu­ment anti-infla­tion­niste. Ils contri­buent, ain­si, à affai­blir la demande de consommation.

La rigueur bud­gé­taire se conjugue avec la rigueur moné­taire et les condi­tions sont, alors, réunies pour que l’é­co­no­mie soit pié­gée dans un état de crois­sance faible et de chô­mage éle­vé. Cet état est, en outre, for­te­ment instable et peut dégé­né­rer en une véri­table défla­tion. La baisse récente des taux d’in­té­rêt réels, quoique impor­tante, ne suf­fit pas à ren­ver­ser la situa­tion et à garan­tir à elle seule une reprise de la croissance.

En résu­mé, c’est la façon dont les éco­no­mies se sont ajus­tées qui est res­pon­sable de la mon­tée du chô­mage et non les seules carac­té­ris­tiques struc­tu­relles des mar­chés de tra­vail. Les efforts consen­tis en faveur d’une plus grande flui­di­té de ces mar­chés n’ont en rien enta­mé la ten­dance à la hausse du chô­mage (CSERC, 1997). Ils ont sur­tout contri­bué à une flexi­bi­li­té des reve­nus des ménages, ce qui, en période de chô­mage, ne pou­vait qu’ag­gra­ver les ten­dances réces­sion­nistes. En revanche, le rôle que joue la pres­sion exer­cée par les créan­ciers montre qu’il est réel­le­ment impos­sible d’i­so­ler la ques­tion de l’emploi de celle de l’investissement.

À la recherche d’une politique économique cohérente

Si ce qui importe c’est l’en­chaî­ne­ment des dés­équi­libres étape après étape, alors les choix de poli­tique éco­no­mique sont à appré­cier en fonc­tion de la façon dont ils s’ins­crivent dans cet enchaî­ne­ment, en rai­son de leur place dans la séquence des évé­ne­ments, et non par réfé­rence à un hypo­thé­tique point d’ar­ri­vée que consti­tue­rait un régime régu­lier de crois­sance. Un véri­table poli­cy mix doit être conçu et mis en œuvre. Cela implique de jouer de manière appro­priée des dif­fé­rents ins­tru­ments dis­po­nibles, non pas en dédiant chaque ins­tru­ment à un objec­tif par­ti­cu­lier, mais en défi­nis­sant un usage de l’en­semble de ces ins­tru­ments cohé­rent avec les enjeux du moment.

L’é­ven­tua­li­té de pou­voir opé­rer des sauts d’un équi­libre à l’autre à la suite de chocs est dénuée de fon­de­ment. Le dérou­le­ment des évé­ne­ments, tel que nous l’a­vons déjà décrit, l’illustre bien. Il est, en par­ti­cu­lier, signi­fi­ca­tif de com­pa­rer la période qui suit le pre­mier choc pétro­lier et celle qui suit l’u­ni­fi­ca­tion alle­mande : elles pré­sentent des simi­li­tudes et des dif­fé­rences qui per­mettent de com­prendre qu’il n’y a pas de stra­té­gie de poli­tique éco­no­mique appli­cable indé­pen­dam­ment du moment et du lieu de son application.

Il est clair qu’a­près 1973 le main­tien des règles et des normes régis­sant les mar­chés de tra­vail ont, conjoin­te­ment avec les autres aspects de la poli­tique éco­no­mique, entraî­né la hausse de la part des salaires qui a por­té pré­ju­dice à l’in­ves­tis­se­ment et ceci dans un contexte de forte infla­tion. Un contrôle des ten­sions sur les prix et sur le pré­lè­ve­ment aurait, cepen­dant, pu évi­ter cette dérive loin de l’é­qui­libre, sans chan­ge­ment des règles de fonc­tion­ne­ment des mar­chés de tra­vail, à l’ex­cep­tion notable de la règle d’in­dexa­tion des salaires.

L’en­jeu d’un tel poli­cy mix aurait été de sta­bi­li­ser la part des salaires et, par là même, d’é­vi­ter des dis­tor­sions de la struc­ture de la capa­ci­té de pro­duc­tion (entre l’in­ves­tis­se­ment et la consom­ma­tion). Autre­ment dit, il aurait été sou­hai­table non de faire bais­ser les salaires réels, mais de les main­te­nir en phase avec la pro­duc­ti­vi­té du travail.

Après 1990, le pro­blème de poli­tique éco­no­mique semble se poser dans les mêmes termes. Cela est vrai dans la mesure où il s’a­git de répondre, de nou­veau, à un choc d’offre. Mais le contexte est dif­fé­rent. Les éco­no­mies sont dans un état de faible infla­tion et de chô­mage éle­vé, état qui, faut-il le noter, est un héri­tage des ajus­te­ments anté­rieurs, état qui com­mande une stra­té­gie de poli­tique éco­no­mique particulière.

Un état de faible infla­tion pré­sente des par­ti­cu­la­ri­tés. C’est un état dans lequel une ten­ta­tive de dimi­nuer plus encore le taux d’in­fla­tion se tra­duit par une forte aug­men­ta­tion du chô­mage. C’est, donc, aus­si un état dans lequel les salaires nomi­naux peuvent être et sont, géné­ra­le­ment, rigides à la baisse. Cette rigi­di­té est attes­tée par les études empi­riques et fait figure de norme sociale, y com­pris aux États- Unis, ce qui, d’ailleurs, rap­pelle oppor­tu­né­ment que la spé­ci­fi­ci­té du mar­ché du tra­vail dans ce pays réside moins dans la varia­bi­li­té des salaires nomi­naux que dans la mobi­li­té de la main-d’œuvre. Cepen­dant, ce qui dif­fé­ren­cie l’Eu­rope des États-Unis, c’est qu’en Europe, les niveaux éle­vés de taux de chô­mage sont allés de pair avec des niveaux éle­vés des taux d’u­ti­li­sa­tion de la capa­ci­té de pro­duc­tion, ce qui explique que le taux de chô­mage com­pa­tible avec la sta­bi­li­té des prix puisse se situer à un niveau éle­vé. Cette situa­tion témoigne avant tout, comme nous l’a­vons déjà dit, de l’in­suf­fi­sance chro­nique de l’in­ves­tis­se­ment pro­duc­tif. Plus long­temps l’in­ves­tis­se­ment, y com­pris, d’ailleurs, l’in­ves­tis­se­ment en stock, est péna­li­sé, plus le taux de chô­mage com­pa­tible avec la sta­bi­li­té des prix aug­mente. Des ten­sions infla­tion­nistes se mani­festent, alors, au moindre signe de reprise. Elles n’ont, cepen­dant, pas à être com­bat­tues sys­té­ma­ti­que­ment, car pro­cé­der ain­si conduit à entrer dans un cercle vicieux : l’in­suf­fi­sance de l’in­ves­tis­se­ment fait mon­ter le taux de chô­mage com­pa­tible avec la sta­bi­li­té des prix, ce qui entraîne, si l’on s’en tient à un strict objec­tif de sta­bi­li­té des prix, à péna­li­ser un peu plus l’investissement.

L’é­co­no­mie, que le dérou­le­ment des évé­ne­ments a pla­cée dans cette situa­tion, serait confron­tée au dilemme sui­vant : main­te­nir la rigueur moné­taire et accep­ter un chô­mage éle­vé dans l’at­tente que se concré­tisent les réformes de struc­ture des mar­chés de tra­vail, ou bien cou­rir le risque de ne pas maî­tri­ser une infla­tion prompte à redé­mar­rer qui péna­li­se­rait les chances d’un retour à une crois­sance forte. À l’é­vi­dence, il s’a­git d’un faux dilemme. Au niveau éle­vé de chô­mage qui a été atteint, l’in­fla­tion ne peut être que modé­rée. En outre et sur­tout, cette infla­tion sera d’au­tant mieux conte­nue, à terme, que la reprise de l’in­ves­tis­se­ment garan­ti­ra le béné­fice de gains de pro­duc­ti­vi­té. En revanche, le main­tien d’une rigueur moné­taire gui­dée par l’ob­jec­tif d’une infla­tion nulle ne peut qu’en­traî­ner une nou­velle aggra­va­tion du chô­mage et ce d’au­tant plus que, pro­gres­si­ve­ment, tous les méca­nismes de sta­bi­li­sa­tion ont été affaiblis.

La mise en œuvre de réformes struc­tu­relles des mar­chés de tra­vail ten­dant à en accroître la flexi­bi­li­té, dans un contexte macroé­co­no­mique aus­si défa­vo­rable, est, elle-même, un fac­teur d’ins­ta­bi­li­té. Dans le cas de la France, par exemple, cela s’est tra­duit, entre 1990 et 1996, par une aug­men­ta­tion sen­sible du tra­vail à temps par­tiel contraint, par une plus forte réac­ti­vi­té de l’emploi aux varia­tions de la pro­duc­tion et, fina­le­ment, par une baisse des reve­nus sala­riaux des ménages, qui ne pou­vait qu’en­traî­ner une hausse du chô­mage géné­ra­li­sée à toutes les caté­go­ries de sala­riés, quel que soit en par­ti­cu­lier leur niveau de qua­li­fi­ca­tion (CSERC 1997). Encou­ra­ger de telles réformes c’est igno­rer que la rigi­di­té des salaires à la baisse est une carac­té­ris­tique des mar­chés de tra­vail qui sta­bi­lise l’é­co­no­mie en rédui­sant les anti­ci­pa­tions défla­tion­nistes et en per­met­tant aux taux d’in­té­rêt réels de chuter.

Par ailleurs, la dimi­nu­tion du temps de tra­vail en tant qu’elle consti­tue un choc d’offre est aus­si un fac­teur défa­vo­rable. En effet, même si tout se passe bien, c’est-à-dire, si les inves­tis­se­ments de restruc­tu­ra­tion néces­saires peuvent être réa­li­sés par les entre­prises, une telle dimi­nu­tion don­ne­ra lieu à une chute tem­po­raire des gains de pro­duc­ti­vi­té (qui ne fait que tra­duire l’exis­tence de coûts d’a­jus­te­ment) sui­vie de leur aug­men­ta­tion per­mise par la mise en œuvre de tech­no­lo­gies plus effi­caces (i.e. garan­tis­sant une meilleure uti­li­sa­tion des équi­pe­ments). C’est cette aug­men­ta­tion qui ren­dra pos­sible une dimi­nu­tion du taux de chô­mage. Celle-ci n’a pas de lien direct avec la durée du tra­vail, mais ren­voie à l’in­ten­si­té de l’ac­ti­vi­té d’investissement.

Il faut, alors, se deman­der s’il est bien oppor­tun d’im­pul­ser un choc d’offre sup­plé­men­taire en impo­sant une dimi­nu­tion de la durée du tra­vail quand l’é­co­no­mie n’a pas été en mesure d’ab­sor­ber des chocs anté­rieurs du fait des contraintes qui ont sur­gi en che­min et de cer­tains choix de poli­tique éco­no­mique qui ont péna­li­sé l’in­ves­tis­se­ment productif.

En résu­mé, pour rompre avec un enchaî­ne­ment de dés­équi­libres qui a conduit à la mon­tée du chô­mage, il n’y a pas d’autre solu­tion que de ren­ver­ser le rap­port des forces, actuel­le­ment défa­vo­rable à l’in­ves­tis­se­ment, en conju­guant une poli­tique de rela­tive faci­li­té moné­taire pour sti­mu­ler l’in­ves­tis­se­ment, com­bi­née avec une poli­tique bud­gé­taire assez res­tric­tive pour pro­mou­voir l’é­pargne et une poli­tique fis­cale visant une redis­tri­bu­tion des charges, et notam­ment un abais­se­ment des charges sala­riales. Un tel poli­cy mix doit per­mettre de réduire for­te­ment le pou­voir des créan­ciers et de redon­ner du pou­voir aux entre­prises et aux salariés.

La réforme fis­cale doit per­mettre une hausse des salaires directs sans pour autant peser sur le coût du tra­vail, ce qui aurait l’a­van­tage de favo­ri­ser une cer­taine relance de la consom­ma­tion sans péna­li­ser l’in­ves­tis­se­ment. Un tel ensemble de mesures est cohé­rent avec la néces­si­té de pro­cé­der à une relance de l’in­ves­tis­se­ment préa­la­ble­ment à celle de la consom­ma­tion finale. Le fait que le chô­mage tra­duise, aujourd’­hui, une insuf­fi­sance de toutes les com­po­santes de la demande glo­bale ne doit pas, en effet, mas­quer que, faute d’a­voir réa­li­sé les inves­tis­se­ments requis, l’é­co­no­mie reste confron­tée à une situa­tion où le taux de crois­sance com­pa­tible avec la sta­bi­li­té des prix est faible.

La seule voie de sor­tie est celle qui pri­vi­lé­gie une relance de l’in­ves­tis­se­ment. Celle-ci pro­vo­que­ra, tran­si­toi­re­ment, des ten­sions infla­tion­nistes, avant de garan­tir la hausse du taux de crois­sance com­pa­tible avec la sta­bi­li­té des prix. Les mesures pour pro­mou­voir une flexi­bi­li­té accrue du mar­ché du tra­vail doivent, dans ce contexte, être regar­dées avec cir­cons­pec­tion : leurs effets sur la crois­sance sont au mieux négli­geables et sans doute néga­tifs. Il en est de même des mesures de réduc­tion de la durée du travail.

Dans ce contexte, si la construc­tion euro­péenne et le pas­sage à l’eu­ro devaient se tra­duire par une contrainte moné­taire ren­for­cée par des auto­ri­tés en quête d’as­seoir leur cré­di­bi­li­té et si, dans le même temps, la crois­sance devait se ralen­tir dans les autres par­ties du monde, alors il est à craindre que le chô­mage ne s’am­pli­fie encore, et avec lui la déstruc­tu­ra­tion du tis­su social.

Réfé­rences

  • Amen­do­la M., Gaf­fard J.-L., 1998, Out of Equi­li­brium, à paraître, Oxford, Oxford Cla­ren­don Press.
  • Com­mis­sa­riat géné­ral du Plan, 1997, Chô­mage : le cas fran­çais, rap­port au Pre­mier ministre rédi­gé par un groupe de tra­vail pré­si­dé par Hen­ri Guaino.
  • Conseil supé­rieur de l’emploi des reve­nus et des coûts, 1997, Inéga­li­tés d’emploi et de reve­nus, les années 90, Paris, La Docu­men­ta­tion Française.
  • Fitous­si J.-P., 1995, Le débat inter­dit, Paris, Arlea.
  • Hicks J.R., 1973, Capi­tal and Time, Oxford, Cla­ren­don Press.

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