Islam et Science
Entre 800 et 1250, la civilisation musulmane a grandement contribué à la science en Occident et en Orient. Pour quelles raisons des courants de pensée au sein de l’islam s’opposent-ils aujourd’hui à la science contemporaine ?
Alexandre Moatti répond à cette question en consacrant un chapitre à cinq auteurs critiques de la science occidentale : Tariq Ramadan, figure médiatique dans le monde francophone, Sayyid Qutb, principal rédacteur du corpus doctrinal des Frères musulmans, René Guénon, philosophe français converti à l’islam, Hossein Nasr, introducteur de l’idée de science islamique et Ziauddin Sardar, porteur d’un discours postmoderne et relativiste.
Trois autres chapitres abordent les discours radicaux diffusés sur Internet : caractère scientifique miraculeux du Coran, créationnisme, révisionnisme historique et théorie du complot.
Des éléments communs circulent chez ces mouvements ou penseurs islamiques. Ils considèrent la science comme un chemin vers la religion, ou vice-versa ; la science s’inscrit dans le Coran, elle prend en considération l’existence d’un principe créateur, elle sert à appuyer des prédictions religieuses.
Ces postulats sont complétés par des imbrications spécifiques à l’islam, entre la science, la religion, la morale, la politique, les sciences coraniques (ou islamiques) et la science occidentale.
Ces critiques de la science diffèrent de celles émises en Occident du fait qu’elles sont avancées au nom de la religion. Au-delà du détournement de la pensée occidentale, elles dénotent une attitude opposée à l’autonomie et à l’universalité de la science, qui éloigne le public de l’effort nécessaire pour la comprendre et diminue la capacité de doute et de raisonnement indispensable à sa pratique.