Israël : l’attrait de la high-tech
Le Dôme du Rocher, Jérusalem © AMBASSADE D’ISRAËL
En janvier 1998, je prenais la présidence du groupe Générale Électronique Mesure SA que je dirigeais depuis un an. Ce Groupe créé fin 1994 s’était donné comme mission d’offrir une alternative dans le domaine de l’instrumentation de test et de mesure électrique et électronique. Il s’est constitué par acquisitions successives de PME européennes et américaines et regroupe actuellement les sociétés suivantes :
- SEFRAM Instruments et Systèmes SA, basée à Saint-Étienne (ex-division Instruments et Mesures de Schlumberger), spécialisée dans le domaine des enregistreurs oscillographiques, des mesureurs de champs et des générateurs d’impulsions et de fonctions.
- ELDITEST Electronics GmbH, basée à Magdeburg (RFA) et fabriquant des sondes oscilloscopiques.
- Müller & Weigert (ex-ITT Instruments) produisant à Nuremberg (RFA) des appareils de tableaux.
- METRIX Electronics Plc, basée à Watford (GB) commercialisant des produits d’instrumentation générale.
- BOONTON Electronics Corp. fabriquant à Parsippany NJ (USA) des mesureurs de puissance de crête, des wattmètres, des voltmètres, des capacimètres pour les applications hautes fréquences.
- B & K Precision Corp. basée à Placentia CA (USA), spécialisée dans le domaine des oscilloscopes, des générateurs de fonction, alimentations, analyseurs de spectres et multimètres.
Le Groupe dispose de ses propres centres de recherche à Saint-Étienne, Nuremberg, Magdeburg et Parsippany. À cette liste s’ajoute la société israélienne OR‑X dans laquelle Générale Électronique Mesure a pris une participation majoritaire en janvier 1998.
Cette société a démarré en 1984 comme prestataire de services de recherche en instrumentation de mesure pour le compte de multinationales telles que Tektronix, Grundig ou Rohde und Schwarz. Au fil des ans, elle a développé un savoir-faire unique dans le domaine des générateurs d’impulsions, des générateurs de forme arbitraire, des générateurs de fonctions synthétisées.
Forte de ses succès en recherche, OR‑X s’est mise à produire et commercialiser ses propres produits. Le marché israélien étant limité, la société se devait de vendre en Europe. Ce qu’elle a fait en essayant de développer sa marque. Or dans ce domaine comme dans d’autres, les investissements en marketing pour se faire un nom sont très lourds. De plus pour vendre ces produits spécialisés, il est nécessaire d’offrir une gamme plus large afin d’intéresser des réseaux de distribution.
La baisse des programmes de recherche des grands groupes dans les années 1990, les charges induites par la construction d’une unité de fabrication sans que l’effet de volume soit au rendez-vous ont fortement grevé le résultat auparavant brillant de OR‑X. Ceci a conduit les actionnaires à changer de stratégie et à rechercher une alliance avec un groupe susceptible d’apporter des marques bien implantées localement ainsi qu’une offre plus large de produits d’instrumentation générale.
En disposant de marques aux États-Unis et en Europe, dont la durée d’existence est toujours supérieure à cinquante ans, et en offrant des produits complémentaires d’OR‑X, le groupe Générale Électronique Mesure répondait aux souhaits des actionnaires de la société israélienne. Inversement les générateurs fabriqués par le groupe tant par B & K Precision Corp. dans le New Jersey que SEFRAM en France n’étaient plus au goût du jour, les recherches dans ce domaine ayant été arrêtées depuis plusieurs années. OR‑X apportait ainsi au groupe la possibilité de transférer de la technologie vers les États-Unis et la France.
Les négociations démarrées en janvier 1997 furent assez mouvementées, chaque partie souhaitant bien évidemment obtenir le contrôle majoritaire. Ce qui finalement enclencha l’accord entre les deux parties fut en novembre dernier l’appel d’offres que remporta notre filiale anglaise pour la livraison de plus de 7 MF de générateurs d’impulsions à l’armée britannique. Un protocole d’accord était alors signé pour le contrôle d’OR‑X à hauteur de 51 %.
L’acquisition d’OR‑X est assez révélatrice de l’intérêt que peut présenter la coopération avec une société israélienne. D’un côté des sociétés établies depuis longtemps sur les principaux marchés de la planète (Europe, États-Unis) et avides de nouveautés technologiques, de l’autre une société de high-tech avec un niveau de recherche de pointe, mais qui souffre de son isolement géographique. Ajoutons que l’intérêt de ce lien est renforcé dans le cas des États-Unis par la présence d’accords bipartites offrant des avantages fiscaux aux sociétés américaines pour sous-traiter une partie de leur recherche en Israël.